Une célèbre actrice iranienne reçoit la troublante vidéo d’une jeune fille implorant son aide pour échapper à sa famille conservatrice… Elle demande alors à son ami, le réalisateur Jafar Panahi, de l’aider à comprendre s’il s’agit d’une manipulation. Ensemble, ils prennent la route en direction du village de la jeune fille, dans les montagnes reculées du Nord-Ouest où les traditions ancestrales continuent de dicter la vie locale.
Film présenté en compétition au Festival de Cannes 2018
L’avis de Fabien
Caméra d’Or en 1995 avec Le Ballon blanc, prix du jury Un certain Regard en 2003 avec Sang et Or, le dissident iranien Jafar Panahi est en compétition officielle avec 3 visages où il nous parle, lui qui est interdit de filmer et de sortir de son pays, de la condition de la femme iranienne avec le portrait d’une jeune fille qui tente de fuir sa famille traditionaliste pour vivre son rêve, devenir actrice au Conservatoire de Téhéran.
Panahi évoque avec un dispositif simple, le film a la forme d’un road movie avec de nombreuses scènes à l’intérieur d’un SUV conduit par Panahi dans son propre rôle (métaphore de la claustration du réalisateur dans son pays) aux côtés d’une des actrices les plus connues en Iran, Behnaz Jafariet, des personnages pittoresques rencontrés sur la route et un humour noir bienvenu, le poids des valeurs traditionnelles qui brident les désirs d’émancipation, de liberté. Le machisme viril est tourné en dérision, la place de la femme dans le foyer est questionnée avec subtilité et le pouvoir de l’art, le cinéma, comme moyen d’échapper à un quotidien morose est célébré.
Du beau cinéma-vérité sur la difficulté d’être un artiste en Iran, racontée avec modestie et sensibilité.
MAJ : Trois visages a remporté le Prix du scénario au 71ème festival de Cannes