Interview du réalisateur Guillaume Tauveron
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Interview du réalisateur Guillaume Tauveron (Juin 2010)
Comment est né le projet THE BLOOD ?
A la base j’avais été contacté par une association sur Marseille qui cherchait 11 réalisateurs
pour faire 11 courts-métrages chacun sur une minorité ethnique et montrer la pluriethnicité
de Marseille. Et on m’avait attribué un personnage d’origine vietnamienne. J’avais donc écrit une histoire avec des personnages uniquement vietnamiens, que je voulais tourner dans
la langue et que je voulais comme un hommage aux films noirs asiatiques. Mais comme ce
projet collectif n’a finalement pas vu le jour, et que n’avais pas envie d’abandonner cette
histoire que j’aimais, c’est tout logiquement que j’ai eu l’idée de l’adapter à un cadre japonais
et d’aller le tourner au Japon. J’ai aussi développé l’histoire qui n’était prévu que pour durer 7
minutes à la base, et c’est comme ça que le projet est devenu ce qu’il est aujourd’hui.
Pourquoi le Japon ?
Cela fait déjà près de 10 ans que je suis orienté sur le Japon, que j’ai découvert initialement
via les mangas, mais surtout par les films japonais, avec notamment ceux d’Akira Kurosawa
et de Takeshi Kitano qui m’ont particulièrement marqué. Je me suis mis à apprendre le
japonais il y a environ huit ans alors que je n’avais encore jamais tenu de caméra, dans l’idée
de pouvoir un jour tourner au Japon, donc ce n’est pas une idée qui date d’hier. Et puis
dans cette histoire je voulais un personnage très renfermé, qui montre peu ses émotions, et
pour moi les japonais sont ceux qui ont le plus cette retenue d’émotions, en extérieur bien évidemment. Et enfin je voulais que la ville dans laquelle on va tourner, soit un véritable
personnage. Que son atmosphère et son ambiance soit au centre du film. Et loin de la foule,
de la lumière et du bruit des quartiers branchés de Tôkyô que l’on voit souvent dans les films,
ce sont surtout ses longues rues étroites et souvent dépeuplées la nuit qui m’intéressent. Il y a
quelque chose d’un peu angoissant dans cet aspect rectiligne et bien rangé.
Tu as tourné combien de fois au Japon ?
Jusqu’ici j’ai réalisé deux clips à Tôkyô et dans ses environs pour des groupes français :
Come Down de Gadwin (2009), et Accident de Bad-in (2010), mais j’ai surtout co-réalisé un
long-métrage indépendant, SAKURA NO KAGE (L’ombre du cerisier), avec le réalisateur
Hiroshi Toda en 2006, et dont je tenais le rôle principal. J’ai aussi joué dans deux autre
de ses longs métrages East Planet (2009) et Phantom of the town (2010), et cet été je vais
jouer dans son nouveau long-métrage dont il m’a demandé d’écrire le scénario. Donc toutes
ces expériences m’ont d’autant plus habitué à travailler avec des acteurs japonais. J’aime
leurs expressions passant souvent d’un tout au rien (sans cabotinage), leur simplicité et leur
humilité.
Pourquoi est-ce un projet difficile à monter ?
Parce que j’ai décidé de faire ce film au Japon et tout est plus compliqué. Déjà comme on
tourne au Japon, avec un casting purement japonais, et en langue japonaise, on ne peut pas
prétendre aux aides françaises puisqu’à part le producteur et le réalisateur qui sont français,
tout le reste est made in Japan. Donc pas d’aides financières côté français, et côté japonais
le marché du court n’est pas du tout développé comme en France, et après avoir contacté
plusieurs structures je me suis rendu-compte qu’ils n’étaient pas intéressés pour aider un
court. Et ensuite, tourner au Japon implique immédiatement beaucoup plus de frais à tous
les niveaux. Et enfin comme la plupart des scènes se déroulent de nuit et en extérieur ça ne
facilitera pas la tâche (matériel, autorisations…). J’aurais peut-être du tourner un thriller
psychologico-intellectuel autour d’une fromagerie dans le cantal, cela aurait certainement été plus simple, mais une partie de l’intérêt de ce projet vient justement de la difficulté de
sa faisabilité. J’ai envisagé à un moment de tourner avec des acteurs japonais en France
dans des intérieurs suffisamment neutres pour qu’on ne puisse pas les situer dans un pays
en particulier, et j’aurais filmé quelques extérieurs au Japon et on aurait monté le tout. Mais
vraiment je veux filmer les ambiances japonaises, et de voir les personnages y évoluer. Et
je pense que c’est aussi pour ça que déjà un certain nombre de personnes soutiennent ce
projet et y ont contribué. Parce qu’ils ont envie de voir un film qui se passe dans un quotidien
totalement différent du leur.
THE BLOOD fait penser à un titre de film d’horreur, est-ce ta première incursion dans
ce domaine ?
The Blood n’est pas un film d’horreur, ni même un film gore. Comme Survival, mon
précédent court-métrage qui n’avait rien à voir avec le genre du survival, mais qui était à
propos d’un boxeur luttant contre un cancer, le titre The Blood est à interpréter au-delà de
ses apparences. Car il traite principalement de ce qui est intrinsèque au sang qui coule dans
nos veines : haine, jalousie, colère, trahison, folie… Après le film comporte quelques scènes
de « violence » mais je n’aime pas le gore. Je recherche plutôt une violence à la Takeshi
Kitano dans « Hana-bi », choc, brûtale et rapide, sans effets superflus. Et même si le film est
teinté de fantastique et qu’il y a un clin d’œil aux films de fantômes comme Ring, pour moi
on est principalement dans un drame, un film noir.
Après le court-métrage, tu comptes faire une version longue du film ?
Non. The Blood restera en format court. Par contre l’un des buts de ce film, est d’ouvrir le
champ sur un long-métrage au Japon. Ce sera une histoire complètement différente mais
dont l’action principale se passera au Japon. Par contre pour ce projet de long-métrage,
le personnage principal sera français, une bonne partie des dialogues seraient en français
et certaines scènes tournées en France. The Blood doit permettre d’ouvrir un réseau de
connaissances et de contacts avec le Japon et aussi de montrer ce que je peux faire dans un
pays étranger, et que j’ai les épaules nécessaires, même pour un premier long, pour réaliser un
film à caractère international et avec un tournage sur deux pays.
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