Après ses spectaculaires débuts dans Captain America : Civil War, le jeune Peter Parker découvre peu à peu sa nouvelle identité, celle de Spider-Man, le super-héros lanceur de toile. Galvanisé par son expérience avec les Avengers, Peter rentre chez lui auprès de sa tante May, sous l’œil attentif de son nouveau mentor, Tony Stark. Il s’efforce de reprendre sa vie d’avant, mais au fond de lui, Peter rêve de se prouver qu’il est plus que le sympathique super héros du quartier. L’apparition d’un nouvel ennemi, le Vautour, va mettre en danger tout ce qui compte pour lui…
L’avis de Manu
La recette est connue, appliquée et sans surprise à chaque nouvelle sortie d’un film Marvel. Est-ce le fait que le film soit coproduit par Sony (Marvel n’est pas seul cette fois) mais ce Spider-Man : Homecoming a cependant un petit quelque chose de différent.
Pour débuter on prend un réalisateur n’ayant quasiment jamais eu entre les mains un film à gros budget, ici, Jon Watts, quelques téléfilms et épisodes de séries plutôt passés inaperçus, et deux films « Clown » (sans saveur réelle) et le bancal Cop Car avec Kevin Bacon. Les studios ont donc considéré que le metteur en scène avait le profil adéquat et pouvait être modelé à souhait. Il semblerait pourtant que cette dernière livraison Marvel ait une patte un peu différente et ce dès l’écriture du scénario.
Le film a avant tout une visée ado (son super-héros veut ça), genre difficile s’il en est, tant on peut vite tomber dans la gaudriole, voire être totalement à côté et ne pas séduire tout un pan du public, notamment les plus âgés. Et bien il aura fallu pas moins de 6 scénaristes qui ont travaillés ensemble afin d’éviter les principaux pièges qui attendaient ce Spider-Man : Homecoming. L’ensemble est léger et original, ne traite pas la figure adolescente comme nous avons trop souvent l’habitude de la voir ces dernières années et l’humour, de manière surprenante, plutôt bienvenu (et surtout saupoudré ça et là plutôt que mitraillé de façon cadencée tout le long du film). L’histoire en elle-même a déjà la bonne idée de ne pas prendre la fanbase pour des idiots, exit toute la genèse du personnage, cette dernière est résumée en une seule phrase. Côté méchant, du classique, mais on évite un peu les clichés du genre, un petit twist à la clé, et un rapport entre le héros et le bad guy de l’histoire qui sort un peu de ce que l’on a l’habitude de voir. En somme, sans être le script de l’année, sur le plan narratif, c’est plutôt une bonne surprise et tout tient sur une dynamique étonnante sans aucun temps mort sur près de 2h20.
L’autre surprise c’est Tom Holland (aperçu récemment dans l’excellent James Gray (The Lost City of Z ), nouveau venu sur la scène internationale mais dont la réputation s’avère justifiée. Tout le buzz autour de ce comédien de 20 ans semble se confirmer : il dégage ce quelque chose de naturel qui force la sympathie et s’approprie parfaitement son personnage censé avoir une quinzaine d’année. Charismatique, ne déborde jamais dans un rôle d’ado plutôt bien écrit et assez éloigné des clichés, tout en respectant les codes du genre teen-movie. A ce titre le clin d’œil à John Hughes pendant le film n’est sans doute pas étranger à ce que les auteurs ont tenté de faire, se rapprocher des comédies du maître du genre, lui rendre hommage, plutôt que de le copier. Et c’est encore plutôt réussi sur ce plan.
Reste une mise en scène carrée, efficace, qui ne déborde pas du cadre des films de la franchise, c’est-à-dire très spectaculaire sans pour autant être autre chose que du cinéma de divertissement, on oublie donc ici l’art du découpage et des idées de mise en scène (nous sommes loin de Sam Raimi, réalisateur de la trilogie du début des années 2000), en atteste la dernière scène finale, assez illisible et un peu brouillonne. Le but étant d’en mettre plein les yeux (et les oreilles) mais le public estival n’en demande pas plus.
Après les mois de juin et début juillet bien fades (sinon vides) dans la lutte pour le meilleur blockbuster de l’année, la saison semble enfin ouverte en attendant la suite (très bons retours de La planète des singes : Suprématie). Sans s’enflammer, sans trop y croire non plus, Marvel et Sony viennent de livrer un film de super-héros assez surprenant. Enfin on sort un peu du cahier des charges habituel; le film a vraiment sa propre identité et une réelle alchimie vient à s’imposer au spectateur. Oui, c’est un film d’ado, mais à l’ADN plutôt fin de siècle précédent, avec cette petite touche naturelle où la nostalgie nous fait dire qu’il y a quelques années on aurait adoré. De fait pour les plus âgés le film reste un très solide divertissement, fun, agréablement juvénile et qui, par sa légèreté comme son sens du spectaculaire, s’avère très amusant. Belle surprise d’un genre qu’on pensait formaté à souhait et finalement parfaitement retissé pour de futurs nouveaux épisodes.