L’histoire vraie de Percival Harrison Fawcett, un des plus grands explorateurs du XXe siècle.
Percy Fawcett est un colonel britannique reconnu et un mari aimant. En 1906, alors qu’il s’apprête à devenir père, la Société géographique royale d’Angleterre lui propose de partir en Amazonie afin de cartographier les frontières entre le Brésil et la Bolivie. Sur place, l’homme se prend de passion pour l’exploration et découvre des traces de ce qu’il pense être une cité perdue très ancienne. De retour en Angleterre, Fawcett n’a de cesse de penser à cette mystérieuse civilisation, tiraillé entre son amour pour sa famille et sa soif d’exploration et de gloire…
Avis de Manu
Avec 6 films en un peu plus de 20 ans, en passant par la case alimentaire, série (The Red Road) et pub, James Gray a su non pas imposer uniquement sa marque d’auteur dans le 7ème art mais se démarquer comme un réalisateur majeur, à la cinématographie plurielle (différents genres abordés), là où dans un parfait équilibre les détracteurs comme les profanes peuvent se retrouver. James Gray c’est le doux équilibre entre l’empirisme presque académique d’une mise en scène soyeuse, qui se conjugue à la théorie d’une récurrence du fond, la famille et ses origines, comme point d’encrage à l’ensemble de ses films. The Lost city of Z n’interrompt donc pas le cycle entamé par l’auteur depuis son premier long métrage, Little Odessa. Et si pour la première fois il quitte l’enceinte new-yorkaise, il continue de balayer par le fond tout un pan du cinéma et d’un certain classicisme des années 30 à 70.
Premier film épique de James Gray, The Lost city of Z délivre une vraie leçon de cinéma en même temps qu’un respect authentique quant à l’épure constante de ses longs-métrages. Si d’aventure il est question, c’est en parfait contrepoint d’un regard posé sur la famille, l’obsession cinématographique de James Gray, et de nos racines. Formellement, The Lost city of Z nous renvoie directement au cinéma des années 70, Coppola, Herzog, parfois Friedkin et s’installe enfin dans un écrin où l’aventure se vit devant et derrière la caméra. Durant un tournage qui s’est avéré très compliqué par les conditions naturelles, le réalisateur met en scène une œuvre authentique où résonnent la moiteur de la jungle comme la sueur des corps, bercée par la photo magnifique de Darius Khondji ; tous les instants filmés sont d’une richesse incroyable. James Gray veut prendre son temps, maîtriser les mouvements à défaut de prendre en main une nature sauvage dont il ne veut que s’imprégner. Pari risqué mais pleinement réussi sur une œuvre qu’il a mis des années à bâtir (après de nombreux échecs de financements) comme si la réalité se faisait écho de la fiction ou l’inverse (l’histoire est basée sur la vraie vie de Percival Fawcett). Et entre autre c’est l’authenticité qui ressort à chaque séquence du film, celle-là même qui a donné naissance au plus beaux films de/du genre dans les années 70 (on pense notamment à Apocalypse Now, Fitzcarraldo). Et pour porter à bien le parcours obsessionnel de cet explorateur méconnu, Charlie Hunnam nous convainc totalement par la prestation qu’il imprègne en tant qu’aventurier, comme dans son rôle de père ; l’authenticité présente à chaque plan.
Rares sont les réalisateurs comme James Gray qui savent encore aujourd’hui donner le « C » majuscule au 7ème art. Il prouve une nouvelle fois et de la plus belle des manières que tourner un film est une épreuve en soi pour un résultat sachant mêler émotion et aventure. Bien au-delà de ces deux pans, il procure à travers son histoire la justesse métaphysique que son récit demandait comme la pincée émotionnelle et passionnée nécessaire. Obsessionnel et contemporain, avec les notes classiques qui ont construit le cinéma d’hier, The Lost city of Z semble être l’aboutissement hors des murs new-yorkais de l’ensemble de l’œuvre de James Gray. Là où le film par son récit semble faire écho à la vie personnelle de son auteur face à la création de son œuvre.
Le nouveau James Gray ressemble une fois de plus à son auteur; dans l’humidité et la chaleur amazonienne cette fois, il semble enfin avoir trouvé le récit majeur de l’ensemble de son œuvre. La touche métaphysique conjuguée à son obsession du récit familial et des « origines » donnent naissance à un film épique, personnel et émotionnel. Captivant.