Jerry vit à Milton, petite ville américaine bien tranquille où il travaille dans une usine de baignoires. Célibataire, il n’est pas solitaire pour autant dans la mesure où il s’entend très bien avec son chat, M. Moustache, et son chien, Bosco. Jerry voit régulièrement sa psy, aussi charmante que compréhensive, à qui il révèle un jour qu’il apprécie de plus en plus Fiona – la délicieuse Anglaise qui travaille à la comptabilité de l’usine. Bref, tout se passe bien dans sa vie plutôt ordinaire – du moins tant qu’il n’oublie pas de prendre ses médicaments…
Avis de Manu :
Premier film de commande pour Marjane Sartrapi, et si elle n’est pas à l’origine du script, on s’autorise à penser qu’elle a cependant pu effectuer quelques modifications, même infimes.
Très loin de ses précédents long métrages (Persepolis, Poulet aux prunes), The Voices est clairement et simplement une comédie horrifique, l’aspect thriller étant un peu galvaudé.
Ici, pas ou peu de suspens sur le devenir des personnages, en effet, l’accent est plus apposé sur le comment,et vers quel final. Pour le ton, il ne faudra pas miser sur l’originalité, nous sommes proche d’un Bernie, Very Bad Things pour le cocktail horreur-humour, bien qu’une grande partie se joue sur le terrain du hors-champ. Sous les traits d’un Ryan Reynolds très en forme et qui confirme, une fois de plus, que bien dirigé il fait des prouesses, se dessinent une folie douce et une schizophrénique corrosives.
Comme il est difficile d’être original sur le sujet, maintes fois vu au cinéma, l’accent comique est clairement poussé; comédie noire et acide, mais l’équilibre est là. Pierre angulaire de ce travail, les nombreuses discussions que le personnage principal a avec son chien et son chat. De façon surprenante on évite même les redondances de cette gimmick, malgré la multiplicité de séquences intérieures, construites sur le même schéma.
C’est donc par une touche importante d’humour noir que The Voices prend sa source. Ce n’est pas pour autant que la réalisation de Marjane Sartrapi soit sacrifiée, bien au contraire, elle apporte un second souffle. Les mouvements de caméra et surtout la conception des plans sont superbement soignés, composés. Les bases de l’auteur bédéiste sont belles et bien présentes. En outre, difficile en toute objectivité de dire que les enjeux scénaristiques du film sont immenses, tout repose donc sur la force d’un ton, imposé principalement par sa réalisatrice, autant par sa mise en scène (montage, mais également lumière propre au genre, par l’habitué, Maxime Alexandre), que par sa direction d’acteurs.
A ce titre, Marjane Sartrapi réussit à rendre Ryan Reynolds souvent hilarant et constamment amusant, entre une bouille élastique et un regard tantôt enfantin, tantôt bovin, totalement voulu, contrôlé et forcément drôle. C’est donc par le talent combiné du comédien et le travail avec la réalisatrice que le résultat obtenu s’avère savoureux. Le reste du casting n’étant pas en reste.
The Voices est donc une glissade pleine d’humour (et d’horreur) sur le terrain de la schizophrénie, ou un chien et un chat dialoguent avec leur maître ! Seule une fin un peu expédiée vient ternir l’ensemble mais on garde le souvenir de conversations succulemment corrosives, folles et drôles, dans un salon à l’image de l’un, loin de l’image que se font les autres. Original au final.