Trois jeunes gens, deux filles et un garçon, partent randonner dans le désert australien. Aux abords de Wolf Creek, un cratère causé par la chute d’une météorite des milliers d’année auparavant, leur voiture tombe en panne. Après quelques heures d’attente ils sont secourus par un routier qui leur propose de réparer chez lui la pièce défectueuse. Ils se croient sauvés. Le vrai cauchemar commence.
L’avis de Fabien
Si le résumé de Wolf Creek ne le distingue à priori pas d’un slasher classique son traitement réaliste en fait un objet horrifique singulier.
Filmé en dv par un réalisateur australien fasciné par l’intrusion du Dogme dans le cinéma européen, le film présente une longue exposition de 45 mn : entre fête arrosée, confidences intimes autour d’un feu de camp, randonnée à l’ambiance fantasmagorique dans un cratère dans le désert australien, Greg Mc Lean prend le temps de doter ses trois héros d’une certaine épaisseur psychologique et d’un capital sympathie nécessaire pour l’identification avec le spectateur avant de les plonger dans l’horreur rustique à mi-chemin entre Délivrance et La colline a des yeux. Tombés en panne d’essence ils vont être secourus par un routier sympathique style Crocodile Dundee qui va, au cours d’une bonne scène de discussion décontractée au coin du feu virant progressivement aigre, révéler son vrai visage : la dégénérescence assoiffée de meurtre.
La tension est maintenue jusqu’au bout par un souci de réalisme, cautionné par l’habile mention liminaire « inspiré de faits réel » : caméra portée, lumière naturelle, réelle densité des décors, des ambiances. La plongée dans l’horreur n’en est que plus effrayante. Et ce cauchemar Greg Mc Lean n’en montre que partiellement ou bien en prenant de la distance les évènements sanglants ; loin d’une violence gore inhérente au slasher se délectant des mutilations et déchirures sanglantes (Massacre à la tronçonneuse, Hostel) il fait ressentir telle atrocité plus qu’il ne montre grâce à un montage cut jouant sur les effets sonores, choisit de montrer telle action du point de vue d’un personnage ou bien cadre en plan large tel meurtre.
Greg Mc Lean a bien assimilé les codes du film de terreur pour proposer un récit horrifique ancré dans une réalité douloureuse (sur les 30 000 personnes qui disparaissent chaque année en Australie seuls 10°/° sont retrouvés) via une caméra dv révélant la puissance dramatique du désert et doté d’un rythme singulier fait de respiration et de fulgurance.