Fred et Mick, deux vieux amis approchant les quatre-vingts ans, profitent de leurs vacances dans un bel hôtel au pied des Alpes. Fred, compositeur et chef d’orchestre désormais à la retraite, n’a aucune intention de revenir à la carrière musicale qu’il a abandonnée depuis longtemps, tandis que Mick, réalisateur, travaille toujours, s’empressant de terminer le scénario de son dernier film. Les deux amis savent que le temps leur est compté et décident de faire face à leur avenir ensemble.
Mais contrairement à eux, personne ne semble se soucier du temps qui passe…
Film présenté en Compétition au 68ème Festival de Cannes
Avis de Fabien (chronique cannoise)
Après La Grande Bellaza, observation acide et désenchantée de la vie mondaine à Rome à travers le portrait d’un écrivain vieillissant couronné par l’Oscar du meilleur film étranger, Paolo Sorrentino prend comme figures centrales, de son nouveau film Youth, deux artistes bientôt octogénaires en vacances dans un hôte de luxe au pied des Alpes. Fred (Michael Caine) est un compositeur et chef d’orchestre à la retraite, mélancolique plongé dans ses souvenirs de complicité artistique avec sa femme, Mick un réalisateur en fin de carrière attelé à l’écriture de son dernier film envisagé comme son « testament ».
Moins exhubérant sur le plan plastique qu’à l’accoutumée, le nouveau Sorrentino n’en est pas moins séduisant et touchant, peut-être un de ses plus beaux, un film sur le temps qui passe, mélancolique et optimiste, avec de vrais moments de grâce (le concerto imaginaire joué en pleine nature par Fred) et d’émotion (une déclaration, un regard ou un geste inattendu). En se concentrant sur une unité de lieu et une poignée de personnages, le récit prend le temps de sonder la psyché de ce beau duo d’amis, interprété avec une classe naturelle et une sobriété de jeu remarquable par Michael Caine et Harvey Keitel, les rendant ainsi attachants. Le brio esthétique de Sorrentino dans la composition des plans est toujours à l’oeuvre, dans la peinture amusée et sensible du microcosme de cet hôtel dédié au bien-être et à la beauté; cette virtuosité technique, ressentie comme trop tape-à-l’oeil par le passé, se met au service, avec une harmonie inespérée, de cette belle chronique intimiste centrée sur deux vieux amis à un tournant de leur vie, celui où la vieillesse s’accompagne d’une remise en cause existentielle, où se fait jour la nécessité de profiter du temps qui reste et d’apprécier la beauté au quotidien. Et faire confiance à ses émotions car comme le dit le personnage d’Harvey Keitel »les émotions c’est tout ce qu’on a ».