Incapables d’accepter la perte de leur fils dans le Tsunami de 2005, Jeanne et Paul sont restés vivre en Thaïlande. S’accrochant désespérément au fait que son corps n’a pas été retrouvé, Jeanne s’est persuadée que son enfant a été kidnappé, dans le chaos qui suivit la catastrophe… qu’il est encore vivant. Paul est sceptique, mais ne peut pas briser le dernier espoir de sa femme. Le couple va alors embarquer dans une quête qui les plongera au fin fond de la jungle tropicale, au sein d’un royaume surnaturel où les morts ne sont jamais vraiment morts…
L’avis de Fabien
Le second long métrage du belge Fabrice du Welz emprunte à divers genres, le drame familial, le fantastique, l’horreur pour un résultat singulier, une descente aux enfers hynotique et déstabilisante d’un couple pour retrouver leur enfant disparu pendant le tsunami.
C’est un film ivre d’amour (à la recherche d’un être cher), ivre de références parfois écrasantes (Délivrance, La fôret d’Emeraude et surtout Apocalypse now) et ivre d’effets sonores destinés à déstabiliser le spectateur qui se révèlent in fine plus irritants dans leur accumulation sans modération que désorientants (tendance Gaspard Noé dans Irréversible).
Après une mise en route liée au périple pour traverser la frontière birmane qui n’évite pas une certaine torpeur, Vinyan, l’âme errante qui tourmente les vivants, mène ses personnages au rythme d’une embarcation très conradienne vers un paysage dévasté où il fait entrer des vivants dans le monde des morts.
Du Welz révèle d’indéniables qualités de filmeur dans la dernière partie du film quand cette réaliste odyssée désespérée menée par l’intense Emmanuelle Béart et le magnétique Rufus Sewell bascule dans le fantastique et l’horreur avec ce décor incroyable de jungle mystérieuse peuplé d’enfants perdus.
Le danger et le trouble envahissent l’écran et l’image superbe dûe à Benoît Debie où le désarroi et la souffrance d’une mère contaminent un paysage concret qui prend des accents surnaturels et inquiétants (brume, silhouettes fantômatiques).
Le plan final, troublant, touche au sublime, une communion dans un jardin édénique.
Test DVD
Au niveau de l’image nous avons une belle copie qui rend justice à la riche palette colorimétrique du film, des rouges ultra poussés puis des tons monochromes et qui fourmille de détails. La piste sonore DTS a une belle envergure.
Via des menus soignés, le DVD propose des bonus très intéressants dont un long making-of de 52’qui témoigne sans langue de bois de l’aventure du tournage.
Baigné de mysticisme, le tournage de Vinyan avance, mené par l’énergie inépuisable de son metteur en scène, Fabrice du Welz, pour qui « faire un film n’a pas de prix », au gré de problèmes de logistique pour tourner dans les rues grouillantes de Bangkock, des intempéries lors des prises de vue dans la jungle, des maladies des techniciens qui n’entament pas la solidarité de l’équipe…
Malgré les difficiles conditions de prise de vue l’équipe regarde dans la même direction : un réalisateur exigeant qui ne lâche rien, un directeur de la photo prêt à toutes les acrobaties pour ramener LE plan, une actrice Emmanuelle Béart vraiment investie dans son rôle au point de refaire malgré une double otite plusieurs prises d’une course épuisante dans la forêt, une équipe thaïlandaise débrouillarde et réactive s’unissent pour mettre en images une quête initiatique aux accents fantastiques déroutante et captivante.
Puis le disque propose un entretien croisé (20’) entre le réalisateur et le directeur de la photo Benoît Debie.
Ce module instructif met en avant leur méthode de travail où chacun s’autorise une grande liberté d’essayer des choses et de tester.
Complices, les deux hommes évoquent la photographie du film tourné en 35 mm pour sa vaste palette colorimétrique, leur volonté d’avoir du grain et des « images qui bavent ». Des images très vives laissent place à une désaturation dans une recherche d’extrêmes au niveau de l’exposition. I
ls louent la disponibilité et l’ingéniosité des thaïlandais pour relever des défis techniques malgré des conditions difficiles de tournage qui rendent le plan de travail difficile à tenir.
Enfin Fabrice du Welz avoue sa passion pour le travail de Werner Herzog et sa quête de l’impossible qui l’a motivé à se livrer à une expérimentation cinématographique dans la jungle en mélangeant les genres. Vinyan fut pour lui un parcours initiatique, expérience de vie et de cinéma étant étroitement liés.
De belles galeries de photos et de dessins inédits viennent compléter les bonus de cette édition Wild Side très réussie.