À première vue, les jeunes parents que sont Mac et Kelly Radner vivent le parfait rêve américain,avec leur adorable petite Stella et une maison fraîchement (et difficilement) acquise dans un charmant quartier résidentiel. Ce qui n’empêche pas les jeunes trentenaires de se considérer toujours aussi hype et cool. Pourtant, cette nouvelle étape, dans la vie de ces fêtards pas tout à fait repentis, va s’avérer délicate à gérer et les obliger à négocier leur entrée dans un âge adulte pleinement assumé. Quand ils découvrent que leurs nouveaux voisins ne sont autres que les membres fervents et débridés d’une confrérie étudiante, menés par le charismatique Teddy, ils essaient d’abord de s’assurer leur sympathie et leur respect, en tirant le meilleur de cette situation quelque peu inconfortable. Mais la fiesta et les frasques incessantes des étudiants poussent le couple à se montrer plus virulent pour protéger leur territoire et leur tranquillité, et ce qui n’était que des enfantillages dégénère rapidement en un conflit épique de générations.
Après l’excellent 5 ans de réflexion avec Jason Segel, Nicholas Stoller a choisi d’opposer deux acteurs de générations différentes, Seth Rogen et Zac Efron, dans son nouveau film Nos pires voisins.
Plus fun, décomplexée que les précédentes comédies de Stoller, Nos pires voisins se focalise sur l’impitoyable guerre entre voisins opposant un couple de parents trentenaires et leurs jeunes voisins fêtards. Après la présentation du couple joué par Seth Rogen et la craquante Rose Byrne, leur vie conjugale, la difficulté d’être parents et de voir sa jeunesse s’envoler, le scénario enchaîne pendant une heure les sales coups entre les deux maisons et les situations plus ou moins scabreuses avec une folle énergie. Confirmant après Nos meilleurs amies être très à l’aise dans la comédie piquante, Rose Byrne détient un rôle comique de premier plan avec Seth Rogen toujours aussi marrant quand le poster boy Zac Efron s’avère convaincant en président bodybuildé de la confrérie étudiante.
Nicholas Stoller a décidé de privilégier le gag et le burlesque dans une logique de surenchère dans l’humour potache au détriment du portrait de ces deux générations à un tournant de leur vie. Comme souvent chez lui et dans le cinéma de Judd Apatow, il est question d’assumer difficilement le passage à l’âge adulte et de faire face à de nouvelles responsabilités. Le film esquive ces moments tendres et mélancoliques malgré des acteurs attachants et très bons au profit d’une mécanique comique certes sans surprises (défonces, exploits physiques et autres situations épicées au programme) mais terriblement efficace où les scènes tordantes se succèdent pour le plus grand plaisir des spectateurs qui devraient trouver leur compte dans cette comédie débridée vraiment jubilatoire.
L’avis de Manu Yvernault :
Nicholas Stoller, c’est principalement Sans Sarah rien ne va, 5 ans de réflexion qui reçu d’ailleurs un accueil critique plus positif que celui du public. S’il n’était pas inintéressant, ce dernier perdait dans sa mise en scène ce qu’il avait acquis par un scénario aux dialogues savoureux.
Indice pour ne pas prendre Nos pires voisins pour ce qu’il ne serait pas. Le film est une sorte de melting pot de tout ce que la comédie US a offert à différents niveaux et dérivés en sous-genres ces dernières années.
Alors pour faire partie de la confrérie qui ne rejette pas le film il faudra s’armer d’une énorme dose de tolérance et s’apprêter à voir tout et rien à la fois. On flirte avec Apatow et enchaîne sur le dance floor estudiantin des frères Farelly. Entre temps le réalisateur, accompagné de ses scénaristes, ose un peu tout. Une majorité s’offusquera des excès, de l’esprit potache et du n’importe quoi. Or, à y regarder de plus près, si l’originalité n’est effectivement pas au rendez-vous, le réalisateur ne pêche en tout cas pas par facilité. De là à trouver une once de subtilité (sans objectivité) il n’y a qu’un pas tant certaines scènes sont assez bien vues. Le regard posé sur la génération trentenaire post ado et celui des étudiants est plutôt ciselé et juste. N’évitant pas certains clichés mais Nicholas Stoller s’en sort plutôt bien.
En surface, le film semble assez bordélique, les dialogues (surtout ceux du couple) ne sont pas forcément réalistes, du moins éloignés de ce qu’on peut attendre en tant que réactions, discussions dans un couple. Se cache derrière cette première impression le parti pris de détourner les répliques habituelles, réalistes et d’éviter un jeu caricatural des personnages, collé sur une réalité idéaliste de jeunes adultes. Nous avons l’impression d’être dans un tourbillon où le sens du propos et le tempo comique est franchement maîtrisé.
Côté casting, c’est plutôt bien vu puisque chaque comédien rend attachant son personnage et l’intelligence de leur profil (des adultes encore ado et ados qui entrent dans l’âge adulte) brasse large et juste. Certaines scènes, bien senties, font même déjà parties des plus drôles de l’année ; on pense tout de suite à la soirée à thème De Niro ou l’aspect « méta » du film avec une discussion vraiment drôle sur Batman, avec imitation à l’appui.
Bien sûr Seth Rogen fait du Seth Rogen grand cru et Zac Efron surprend dans une catégorie comique dont on ne le soupçonnait pas.
Nos pires voisins n’est pas franchement une grande surprise mais réussit pleinement son effet comique sur un scénario qui évite pas mal de raccourcis. C’est donc en terrain connu qu’on regarde sans déplaisir cette comédie estivale, bien moins vulgaire qu’il n’y paraît et beaucoup plus attachante qu’on aurait pu croire.
Test blu-ray
Technique
Superbe définition avec une image aux couleurs vives notamment dans les scènes de fête et juste répartition sonore entre dialogues à savourer en vo, musique et bruitages.
Bonus
Les suppléments de cette édition hd Universal proposent une scène d’ouverture alternative plus trash que l’originale avec en apothéose Lisa Kudrow (7′), 10 scènes coupées et scènes alternatives (13′) souvent très drôles grâce à des ajouts de dialogues épicés et des personnages secondaires déjantés, des répliques alternatives (3′) et un bêtisier (6′).
Le disque blu-ray propose ensuite un florilège de modules sympathiques sur ce tournage festif et déconnant : Un duo improbable (6′) est centré sur l’association surprenante mais efficace entre Zac Efron et Seth Rogen, La fête avec Bad Neighbours (7′) montre la complicité entre Seth Rogen et Rose Byrne, vraiment douée pour la comédie puis avec le reste du casting, Sur le tournage avec…(4′) les délires sexuels de la confrérie dont les membres sont détaillés dans La confrérie (6’) qui via Delta Psi emmenée dans le film par Zac Efron et Dave Franco se moque des confréries étudiantes.