Shinji mène une vie de salaryman banale et bien rangée à Tôkyô, lorsque sa femme Akemi est assassinée et revient sous les traits d’un fantôme pour réclamer vengeance… Une lente descente aux enfers commence pour Shinji…
Avis de Stéphane :
Guillaume Tauveron propose avec The blood un film de Yurei Eiga assez particulier. En effet, la trame de fond n’est pas constituée uniquement de fantômes japonais mais parle aussi d’un homme qui va au bout du lui même en étant confronté à l’égoïsme, la violence, la trahison, …
En mettant en avant cet homme qui perd son épouse, le réalisateur apporte avec son film une réflexion sur le monde qui nous entoure et de notre société.
Tout démarre donc du fantôme pour entraîner le personnage principal dans une descente aux enfers où il rencontrera de nombreux individus qui recèlent tous un secret et représentent la société individualiste dans laquelle nous vivons.
Guillaume utilise avec talent son attirance pour la culture coréenne et japonaise afin de mettre en image son long métrage. De cette manière, chaque image, chaque séquence que l’on voit à l’écran possède un « cachet » unique.
Il recherche toujours cet aspect réaliste afin de ne jamais perdre le spectateur. En tournant principalement de nuit, il est arrivé à rendre visuellement une atmosphère sombre qui va si bien à son long métrage. Mais face à cette nuit, il utilise le contraste que propose la lumière des rues japonaises tel le bien et le mal.
Au niveau des acteurs, chaque personnage est excellement campé par des comédiens très différents physiquement.
En effet il oppose Takahiro Ono que l’on imagine vraiment en salary man face à Keisaku Kimura le yakuza. Ce dernier habitué à ce type de rôle utilise son savoir faire pour donner à son partenaire une impulsion au niveau du changement de mentalités. En effet ce méchant sera une des épreuves que rencontrera Takahiro Ono. C’est un peu comme s’il représentait toutes les mauvaises choses qu’auraient pu être Shinji …
N’oublions pas non plus que c’est la douce Mari Yoshida qui joue le contraste entre cette brutalité (le yakuza) et la perte d’identité du salary man.
Shinji est en conflit permanent avec lui même. On pourrait dire qu’il y a une certaine ambivalence dans ses actes. On pourrait aussi décrire ce personnage comme étant dans un état de insatisfaction continue (bovarysme pour être plus précis). C’est vraiment un protagoniste très intéressant à suivre…
Après avoir vu The blood, on peut vraiment considérer que Guillaume Tauveron a réussi son pari : que cela soit au niveau de l’histoire (passionnante), au niveau du casting (aucune fausse note) ou que ce soit au niveau visuel (superbe).
Avec ce talent, il laisse avec subtilité le spectateur hypnotisé par les images. Félicitation pour ce film qui est réellement plaisant à regarder.