Joong-ho, ancien flic devenu proxénète, reprend du service lorsqu’il se rend compte que ses filles disparaissent les unes après les autres. Très vite, il réalise qu’elles avaient toutes rencontré le même client, identifié par les derniers chiffres de son numéro de portable. Joong-ho se lance alors dans une chasse à l’homme, persuadé qu’il peut encore sauver Mi-jin, la dernière victime du tueur.
L’avis de Fabien
Le pays du matin calme nous présente, après Park Chan-wook (Old boy), Bong Joon-ho (Memories of murder), un de ses nouveaux petits prodiges en la personne de Na Hong-jin.
Ce jeune réalisateur sud-coréen a réalisé dans des conditions difficiles à Séoul pendant 85 jours muni d’un petit budget son premier film The Chaser alors qu’il était encore dans ses études de cinéma.
La qualité de ce polar très noir est vraiment surprenante pour un premier film.
Monstrueusement palpitant, The Chaser est pourvu d’un scénario habile qui dévoile très vite l’identité du tueur pour nous emmener lors de cette quête effrénée sur des pistes que l’on n’attendait pas : vers la satire sociale avec cette police incompétente et une justice faillible, vers le portrait touchant d’une amitié entre une petite fille qui désespère de retrouver sa mère et notre anti-héros qui cherche à sauver son âme, The Chaser en osant des ruptures de ton (policiers tournés en ridicule) ou de rythme (le long interrogatoire du tueur, les échanges apaisés avec l’enfant) rend encore plus insoutenable le sort de la jeune victime promise à une mort certaine car le tueur prend un malin plaisir à jouer au chat et à la souris avec la police.
La singularité de The Chaser réside dans le traitement moral de son personnage principal, un gars peu sympathique (un proxénète ex-flic soucieux de rentabilité) qui gagne en humanité au fil de cette course-poursuite contre la montre et le traitement de l’action qui se circonscrit dans un quartier résidentiel en forme de labyrinthe cauchemardesque balayé par la pluie où seul l’enquêteur-proxénète cavale porté par l’énergie du désespoir pour retrouver la captive.
Confirmant le buzz fait autour de sa projection cannoise en séance de minuit (forcément) et son prix Grand Prix Action Asia décerné au Festival du Film Asiatique de Deauville en mars 2009, The Chaser constitue une éprouvante virée nocturne dans un des repères du mal dont un jeune homme à l’allure angélique (un golden-boy siphonné) a la clé, un thriller crépusculaire et poisseux, de la trempe de Seven tout simplement.