Opéra : le test blu-ray
Opéra : le test blu-ray

Opéra : le test blu-ray

Réalisateur
Dario Argento
Acteurs
Cristina Marsillach, Daria Nicolodi, et Ian Charleson
Pays
Italie
Genre
Epouvante, Giallo, et Thriller
Durée
107 min
Titre Original
Opera
Notre score
8

Suite à l’accident de la cantatrice principale, une jeune chanteuse lyrique, Betty, est choisie pour interpréter le rôle de Lady Macbeth dans l’opéra de Verdi, œuvre ayant la réputation de porter malheur. Commence une série de meurtres dans l’entourage de la jeune femme qui se voit poursuivie par un mystérieux fan possessif. Avec l’aide du metteur en scène, Marco, Betty cherche à comprendre si elle n’est pas liée à l’assassin qui parsème l’opéra de corps mutilés. Jusqu’où la malédiction de Macbeth frappera-t-elle ?

L’avis de Margaux :

Dario Argento est, sans conteste, un cinéaste qui a marqué l’histoire du cinéma. Célèbre pour ses prises de risques et son goût pour l’expérimentation, il s’impose dans l’histoire des formes avec son univers baroque où l’horreur côtoie la poésie. C’est donc une grande sortie que nous propose l’éditeur Le Chat qui fume avec la parution du combo DVD/Blu-ray d’Opéra réalisé par le grand Maestro de l’horreur.

Opéra est un film notable dans la carrière du cinéaste, peut-être même l’un des derniers grands Argento ? Bien que le plaisant Syndrome de Stendhal sorti en 1996 marque définitivement la fin d’une époque… Après ses grands succès tels que Les Frissons de l’angoisse (1975) ou encore Suspiria (1977), Dario Argento prouve, une nouvelle fois avec ce film, sa singularité et son génie. Fasciné depuis toujours par l’univers de l’opéra, il décide de placer cette thématique au cœur de l’intrigue, il réitérera d’ailleurs l’expérience quelques années plus tard avec Le Fantôme de l’Opéra (1998). Le film, contrairement à ses précédents gialli, ne se concentre pas sur le déroulement de l’enquête à proprement dit. Certes, il est question de découvrir l’identité du tueur, mais l’héroïne n’entre pas dans la peau d’un détective pour déceler le vrai du faux (une base qu’Argento met en place dès son premier film L’Oiseau au plumage de cristal). Bien au contraire, la pauvre Betty est contrainte de faire ce que le meurtrier a prévu pour elle. En effet, un mystérieux personnage développe avec elle un jeu terriblement sadique et malsain. Par un dispositif machiavélique d’aiguilles placées sous les paupières de la jeune femme, il la force à regarder les meurtres qu’il commet. Tout l’intérêt du film réside dans ce simple mécanisme. Ainsi Argento parvient à inclure directement le spectateur dans son film et l’expérience devient presque interactive. Par des plans subjectifs le spectateur adopte le point de vue de Betty. Les aiguilles venant se placer au premier plan, il se glisse littéralement dans la peau de la jeune femme et, tout comme elle, est contraint de regarder les actes de torture sans pouvoir agir.

La question de la vision et du point de vue est donc au cœur du film. Opéra s’ouvre d’ailleurs sur le gros plan d’un œil de corbeau. Dans le cinéma de Dario Argento, l’œil ne suffit pas à voir et l’image n’atteste pas du réel, un principe hérité du cinéma de Michelangelo Antonioni et de son film Blow-up sans doute… Les protagonistes argentiens sont obligés d’enquêter pour comprendre, un détail leur échappe à chaque fois, c’est après une série de questionnements et surtout un changement de point de vue qu’ils comprendront la vérité. L’étape du déchiffrement est importante, ils doivent allez au-delà de ce qu’ils voient, utiliser tous leurs sens. Cette idée est encore bien présente dans Opéra, l’œil y est constamment meurtri : les aiguilles placées sous les yeux de l’héroïne menacent de lui percer les paupières, l’œil du meurtrier est crevé par un corbeau, Mira est tuée par une balle qui traverse son orbite… A la fin du film la jeune Betty est trompée par un tour de prestidigitation qui lui fait croire que le meurtrier est enfin mort, c’est du moins ce qu’elle pense voir. C’est dans tous ces petits détails que Dario Argento offre au spectateur un film bien plus profond qu’il n’y paraît.

Opéra : le test blu-ray

D’un point de vue formel, c’est jubilatoire. Ce blu-ray nous donne l’occasion de s’en rendre compte. Le film possède désormais la qualité qu’il méritait. Dario Argento avoue lui-même avoir voulu pousser l’expérimentation visuelle encore plus loin que ce qu’il avait pu faire dans Suspiria. A chaque plan, il explique vouloir un mouvement de caméra différent du précédent. On assiste ainsi à une grande virtuosité technique de la caméra et de ses mouvements parfois hallucinatoires. C’est bien évidemment le cas dans la scène mémorable où les corbeaux sont lâchés en pleine représentation pour démasquer le meurtrier présent dans la salle. La caméra voltige au dessus de la foule symbolisant la vision subjective des oiseaux. La photographie de Ronnie Taylor participe à ce climat excentrique et baroque. La couleur confère aux images une dimension parfois proche du fantastique. L’utilisation de la musique est frappante dans le film. En plus des morceaux lyriques naturellement présents dans la bande son, des morceaux pêchus de heavy métal sont utilisés pour accompagner les séquences de meurtres, ajoutant à cela un peu plus de sauvagerie aux images. C’est Claudio Simonetti, fidèle acolyte de Dario Argento (car membre des Goblin), qui compose pour le film. Encore une fois, la collaboration est une réussite.

En résumé, Opéra est un film incontournable de la carrière du cinéaste. Malgré la malédiction qui planait au dessus de lui (plusieurs événements ont retardé le tournage), Dario Argento parvient à signer une œuvre singulière, excentrique et jouissive pour le spectateur. Des séquences aujourd’hui devenues cultes parsèment le film; Argento met toute son inventivité au profit du spectacle et, à l’arrivée, le show n’en est que meilleur. Avec cette superbe édition, Le Chat qui fume nous donne enfin l’opportunité de voir et revoir le film sans modération.

Opéra : le test blu-ray
Technique

Le travail sur l’image est incroyable, on peut s’en rendre compte en comparaison de la version VHS qui existait auparavant. Les couleurs sont magnifiques, certaines séquences aux tons bleutés se distinguent tout particulièrement. La qualité d’image de cette nouvelle version rend au film tout son éclat. Quelques scories ne gâchent pas le plaisir pris devant ce film à réévaluer d’urgence et à posséder dans sa vidéothèque.

Pour le son, même constat, la bande son retrouve toute sa puissance. Pour les versions, plusieurs choix : la version française, italienne, anglaise d’origine et enfin la version anglaise projetée au marché du film à Cannes. Toutes sont satisfaisantes (préférence pour la piste anglaise hd) et ne font pas entrave au film.

Bonus

Une envie d’approfondir ses connaissances sur le film ? Et bien vous serez servi. Le Chat qui fume propose un très large choix de bonus tous aussi intéressants les uns que les autres.

Au programme, tout d’abord un entretien avec le maestro Dario Argento qui revient sur la conception du film, de l’écriture au tournage. Il y raconte d’ailleurs toutes les mésaventures rencontrées durant cette période.

Daria Nicolodi (ex-compagne du cinéaste et actrice du film) revient ensuite sur le tournage et sur la collaboration avec Argento.

Dans L’identité du killer, c’est le scénariste Franco Ferrini qui nous livre un long entretien sur ses relations avec le cinéaste. C’est ensuite au tour de Claudio Simonetti, compositeur, de raconter son parcours avec les Goblin et sa rencontre avec Dario Argento.

Dans La vengeance des corbeaux, Sergio Stivaletti explique comment il a réalisé certains effets spéciaux, notamment avec les corbeaux. C’est ensuite avec l’attaché de presse Enrico Lucherini que nous parcourons sa carrière avec le cinéaste.

Dans Les yeux ouvert, Fabrizio Spurio, historien du cinéma, retrace le film et livre ainsi une analyse intéressante.

Enfin, Panique à l’opéra est une conférence de 2006 tournée à Rome en présence de Dario Argento, Franco Ferrini et Lamberto Bava.

Le Chat qui fume offre également la possibilité de voir le making-of du film ainsi que deux clips de Claudio Simonetti. Suivent les traditionnelles bandes annonces, certaines annonçant les prochaines sorties de l’éditeur à savoir Lord of Illusions de Clive Barker et Le retour des morts-vivants de Dan O’Bannon, actuellement en pré-commande.

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