Surgies des flots, des hordes de créatures monstrueuses venues d’ailleurs, les «Kaiju», ont déclenché une guerre qui a fait des millions de victimes et épuisé les ressources naturelles de l’humanité pendant des années. Pour les combattre, une arme d’un genre nouveau a été mise au point : de gigantesques robots, les «Jaegers», contrôlés simultanément par deux pilotes qui communiquent par télépathie grâce à une passerelle neuronale baptisée le «courant». Mais même les Jaegers semblent impuissants face aux redoutables Kaiju. Alors que la défaite paraît inéluctable, les forces armées qui protègent l’humanité n’ont d’autre choix que d’avoir recours à deux héros hors normes : un ancien pilote au bout du rouleau (Charlie Hunnam) et une jeune femme en cours d’entraînement (Rinko Kikuchi) qui font équipe pour manoeuvrer un Jaeger d’apparence obsolète. Ensemble, ils incarnent désormais le dernier rempart de l’humanité contre une apocalypse de plus en plus imminente…
L’avis de NicoH :
Faire la critique de Pacific Rim, cela reviendrait presque à faire celle du premier Transformers en son temps (pinaise, 6 ans déjà !). Avant même le début du film, on sait qu’il y aura forcément deux camps : les spectateurs serrés du string, et ceux qui ont su garder leur âme de gosse. Autant vous le dire tout de suite, ici, on appartient à la seconde catégorie !
Si c’est un point que nous avons en commun, alors sachez-le tout de suite, Pacific Rim ne vous laissera pas de marbre. Vous voulez savoir pourquoi ? Ok, alors imaginez un peu : des robots gros comme des buildings qui se foutent sur la tronche avec des aliens tout aussi énormes ! Dès son annonce il y a plus de deux ans, l’idée avait de quoi faire sourire dans le mauvais sens du terme, évoquant autant un Transformers VS Godzilla que les affrontements du Megazord (remember les Powers Rangers ?), le tout tartiné d’une bonne couche de billets verts.
Mais c’était oublier un détail des plus importants : Guillermo Del Toro, réalisateur de Blade 2, Hellboy 1 et 2 ou encore Le Labyrinthe de Pan. Un bonhomme certes connu pour son investissement sans failles dans ses projets, mais aussi pour être l’un des réalisateurs les plus geeks qui soient. D’ailleurs, pour l’anecdote : fan de jeux vidéo, le bonhomme a été jusqu’à prédire une fusion des deux arts (ciné et JV) dans un avenir proche. Et quand on voit Pacific Rim, on serait bien tenté de le croire.
C’est d’ailleurs là que réside la principale qualité de Pacific Rim : offrir aux joueurs un film qui leur ressemble enfin ! Non pas un vulgaire défilé d’effets spéciaux (à tomber par terre, en passant) tout juste bon à satisfaire les rétines, ni un simple enchainement de baston sans originalité, ni background digne de ce nom. Mais une œuvre véritablement hybride, à mi-chemin entre plaisir cinéphile et enchantement vidéoludique. C’est bien simple, tout au long de ces 2h15 qui démarrent en nous laissant d’emblée sur le cul pour ne plus nous lâcher avant la scène post-générique, Del Toro nous emmène dans un univers, son univers. Un univers à la fois futuriste, fantastique et post-apocalyptique qui emprunte à tous les fleurons des deux arts précités pour mieux les sublimer.
Disons-le d’ailleurs clairement : autant Transformers nous permettait de nous rincer l’œil en matant les robots se foutre sur la tronche (et la croupe de Megan Fox, oui on sait, bande de pervers ! ), autant Pacific Rim parvient carrément à nous emmener dans la « tête » de ces amas de ferraille, nous faisant réellement ressentir leur puissance à chaque coup donné (ah, ces deux plans de l’épée et des billes de métal !), et leur faiblesse face à chaque coup reçu. Un peu comme si nous étions nous-mêmes aux commandes… A ce sujet, mention très spéciale à la mise en scène absolument dantesque (mais jamais clippesque) et au mixage sonore du même acabit.
Alors certes, Pacific Rim n’est pas un chef d’œuvre. Malgré ses atouts évidents, dont un casting sans fausse note (mention à Idris Elba qui continue de se faire une filmographie de barge), il traine évidemment quelques défauts, notamment une intrigue un poil prévisible. Mais cela ne saurait entacher le véritable plaisir qui nous est aujourd’hui servi sur un plateau d’argent, plaisir trop bon pour être ignoré.
Il y a quelques jours, Hideo Kojima (créateur de Metal Gear Solid) affirmait que Pacific Rim était le film de geek ultime. Si on attendra un peu pour lui donner raison, impossible aujourd’hui de lui donner complètement tort.
L’avis de Manu Yvernault :
En plus de 20 ans de carrière Guillermo Del Toro est un peu devenu la figure de proue d’un cinéma divertissant, tendance blockbuster, tout en gardant son statut d’auteur. Sans jamais se détacher d’un fond commun, quitte à parfois se répéter (dans ses productions plus que dans ses réalisations), il a su naviguer entre des films personnels (L’échine du diable, le labyrinthe de Pan) et de pures œuvres visuelles (Blade 2, Hellboy 1 et 2).
Pacific Rim semblait annoncer la donne avec des bandes annonces alléchantes et presque hors-normes. Sur la forme le résultat est bien présent, sur le fond, beaucoup moins, même si tout n’est pas à jeter sur ce point.
Ici, on ne s’embarrasse pas de scènes d’expositions à rallonge comme souvent, une voix off, quelques scènes cuts explicites et on rentre dans le vif du sujet. Passons, le film de studio est en marche, ne lui faisons pas de procès sur la manière. Pour ce qui est des enjeux dramatiques, rien de nouveau, on plane sur ce qu’on a pu voir des centaines de fois ; sans rien spoiler, un axe psychologique classique s’inscrit dès le premier quart d’heure du film, psychologie et sens du drame familial (fraternel puis paternel) assez communs.
Si on se doit de ne pas faire la fine bouche quant au sens de la dramaturgie dans un blockbuster, on attendait tout de même un peu plus de Guillermo Del Toro qu’on a connu très aguerri sur ce point. La faute sans doute à des personnages finalement assez caricaturaux, qui sans totalement remettre en question l’interprétation des acteurs, s’approchent parfois d’un second degré mal venu. Si dans l’ensemble les comédiens ne nous semblent pas inconnus (séries télé et cinéma confondus) seul Idris Elba trône au-dessus de tout le monde et livre autant par son charisme que son jeu une interprétation parfaite.
Pour le reste on hésite, composition faible ou difficulté de certains comédiens à donner de la couleur aux dialogues parfois ridicules, voire parodiques ? Comme cette dernière scène post générique, on vous laisse le « plaisir » de la découvrir en salle. Un choix ? Peut-être, mais loin d’être vu tel quel quand le réalisateur mexicain, précis sur ce point généralement, se tient derrière la caméra.
Si ces défauts semblent mineurs, c’est parce que finalement l’intérêt et la qualité du film se trouvent ailleurs. Pour ceux qui se sont arrêtés sur la crédibilité de l’entreprise, forcément il sera difficile de les convaincre. Pour les autres, l’histoire est d’une qualité honorable dans le genre et permet par la suite toutes les extravagances visuelles, et avec un tel metteur en scène, le spectacle version XXL est au rendez-vous. La maîtrise, la qualité graphique habituelles et de plus en plus maîtrisés du réalisateur sont au rendez-vous, et à force, cela en devient admirable. Éclatant dans sa mise en scène, tous les combats sont d’une lisibilité profonde, chose assez rare, là où Transformers, malgré le spectacle, pêche copieusement sur ce point.
Dans une débauche d’effets visuels impressionnants et démesurés, les combats entre Jaeger (robots) et Kaiju (monstres) sont d’une totale efficacité. Guillermo Del Toro ne vise pas dans la surabondance, quelques combats seulement, mais mise sur l’efficacité pyrotechnique et de destruction de masse que le film procure. Pur plaisir enfantin ou geek d’un réalisateur qui maîtrise pleinement son sujet avec les moyens actuels, des effets spéciaux saisissants de vérité, action et destructions au rendez-vous. Certaines scènes en deviennent surréalistes quand ses combattants de la taille d’un immeuble viennent à se battre dans les villes. Un pur spectacle de salle obscure.
Concrètement, Pacific Rim emporte visuellement tout sur son passage. Le manque d’ambition d’un scénario linéaire et peu original avec des personnages parfois caricaturaux, n’enlève qu’un infime plaisir au bout de deux heures de grand spectacle. Certes on a connu Guillermo Del Toro plus en forme et profond mais loin de la terre ferme l’enjeu n’était plus le même. L’ensemble, assumé de multiples références, asiatiques, peintres (Goya) comme souvent chez le réalisateur, donne une valeur supplémentaire. Dans la course au blockbuster de l’été, Pacific Rim pourrait bien finir sur le podium à défaut d’avoir loupé la première marche. S’il n’est pas total, le plaisir est présent et de grande qualité.
L’avis de Krismery :
Meca Geek
La déception fut grande lorsque le réalisateur du Labyrinthe de Pan abandonna le premier opus de la nouvelle trilogie de Peter (Lucas ?) Jackson, mais découvrir qu’il développait un nouveau projet nommé Pacific Rim mettant en scène des monstres exterminateurs combattus par des robots conçus pour protéger l’humanité, suffisait à dissiper ce désarroi.
Une « éternité » plus tard, cet objet filmique fantasmé débarque enfin et autant dire que le résultat est à la hauteur des attentes. Car force est de reconnaître que Guillermo Del Toro a toujours su diversifier ses projets aussi bien dans le genre que dans l’approche. Si de micro liens thématiques relient le labyrinthe de Pan et Hellboy (le passage à l’âge adulte, la responsabilisation), il tend à s’adapter au matériau et non l’inverse, une preuve de talent pour un réalisateur qui évite la redite malgré son évident attachement à l’enfance, de son importance à sa fragilité.
Ce caractère marqué laissait présager le résultat à venir comme une évidence, telle une esquisse ancrée dans les esprits en attente de finalisation. Pourtant, le réalisateur n’hésite pas, dès l’introduction, à surprendre et déstabiliser. Son prélude se veut explicatif et sa représentation épurée pour un enjeu simplifié dont l’épicentre n’est autre que l’espèce humaine. Une fois délestée de ses conflits politiques et religieux, de ses mœurs et ses vices, L’humanité entière se voit soudée, face à un seul ennemi en brandissant une unique devise, survivre.
Une fois le concept assimilé, on accepte d’autant plus cette galerie de héros écorchés, emplis de haine et motivés par la vengeance pilotant ces machines majestueuses, Symboles de puissance, et de fraternité. Ce concentré brut d’émotions devient le carburant du récit, rythmé par des séquences de luttes et destructions massives qu’il magnifie par le sens du découpage et de la mise en scène.
On ressent un besoin d’exploiter pleinement toutes les possibilités de cet univers par le biais d’un scénario ou chaque confrontation parvient progressivement à noircir le dessein des protagonistes et permet d’insuffler à ce qui pourrait être qu’un divertissement premier degré, une âme d’enfant tourmenté.
Pourtant, les défauts ne manque pas, certains personnages peuvent paraître superflus ou manquer d’épaisseurs et les touches d’humours infantiles deviennent parfois embarrassantes, mais on ne peut contester le savoir faire de ce maitre de l’enchantement qui met en image avec beaucoup de sincérité, de générosité, et d’application, un rêve de gamin, nous rappelant à chaque sourire béat et regard émerveillé, celui que nous étions tous et qui sommeille toujours en nous.