En 2007, Ubisoft présentait Altaïr, assassin du temps des Croisades et héros d’un certain Assassin’s Creed. Six ans après, le héros n’est plus le même, mais la franchise est toujours là et nous offre aujourd’hui Assassin’s Creed 4 : Black Flag, un nouvel opus désormais situé dans le monde de la piraterie. Prêt à embarquer ?
Six ans se sont écoulés depuis le premier volet d’Assassin’s Creed. Six ans pendant lesquels Ubisoft nous a abreuvé à presque chaque automne d’un nouvel opus destiné à enrichir l’univers des assassins (et les producteurs) et à hisser la licence au rang de véritable saga. Mais là où certaines licences ont brillamment su enchainer les suites sans jamais perdre en intensité (Uncharted, Batman Arkham…), Assassin’s Creed, comme les Call of Duty, a souvent été décrié. Trop répétitifs, trop buggés, trop incohérents ou pas assez captivants dans leur scénario… Nombreux sont les arguments mis en avant par les joueurs, notamment depuis l’épisode Révélations qui, avec Assassin’s Creed 3, demeure sans doute l’épisode le moins apprécié de la saga principale. Un sentiment partagé par de nombreux joueurs, dont l’auteur de ces lignes. C’est peut-être cela qui rend la surprise de Black Flag encore meilleure !
Car oui, on peut enfin le dire, après deux opus assez discutables, Assassin’s Creed a bel et bien retrouvé la pêche. Toutes proportions gardées, hein, tant on dénote encore plusieurs soucis. Mais ces derniers font bien pâle figure devant l’expérience offerte.
Une expérience qui démarre sur les chapeaux de roues en introduisant sans tarder le héros de l’aventure, alias Edward Kenway (père de Haytham et grand-père de Connor, les héros du précédent opus). Marin ambitieux sans liens avec les assassins, il se retrouve dès la première séquence à usurper l’identité de l’un d’entre eux, afin d’essayer de rafler la mise. Ce prologue a d’emblée un mérite, celui de donner un aperçu de la rupture amorcée par la saga, où le héros est ici un véritable anti-héros qui va se retrouver lié aux assassins pour son seul profit personnel.
C’est peut-être là, d’ailleurs, la plus grande victoire de cet opus : redonner leur importance à l’histoire et aux personnages, après deux opus mous du genou à ce niveau. Alors certes, le scénario n’atteint pas les sommets de GTA 5 (pour citer un autre open world), mais tout de même : entre Révélations et Black Flag, c’est le jour et la nuit. Sans compter que, outre le pirate Kenway dans le passé, le jeu demandera également d’effectuer quelques actions au sein de la société Abstergo, dans le présent. Des phases qui, sur le plan narratif, risquent bien de vous laisser sur le popotin tant elles montrent à quel point Black Flag est résolument couillu ! Ca n’a l’air de rien comme ça, mais pour prendre sa licence-phare, la passer à la moulinette du cynisme et du second degré, jusqu’à se permettre une mise en abîme magistrale, il faut sacrément en avoir dans le pantalon ! Dommage cependant, le cheminement de l’histoire (tant dans le passé que dans le présent) est assez lent et ne lèvera presque aucun mystère sur la saga, à tel point que cette dernière commence à prendre sévèrement des aspects de la série Lost.
Concernant l’expérience de jeu, on est un peu dans les mêmes qualités (et les mêmes défauts). Non content d’offrir un monde gigantesque et une atmosphère de piraterie tout bonnement géniale (autant en mer que dans les différentes villes), le jeu se permet de réellement varier les quêtes tout au long de l’aventure ou de simples balades. Et autant vous dire, il y en a pour tous les goûts, des combats navals en pleine tempête aux abordages, des explorations en jungle inhospitalière aux rencontres avec des personnages historiques savamment utilisés (Jack Rackam, Barbe-Noire,…). Même la plongée, la chasse et la pêche au harpon sont au programme (et pour le fin mot : oui, on peut pêcher la baleine !). On pourrait détailler davantage, mais vous aurez compris que le jeu vous réserve son lot de petits plaisirs, y compris certains que l’on n’avait pas vu venir à l’image de cette possibilité de faire chanter son équipage. Inutile, mais ô combien entrainant sur un fond de ciel bleu et de mer turquoise ! Bien sûr, il y a du bon et du moins bon dans tout ça, et certaines activités se révèleront souvent redondantes, mais le pas en avant est bien là.
Néanmoins, malgré ses nombreuses qualités, dont une musique excellente et un niveau graphique assez impressionnant sur consoles current-gen (notamment le rendu de l’eau et de la météo), Black Flag n’est pas exempts de défauts. Outre quelques bugs et le scénario avare en révélations, on retiendra notamment des missions principales pas toujours très inspirées (un défaut récurrent dans les open world). De même, la progression se révèlera parfois discutable, notamment concernant la personnalisation de Kenway ou du Jackdaw, le navire du héros (certains items nécessaires à une quête demanderont un sacré temps de jeu pour être débloqués). Mais surtout, et c’est peut-être le plus dérangeant, le freerun se révèlera régulièrement désagréable à utiliser. La faute aux décors souvent étriqués et aux commandes de jeu qui regroupent la course simple et le freerun au sein de la même action. Pour imager, disons qu’il ne sera pas rare de vouloir éliminer un adversaire devant soi et de se retrouver à grimper automatiquement au mur juste à côté, voire au sommet d’un mât de navire. Des navires qui, aussi sympathiques soient-ils à diriger et/ou à aborder, se révèlent parfois de vraies plaies à escalader au milieu des mâts et nombreux cordages. On ira pas jusqu’à dire que l’univers marin n’était pas adapté à la licence (au contraire), mais quelques réajustements de gameplay (et d’IA) n’auraient pas été de trop. Heureusement, ces soucis de commandes ne concerneront que le héros du jeu, son navire étant un vrai bonheur à diriger en toutes circonstances.
En somme, si Assassin’s Creed 4 : Black Flag ne sera pas l’opus qui mettra tout le monde d’accord (notamment concernant l’intrigue-fil rouge de la saga, qui continue de nous faire tourner en rond), il ne manque pas d’atouts pour gommer les mauvais souvenirs laissés par les deux précédents opus. A commencer par son atmosphère pirate génialement rendue, les idées de génies qui parsèment la partie contemporaine ou encore, et surtout, le plaisir de diriger le Jackdaw dans une bataille navale ou lors d’une simple balade en mer. Grisant, tout simplement. On attend désormais de pied ferme les annonces concernant le prochain volet de la saga, les nouveaux éléments scénaristiques de cet opus laissant augurer du meilleur pour la suite de la saga.
Disponible sur Xbox 360, PS3, Wii U et (dès le 21 novembre 2013) sur PC, PS4, Xbox One.
Testé sur Xbox 360 (sur cette console, jeu divisé en 2 DVD : un pour le jeu solo, l’autre pour le multijoueurs).