Unique survivante de l’infection qui a ravagé tout un immeuble, la journaliste Angela Vidal est enfin évacuée du bâtiment. La situation qui semble être contrôlée, se voit pourtant secouée par l’arrivée du mal sous plusieurs formes…
L’avis de NicoH
En 2008 sortait [REC], véritable surprise qui, en se réappropriant des codes déjà établis, notamment l’unité de lieu et l’action vue uniquement à travers la caméra trimballée par les personnages (merci Blair Witch), parvenait à nous embarquer dans un immense grand huit horrifique qui est encore dans pas mal de mémoires. Face au succès de ce premier volet, une première suite vit le jour ([REC²], très bon cru qui gagnait en action ce qu’il perdait en fraicheur), puis une seconde ([REC3] Genesis qui abandonnait à la fois le sérieux et la caméra embarquée pour un résultat certes amusant mais discutable). Un peu éprouvée par ce troisième volet, la licence avait donc fort à faire pour redorer son blason et satisfaire ses fans de la première heure avec ce quatrième et dernier volet. Verdict ?
Difficile de parler de [REC4] sans aborder un élément particulier : sa réalisation. Poursuivant le travail entamé sur le troisième volet, le film ne s’embarrasse désormais plus de la moindre caméra embarquée, lui privilégiant une réalisation plus conventionnelle et découpée (exit les plans-séquence de vingt minutes). Un choix qui, à la rigueur, pouvait s’intégrer dans le 3e volet (à considérer clairement comme un spin-off auquel [REC4] n’accorde qu’un ou deux clins d’œil), mais qui surprend vraiment dans cet épisode censé être l’aboutissement d’une œuvre entamée il y a maintenant 6 ans. Faut-il y voir une volonté des réalisateurs de s’affirmer en-dehors du genre du found footage qui les a rendu célèbres, ou simplement un élan de paresse devant les contraintes scénaristes et techniques ? Difficile à dire, mais en l’état, [REC4] souffre vraiment de l’absence de cette dimension found footage, la réalisation de Jaume Balaguero étant certes sympathique, mais ironiquement moins marquante et inspirée que dans les deux premiers volets réalisés avec son compère Paco Plaza (lui-même réalisateur solo sur [REC3]).
Heureusement, la saga [REC] ne repose pas sur son seul concept, mais également sur son intrigue autour de la petite Medeiros et de la journaliste Angela Vidal (dont l’histoire nous est résumée dans les premières scènes – les néophytes apprécieront). De ce côté-ci, le contrat est assez bien rempli et c’est avec un certain plaisir qu’on observe les dernières pièces du puzzle s’assembler tout en nous réservant quelques sympathiques idées (mention au moteur hors-bord), quoique certaines touches façon série Z auront du mal à passer (le plan final risque de laisser un goût amer). On notera d’ailleurs l’attention accordée à plusieurs seconds rôles, un fait suffisamment rare pour être souligné dans un genre habitué à considérer les personnages comme de la simple chair à zombies. En revanche, on s’étonnera de voir les infectés paraitre ironiquement moins menaçants que dans les précédents volets, la vraie menace pour les survivants étant finalement les survivants eux-mêmes. Une manière de dire que l’homme est un zombie pour l’homme ?
Au final, ce [REC4] offre un goût étrange. Le plaisir est là, bien aidé par une certaine générosité dans l’action, et l’on est heureux de retrouver le personnage d’Angela Vidal qui embrasse officiellement l’image d’une véritable Lara Croft dans un monde d’infectés. Néanmoins, s’il est agréable à suivre, [REC4] souffre de l’abandon de son concept initial (la réalisation en found footage) qui lui fait perdre en saveur ce qu’il lui fait gagner en liberté. On dit souvent que c’est sous la contrainte que la créativité s’exprime le mieux, [REC4] en est sans doute un parfait exemple…