1944. Tandis que les Alliés déferlent sur la France occupée, quatre soldats américains indisciplinés et un officier mis aux arrêts pour avoir refusé d’exécuter un ordre échappent à la police militaire.
Par erreur, les cinq hommes tuent les membres d’un commando américain déguisés en Allemands. Ayant établi le contact avec des maquisards, ils prennent l’identité de leurs victimes et, en échange de leur liberté, acceptent de remplir la mission du commando. Soit empêcher qu’un train, chargé d’une arme secrète en route pour le front, n’arrive à destination…
L’avis d’Alex :
La sortie vidéo d’Inglourious Basterds est une bonne occasion de (re)découvrir le film qui a inspiré Tarantino (tout du moins pour son titre et sa bande de soldats durs à cuire menés par Brad Pitt, car il ne s’agit absolument pas d’un remake) : Une poignée de salopards qui se voit édité en DVD en France… sous le titre anglais d’Inglorious Bastards (et sans le « The » d’origine) !
S’il s’agit une fois de plus de surfer sur la « hype » du réalisateur de Pulp Fiction, l’aspect positif est que le grand public va enfin connaître le film de guerre signé ENZO GIROLAMI CASTELLARI.
Solide artisan du cinéma de genre italien des années 70/80 (films policiers, gialli, westerns, films d’aventures ou post-apocalyptiques), Castellari met donc en scène en 1977 cette variation des fameux Douze Salopards de Robert Aldrich avec en tête d’affiche le géant suédois Bo Svenson (revu dans Kill Bill Vol.2 ) accompagné d’une icône de la blaxploitation en la personne de Fred « The Hammer » Williamson. Avec de tels atouts dans sa manche, le maître d’œuvre transalpin nous livre bien sûr un spectacle pour le moins viril…
En effet, le film est truffé d’explosions et de pétarades en tout genre et de scènes épiques où les acteurs donnent de leur personne, notamment lors d’une séquence d’évasion d’un château fort nazi le long d’un câble en tyrolienne : filmés d’un seul trait, ce sont bien Svenson et Williamson (cigare au bec !) qui effectuent leur descente. Il faut dire que Castellari a lui-même débuté sa carrière comme cascadeur…
Cette scène fait partie d’une démonstration grandeur nature du savoir-faire des « Bastards » avant la vraie mission finale (tout comme les Douze de Lee Marvin avaient fait leurs preuves en ridiculisant les officiers alliés qui leur étaient hostiles au cours d’un exercice).
A la manière d’Aldrich toujours (dont on peut s’amuser de la ressemblance -évidemment non fortuite- de la traduction des 2 films en français), Une poignée de salopards dresse une galerie de personnages aux profils bien définis : on a là le gradé rebelle qui prend le commandement de sa drôle de compagnie, le soldat black sans peur qui veille sur un jeunot froussard, le pickpocket qui a toujours ce qu’il faut sous la main, la grande gueule… Ce ne sont pas des héros non plus au départ, leur seul but est de rejoindre la Suisse pour échapper à la guerre -et probablement à la cour martiale.
Malgré un script pas foncièrement original donc (les Italiens sont bien connus pour avoir repris la trame et les codes de nombreux succès américains dans les 70’s afin d’en donner leurs versions, toujours plus « extrêmes» -en matière de violence, de sexe ou plus simplement de folie- que les films originaux, le western all’italiana en étant le meilleur exemple), le film remplit amplement son contrat au niveau spectaculaire grâce à sa mise en scène efficace et la marotte de Castellari pour les fusillades en « slow-motion » -au ralenti- à la Peckinpah, même si elles sont bien moins fréquentes que dans son chef d’œuvre Keoma.
Alors bien sûr, les esprits chagrins remarqueront que parfois les maquettes imitant le décor qui explose sont un peu trop « voyantes », mais qu’est-ce en comparaison de retrouver au casting un Michel Constantin barbu et chef des maquisards dont le nom de code est Véronique ?………
De plus, le thème musical de Francesco De Masi est de grande qualité et vraiment entraînant, ce dès le magnifique générique de début (on n’en fait plus des intros comme ça d’ailleurs!)
Attention toutefois, les plus bissophiles d’entre vous risquent d’être déçus par la faible part d’érotisme du métrage, alors que sur la plupart des jaquettes DVD existantes trône une blonde dénudée armée d’un fusil-mitrailleur aux côtés de Svenson et Williamson : ce n’est en aucun cas un personnage central, elle apparait juste au cours d’une scène de bain de « gretchens » qui est expédiée en 2 minutes de film… Ahhh le savoir-faire des affichistes !!!
Quoiqu’il en soit, Une poignée de salopards est une série B explosive de très bonne facture et interprétée par des acteurs charismatiques en diable…
Avis aux amateurs !!!
DVD Zone 2 UNIVERSAL
Format Image : 1.85 (16/9 compatible 4/3)
Audio : italien et français DD 2.0
Sous-titres français
BONUS :
– Conversation entre Castellari et Tarantino (38 min)
Supplément déjà disponible (mais non sous-titré) sur la « 3-disc explosive edition » de l’éditeur américain Severin Films parue en 2008.
– Bandes annonces d’époque (française & italienne)
Prix public conseillé : 9,99 €