Synopsis :Vétéran de la Guerre du Vietnam, John Rambo va affronter un cartel mexicain après l’enlèvement de la fille d’un ami.
L’avis de Quentin :
Rambo est de retour dans les salles obscures, Stallone lui offrant un dernier tour de piste, une façon de dire adieu à son auditoire. Avec sa licence Rocky, l’acteur américain avait réussi à permettre un départ de l’icone des années 80 par le biais d’une nouvelle licence Creed, où le boxeur trop âgé pour se battre entraîne le fils de l’un de ses adversaires d’anthologie. Ici, il est bien plus complexe d’apporter un retrait progressif de l’ancien béret vert, de ce fait, la star américaine tente le tout pour le tout, 11 ans après le décrié John Rambo, avec une proposition jusqu’au-boutiste sous l’oeil du cinéaste Andrian Grunberg, connu pour Kill The Gringo.
Rambo, ancien combattant du Vietnam, a su évoluer au fur et à mesure des longs-métrages. Dans le premier volet, on y découvrait un soldat touchant ne parvenant pas à se réinsérer, pour cause, le peuple américain ne voulant plus de ces « bouchers » qu’ils ont pu découvrir à la télé comme des soldats-monstres sur le territoire ennemi brûlant, violant, torturant les civils. Il affrontait dans ce film genèse, le shérif de la ville qui ne voulait pas d’un type comme lui dans sa paisible bourgade. Patriote émérite, il va sans cesse vouloir retrouver l’amour d’une mère patrie qui ne veut pas de lui. Orphelin de nationalité, le héros va au fur et à mesure des films se rendre au Vietnam, en Afghanistan ou bien en Birmanie, affronter des peuples emblématiquement ennemis des Etats-Unis. Il retrouvera à chacune de ses expéditions, des civils opprimés par des régimes autoritaires. De la sorte, la découverte de l’ennemi, et son appréciation sous une nouvelle lumière, donnait à la licence Rambo une véritable perception expiatrice de ces pays.
Néanmoins, il va falloir oublier toute cette perception et ce cheminement humaniste que l’on pouvait trouver dans le fond du regard mort de notre super soldat. Il rentre au pays et se transforme en dix petites années, en citoyen américain modèle, oubliant toutes les trahisons que son drapeau a bien pu lui faire subir. Rambo s’est déplacé dans les bureaux de vote d’Arizona en 2017, il a voté Donald Trump, il n’y a désormais aucun doute. Le film de Grunberg nous présente le Mexique comme l’enfer sur Terre, ses habitants, les mexicains, tels des serviteurs du diable. Les plans nous montre des villes façades où les immeubles ont été détruits de l’intérieur, où la drogue et la prostitution sont les uniques pôles économiques. Un peuple de rabatteurs, proxénètes, petites frappes et police corrompue, les idéologies et stéréotypes les plus infâmes sont placés en porte étendard. Ainsi, sous fond de vengeance, le film présente Rambo comme un bulldozer américain lancé pour nettoyer la pègre locale, propulsé pour Karcheriser les favelas.
La période Trump ne cesse de se manifester à travers un film politisé, porteur d’un message sombre et écœurant.
Cet ultime volet de la saga, rompt avec les codes de la série qu’il s’agisse du traitement des idéologies ou bien de sa mise en scène. Une oeuvre victime de son époque où le cinéma d’action des années 80 semble s’être totalement évaporé pour embrasser une hybridation gore entre Taken et John Wick. La violence s’y présente sous des apparats extrêmes et sauvages. Rambo dans la première partie du film n’use quasiment pas de ses armes à feu, préférant arracher à main nue des clavicules, ou encore écraser des crânes à coups de marteau pour nous offrir un spectacle gore et insipide se voulant un melting-pot du cinéma de la décennie. Ainsi lorsque Rambo pénètre dans une maison close pour exterminer ses ennemis, on se retrouve devant une triste copie de la mise en scène de A Beautiful Day. De ce petit massacre ne ressort pas un brin d’action jouissive.
En tant que clap final, le cinéaste maladroit ne sait comment combler une oeuvre cinématographique, pionnière du cinéma d’action qui le dépasse totalement. De la sorte, tout en dénaturant et aliénant plus de quarante ans de Rambo, le cinéaste cherche à rallier les derniers fans avec des allusions et quelques clins d’œil aux autres films de la saga, comme un message d’alerte évoquant la prise de conscience d’un réalisateur qui ne sait plus comment faire pour parvenir à garder un auditoire trop disparate entre fans des années 80 et cinéma d’action moderne ultra-gore et ultra-violent. Il ne parvient pas à réaliser le mélange des époques comme cela avait été réussi pour Upgrade de Leigh Whannell. Résonnent ainsi la bande originale du premier film qui aura marqué les esprits à la manière d’un drapeau déchu balayé par le vent et le sable du désert. On trouvera également quelques objets cultes de la saga qui réussiront à nous faire décrocher un sourire.
Rambo : Last Blood, n’est plus que l’ombre d’une saga qui aurait définitivement mieux fait de rester à son état de trilogie. Ultra-violent, raciste, d’une imbécile condescendance, parfois même misogyne, il est un rendez-vous manqué et un bien triste au revoir à nos souvenirs. Stallone ne contrôle plus la bête qu’il a créé se faisant manger littéralement par cette dernière disparaissant à jamais à travers un visage figé, et ravagé par le jusqu’au-boutisme de sa volonté de prolonger des rêves qu’il ne maîtrise plus.
Ce n’est définitivement plus notre guerre….