« Tokyo Sonata » dresse le portrait d’une famille japonaise ordinaire :
Le père, licencié sans préavis, le cache à sa famille.
Le fils ainé est de plus en plus absent.
Le plus jeune prend des leçons de piano en secret.
Et la mère, impuissante, ne peut que constater qu’une faille invisible est en train de détruire sa famille…
* Film de Clôture du
Festival International des Cinémas d’Asie (FICA) de Vesoul 2009 *
L’avis d’Alex :
Kiyoshi Kurosawa changerait-il de registre ?
Après avoir sondé nos peurs de son style si particulier avec des films comme Cure, Kaïro ou Retribution, il s’attaque aujourd’hui à la chronique d’une famille japonaise « typique » qui va peu à peu se décomposer…
Cette rupture familiale est clairement déclenchée lorsque le père, directeur administratif dans une grosse société, perd son emploi (suite à une délocalisation en Chine) mais continue néanmoins à mentir à sa femme en partant tous les matins en costume pour en fait rejoindre un ancien camarade et manger à la soupe populaire.
Ce mensonge (ou ce non-dit) semble alors contaminer les autres membres de la famille, à commencer par le fils cadet qui dépense l’argent réservée à la cantine pour s’offrir des cours de piano. Puis vient le tour de l’aîné qui veut s’engager dans l’armée américaine sans en parler à son père.
La mère, symbole de la « bonne tenue » du foyer, va alors vaciller elle aussi sous le coup de tous ces incidents…
S’il s’éloigne cette fois-ci du fantastique pur et dur, le cinéaste japonais dépeint tout de même encore une fois avec Tokyo Sonata la perversion d’éléments à priori inoffensifs (des ordinateurs dans Kaïro, un arbre dans Charisma) par une force invisible et sournoise qui va s’ingénier à faire basculer l’ « ordre établi ».
Fidèle à son rythme lent, Kiyoshi Kurosawa ne surprend pas de ce côté-là ses spectateurs.
Lorsque le véritable malaise s’installe et que la situation devient de plus en plus glauque, on se dit, connaissant le réalisateur, que le constat risque d’être noir de chez noir…
C’est à ce moment que Kurosawa surprend en faisant apparaître l’espoir là alors qu’on pensait être définitivement enfermé dans les ténèbres !
Conservant son style intact, mais délivrant cette fois un message féroce sur la situation actuelle de son pays et son mode de vie, le cinéaste ne décevra certainement pas sa chapelle de fidèles.
Les autres risquent de trouver le temps long et se sentir « hors du coup » durant près de 2 heures. Du moins jusqu’à la (sublime) touche d’émotion finale, ce moment de félicité tellement inhabituel de la part du réalisateur.
Alors peut-être rien que pour ça…