Modeste fonctionnaire dans une banlieue de Londres, John May se passionne pour son travail. Quand une personne décède sans famille connue, c’est à lui de retrouver des proches. Malgré sa bonne volonté, il est toujours seul aux funérailles, à rédiger méticuleusement les éloges des disparus… Jusqu’au jour où atterrit sur son bureau un dossier qui va bouleverser sa vie : celui de Billy Stoke, son propre voisin.
Avis de Manu
Et voilà, de temps à autres, émergent dans la multitude des sorties et à l’ombre des nombreux multiplexes, des films intimes, simples et touchants. Et Une belle fin fait partie de ces films.
Uberto Pasolini signe ici une œuvre imprégnée dans laquelle il est à même de déposer son empreinte, celle d’un cinéma qui dessine des œuvres originales et dans lesquelles certains cinéastes composent avec générosité des films identifiables. Principalement défini à travers la composition de ses cadres qui rappellent parfois Jacques Tati ou Aki Kaurismäki, même de loin, Une belle fin se découvre par la simplicité touchante d’un poème visuel. A la froideur d’une photographie gris bleutée et mortuaire, répond la chaleur humaine qu’Eddie Marsan tend à déployer à travers son personnage. Comme si dans un décorum mortuaire, propre, rangé et méticuleux, débordaient les évanescences d’un personnage à la présence généreuse et rare.
L’aspect funéraire du film s’efface alors au profit d’une ode à la vie et au partage. A une époque où notre société contemporaine devient de plus en plus individualiste (euphémisme quand tu nous tiens) le film propose indirectement une petite soupape, non pas inscrite dans la prétention de changer ça mais de suggérer des références universelles dont Eddie Marsan est le principal vecteur cinématographique.
Le comédien trouve une fois de plus, dans un rôle encore extrêmement différent, le terrain propice pour faire exploser tout son talent. Pas forcément basé sur le charisme que l’on peut trouver habituellement chez les acteurs anglais mais Eddie Marsan tient et sait se servir de cette force de jeu quasi naturelle que seuls certains peuvent avoir. Son personnage en est que plus touchant et délivre au film la partition nécessaire pour émouvoir le spectateur sur de simples actions.
Uberto Pasolini, par sa générosité, ne se risque pas à simplement toucher mais tente de peindre dans un conte moderne, ou ce qui s’en approche, l’isolement qui se dessine doucement vers des élans humanitaires, parfois oubliés, mais nécessaires.
Et ce n’est pas lors d’un dernier détour narratif dans sa toute fin que le film peut s’effondrer, puisque qu’un unique plan, très joliment et simplement composé, vient clore et résumer cette histoire d’une profonde générosité.