Synopsis : Deux entrepreneurs modernes, Drew et Max, diffusent en live sur le web des exorcismes qui sont en fait des canulars. Mais leur business bascule le jour où l’actrice utilisée devient mystérieusement possédée par un véritable démon. Devant un public mondial en croissance rapide, le démon les soumet à une série de défis violents et humiliants destinés à les punir pour leurs mensonges, jusqu’à dévoiler leurs plus terribles secrets…
L’avis de Quentin :
Wild Side est de retour en ce début novembre pour prolonger les plaisirs d’Halloween avec une sortie exclusive en Blu-ray/DVD : The Devil’s Hour de Damien LeVeck. Le jeune réalisateur américain revient derrière la caméra pour prolonger l’essai du court-métrage remarqué The Cleansing Hour avec cette fois-ci son premier long métrage.
Le film de LeVeck prend le parti de poser sa caméra au beau milieu d’un paysage cinématographique horrifique qui ne cesse de s’essouffler. Il propose de la sorte une association entre les films d’exorcisme et le cinéma d’horreur « technologique » à mi-chemin entre Intraçable et la franchise Unfriended. Les craintes sont de sorties, en se remémorant les vingt dernières années, avec d’un côté une pléiade d’ersatz de L’Exorciste et de l’autre la crainte de se retrouver face à une rencontre entre les insondables Stay Alive et le remake américain de Pulse.
Face aux peurs que peut instiguer le monde du cinéma d’horreur et la qualité somme toute relative des productions délivrées ces dernières années, LeVeck parvient à se frayer son propre chemin tout en déployant un message sur les déviances de l’homme, impuissant face à sa propre création, la technologie. Dieu a créé l’homme se laissant dépassé par sa propre création qui a inventé le diable tout comme l’homme se fera surpasser par sa création les technologies modernes menant à l’intelligence artificielle.
Le scénario du film bien qu’anodin nous installe au cœur d’un show tv simulant de faux exorcismes, avec un homme de dieu se fantasmant prêtre, cédant face aux moindres pêchés. Il semble donc évident que les forces du mal vont se faire un malin plaisir de mettre le pauvre fou à l’épreuve. Elles lui soumettent le cas d’une véritable possession où il devra faire preuve de courage et d’audace pour révéler sa véritable identité au monde mais également faire preuve d’introspection afin de délivrer un regard nouveau sur sa propre personne. On se trouve très rapidement face à une oeuvre hybride pouvant être rangée dans la catégorie d’exorcisme initiatique où le procédé de libération de l’esprit tourmenté n’est en réalité plus que le miroir de l’âme de l’exorciste.
Ce n’est d’ailleurs pas seulement l’équipe du show tv qui va être mise à l’épreuve mais l’humanité tout entière. Chaque écran devient une part de l’individu utilisateur. On se trouve ainsi devant l’aspect le plus intrigant et intéressant de l’oeuvre. LeVeck signe un adroit pamphlet sur les déviances technologiques, leurs attraits et leurs capacités destructrices. On y voit la force des images sur l’inconscient des êtres où plus les atrocités sont cruelles, et plus les individus sont curieux de découvrir la souffrance. Il travaille sur le caractère connecté de nos sociétés et révèle un univers de voyeurisme qui fait froid dans le dos. La porte des enfers est désormais à portée de mains, dans nos sacs, nos poches ou encore bien nos montres ….
Enfin, le film parvient à réaliser une balance exemplaire entre le message qu’il souhaite faire passer et le caractère divertissant du genre. Il ne se prend jamais trop sérieux sans pour autant se caricaturer et réussit à avancer de manière habile, à un rythme effréné ponctué par de nombreuses scènes sanguinolentes respectables.
Néanmoins, le film ne parvient pas entièrement à délivrer l’étendu de sa puissance, faute à un casting cédant une performance minimale et faisant lorgner la création de LeVeck à plusieurs reprises vers des interprétations plus que douteuses.
The Devil’s Hour est un film d’exorcisme surprenant, aux allures de pamphlet, adroit, sur les nouvelles technologies et le tout connecté. Sans pour autant s’installer comme une nouvelle référence du genre, le film de Leveck est une réussite certaine.