Alors que la ville de Boston est sous le choc de multiples explosions, le sergent de police Tommy Saunders rejoint les enquêteurs sur le terrain dans une course contre la montre pour traquer et arrêter les auteurs avant qu’ils ne frappent à nouveau. Croisant les parcours de l’agent spécial Richard Deslauriers, du commissaire Ed Davis, du sergent Jeffrey Pugliese et de l’infirmière Carol Saunders, ce récit sans concession évoque la chasse à l’homme la plus complexe jamais mise en œuvre par la police américaine – et rend un vibrant hommage aux héros du quotidien.
Avis de Manu
L’iconoclaste Peter Berg traverse année après année Hollywood en commençant à trouver sa vitesse de croisière, lente, monotone mais efficace, du moins dans une certaine catégorie, sa carrière cinématographique commence à prendre forme. Avec son ADN patriotique, la filmographie de Peter Berg prend la même ascendance ces dernières années, Du sang et des larmes, Deepwater Horizon, et donc maintenant le bien nommé Patriots day. Impossible de tergiverser dans de grandes tirades le cinéma de Peter Berg c’est celui de l’oncle Sam version patriotique où l’Amérique a besoin de se projeter dans la figure héroïque (souvent de l’homme en uniforme), presque un genre en soi. C’est radical en général. Mais ce qui change dans le cinéma du réalisateur c’est le savoir-faire qu’il réussit à imposer dans sa mise en scène, un équilibre entre le trop démonstratif et l’immersif. D’un côté le trop plein, de l’autre un talent certain pour retranscrire un réalisme quasi documenté (du moins sur ses trois derniers films). C’est toujours une peu la même recette, un héros, Mark Wahlberg pour la troisième fois qui représente les « bonnes et belles valeurs » de l’Amérique. Ce qui fonctionnait et donnait une certaine âme aux films de la culture pop des années 80 et 90 fonctionne bien moins maintenant et dans une Amérique « Trumpée » de A à Z le sous-texte du film fait un peu grincer des dents. On retrouve alors les méchants terroristes contre les gentils américains qui sous l’égide de l’union et de l’amour vaincront le Mal. C’est réducteur mais le film prend cependant ces ascendants pour la forme. Là où l’ambivalence générale du film pointe tout de même son nez, c’est que débarrassé de ces oripeaux le film est d’une efficacité redoutable où le réalisme est tutoyé avec talent (le mélange d’images d’archives et un montage au cordeau imposent au film une réelle vivacité).
Comme dans les précédents films de Peter Berg le discours est à prendre avec des pincettes quand, sur le plan cinématographique, la mise en image des attentats de Boston impose un vrai film sans temps mort. Un peu perdu, plein de doutes, on ne sait pas trop comment prendre son film mais il séduit par la mise en scène, le récit comme l’important casting au plus près de la réalité. En témoigne sa dernière séquence, ultra patriotique et parfaitement made in USA. Emotions fortes, tant qu’on sait prendre du recul et faire la différence entre culture américaine et européenne.
Malgré un discours de fond un peu, voire trop, patriotique et très « USA », Patriots day/Traque à Boston conserve tout de même les qualités du cinéma de Peter Berg, à savoir un vrai savoir-faire dans la représentation cinématographique de faits historiques.
