22 ans après la version culte réalisée par Paul Verhoeven avec Arnold Schwarzenegger, la nouvelle « Souvenirs à vendre » du romancier américainPhilip K.Dick a fait l’objet d’une nouvelle adaptation avec derrnière la caméra Len Wiseman et Colin Farrell dans le rôle double de Douglas Quaid / Hauser.
Dans ce Total Recall version 2012 il n’est plus question de Mars comme terrain de jeu, pas plus que dans la nouvelle de K.Dick soit dit en passant mais de la Terre, dirigée par deux états-mondes bien distincts : la Fédération Unie de Grande-Bretagne et la Colonie. L’ironie et la paranoïa qui faisaient le sel de la version Verhoeven ont laissé place à un esprit de sérieux où il est question de machination politique à grande échelle que le héros doit faire échouer au fil de nombreuses péripéties empilées avec exaltation.
Aux thèmes porteurs en terme dramatique de la double identité et des dérives du pouvoir politique, le récit préfère la frénésie de courses-poursuites ininterrompues dont l’orchestration et la toile de fond rappellent de nombreux références du cinéma d’action hollywoodien. L’esthétique de ce Total Recall Mémoires Programmées est certes soignée, des effets spéciaux très réussis en premier lieu mais le résultat à l’image sent trop le réchauffé pour emballer. Dans le souci de plaire au plus grand nombre, le film rassemble alors, dans une démarche syncrétique certes efficace, pour masquer l’absence d’un véritable point de vue, des idées à des films comme Blade runner (l’aspect architectural de la Colonie renvoie à la mégalopole pluvieuse du film de Ridley Scott), La vengeance dans la peau (une poursuite effrénée sur les toits), l’incontournable Minority Report pour le look des véhicules et de la technologie du futur ou bien encore L’attaque des clones avec la production en masse de soldats synthétiques.
Dans le rôle de l’agent double jadis tenu par Arnold Schwarzenegger, Colin Farrell assure en action man face à la redoutable Kate Beckinsale en ex-femme peau de vache. Les excellents Bryan Cranston et Bill Nighy sont malheureusement sous-exploités, victimes du rythme infernal imposé par Len Wiseman dans ce remake divertissant mais sans personnalité et sans saveur.