Alexandra a 23 ans et étudie l’anglais à Ljubliana. Elle semble assez peu inspirée par ses études et met beaucoup plus de volonté à gagner de l’argent pour améliorer ses conditions de vie. Personne ne sait qu’Alexandra court les petites annonces sous le pseudonyme « The Slovenian Girl » (« La Slovène »). Cette prostitution est sa secrète source de revenus. « Slovenka » acquiert rapidement une relative célébrité dans les tabloïds. Ceci rend les choses de plus en plus difficiles pour Alexandra qui doit continuer de mentir à ses amis et spécialement à son père, un homme chaleureux et sincère. Elle n’a pas le choix, dire la vérité signifierait tout perdre.
32ème CINEMED-Avant-première
L’avis de Géraldine Pigault
A travers le calvaire d’Aleksandra, Damjan Kozole dépeint le paradigme d’un capitalisme aux effets pervers. Derrière les rideaux des grands hôtels des capitales qui offrent l’anonymat, la prostitution devient un job étudiant comme les autres. Refusant un train de vie modeste, la jeune Slovène s’emmure dans un trois pièces flambant neuf, acheté avec l’argent de son commerce.
La plongée dans ce quotidien abyssal ressemble à un état de choc permanent où rien n’est épargné à quiconque s’y aventure. L’image même de la mortification s’illustre à travers cette provinciale pressée de grimper l’échelle sociale : pour de l’argent, Aleksandra accepte toutes les souffrances. Contaminée par l’appât du billet, « Slovenian girl » ne peut (ne sait) renoncer, même lorsque la pègre de Ljubljana manque de la défenestrer.
Ainsi, la caméra de Kozole s’infiltre ainsi au cœur du fléau, suivant les allers-retours entre deux mondes parallèles. Des bancs de l’université aux chambres d’établissements trois étoiles, du modeste logement paternel à celui des clients de la capitale : un univers double pour une solitaire.
Résolument glacial, ce long métrage aurait tout aussi pu être un documentaire, tant les scènes capturent l’âpre réalité.
Récompensée à la Mostra de Valence (Espagne) et au festival européen des Arcs (France), Nina Ivanišin incarne littéralement une anti-héroïne, oscillant entre cynisme et désespoir.