Depuis l’enfance, Kathy, Ruth et Tommy sont les pensionnaires d’une école en apparence idyllique, une institution coupée du monde où seuls comptent leur éducation et leur bien-être. Devenus jeunes adultes, leur vie bascule : ils découvrent un inquiétant secret qui va bouleverser jusqu’à leurs amours, leur amitié, leur perception de tout ce qu’ils ont vécu jusqu’à présent.
L’avis de Fabien
Adaptation du roman Auprès de moi toujours (paru en 2005) de Kazuo Ishiguro, Never let me go situe son intrigue dans un monde parallèle à l’Angleterre des années 90 : les avancées médicales ont permis de reculer la mortalité grâce à des donneurs programmés dès leur enfance à sacrifier régulièrement leurs organes.
Sur cette toile de science-fiction qui à l’image de Bienvenue à Gattaca entretient beaucoup de résonnances avec notre quotidien, le récit s’articule autour d’une histoire d’amitié et d’amour déchirante car vouée à disparaitre dans un futur proche.
Divisée en trois chapitres, l’histoire propose tout d’abord un cadre classique de pensionnat anglais de fin du XXème siècle mais très vite des éléments disséminés ici et là dans le plan ou la narration laissent planer une étrangeté déstabilisante : les jeunes pensionnaires ne peuvent franchir l’enceinte de l’établissement, arborent des bracelets magnétiques puis apprennent lors d’un cours que leur destin est programmé. Les trois personnages principaux devenus jeunes adultes sont ensuite envoyés dans une propriété en apparence chaleureuse, Les cottages, où ils sont invités à patienter jusqu’aux premiers prélèvements : « donneurs » ou « aidants, » leur futur est inéluctable, pas d’échappatoire, juste une attente résignée que l’amitié, l’amour permettent de soulager.
Le formidable trio composé d’Andrew Garfield, Keira Knightley et Carey Mulligan est le coeur de cette bouleversante histoire mis en image par Mark Romanek, auteur du remarqué Photo Obsession en 2002.
Le réalisateur américain associé à l’auteur britannique Alex Garland parvient à créer un univers mystérieux, très vite angoissant sur les bases d’un monde très réel où les décors, les costumes, les accessoires ont été choisis pour leur côté universel. Romanek laisse adroitement les questions d’éthique, de moralité en second plan pour se consacrer au parcours tragique de jeunes gens à l’existence artificiellement compactée.