Basé sur l’histoire vraie de John Dillinger, un braqueur de banque hors pair qui a sévi à de nombreuses reprises dans l’Amérique des années 30. Avancé comme « l’ennemi public numéro 1 » par le patron du FBI, John Edgar Hoover, Dillinger sera traqué sans relache par Melvin Purvis, l’un des agents fédéraux des plus efficaces.
L’avis de Fabien
Comme dans son chef d’œuvre Heat Mann suit l’affrontement entre un braqueur de banques chevronné et un flic obsessionnel.
Le cadre de l’action est un pays en crise où Dillinger , charismatique, élégant, plein de panache fait figure de héros en narguant les autorités bancaires et policières en multipliant les hold-up tout en rendant l’argent aux clients des banques dévalisées (« Nous sommes là pour l’argent de la banque, pas le vôtre »).
Nous assistons à la création du FBI qui va utiliser de nouvelles méthodes comme la mise sur écoute ou la diffusion d’appel à témoins dans les cinémas pour arrêter ces bandits insaisissables très préparés dans cette reconstitution bluffante (décors naturels, rutilantes Ford V8, mitrailleuses impressionnantes, costumes distingués) des années 30 de la Grande dépression filmées ici en numérique HD pour un rendu visuel affuté qui donne une incroyable sensation de réalisme.
Le réalisateur a adopté un style narratif rapide qui colle à la fuite en avant, le style de vie no future de cette troupe de braqueurs dont le récit nous raconte la cavale sur 13 ans. Dillinger veut tout et maintenant y compris Billie Frechette dont la relation amoureuse apporte un touchant contrepoint romantique aux fusillades musclées et à la violence permanente.
Mann excelle à nouveau dans l’orchestration de séquences de fusillades homériques comme cet impressionnant assaut rural nocturne où la caméra toujours placée au bon endroit sait être au plus près des personnages pour faire ressentir l’urgence, le danger de la situation.
Ce réalisme brut dans la mise en scène de l’action à l’œuvre depuis Heat est basé notamment sur l’emploi de courtes focales pour saisir les réactions et les mouvements des personnages dans le chaos d’une fusillade, accompagner les duellistes dans leurs actions par des plans serrés.
Le réalisateur de Public enemies s’affirme comme le meilleur styliste contemporain au niveau de l’action réaliste et brute. Viscérale et énergique, sa mise en scène des déplacements et mouvements est envisagée dans une démarche réaliste à l’opposée par exemple des chorégraphies virtuoses, au rendu poétique et onirique (voir dans Vengeance le gungfight en forêt baignée par un clair de lune), toujours très inventives du maître Johnnie To.