L’histoire de Christian Wolff, un expert-comptable dans le civil qui est en réalité à la solde de la mafia.
Petit génie des mathématiques, Christian Wolff est plus à l’aise avec les chiffres qu’avec les gens. Expert-comptable dans le civil, il travaille en réalité pour plusieurs organisations mafieuses parmi les plus dangereuses au monde. Lorsque la brigade anti-criminalité du ministère des Finances s’intéresse d’un peu trop près à ses affaires, Christian cherche à faire diversion : il accepte de vérifier les comptes d’une entreprise de robotique ayant pignon sur rue. Problème : la comptable de la société a décelé un détournement de fonds de plusieurs millions de dollars. Tandis que Christian épluche les comptes et découvre les rouages de l’escroquerie, les cadavres s’accumulent…
Avis de Manu
Gavin O’Connor avait plutôt brillé dans les films « sportifs », le réjouissant Miracle et l’époustouflant Warrior. Nous pouvons lui faire grâce du très maladroit Jane got a gun dont il n’a rien pu maîtriser et pris le train en marche d’un projet mort-né dans une production chaotique. Il retrouve donc un peu d’entrain avec son dernier film Mr Wolff au ton plutôt décalé mais surtout assumé, qui donne finalement au long-métrage un esprit assez rétro façon années 80 tout en laissant une patte d’auteur sur le long-métrage. Mr Wolff est un thriller déviant qui respecte et se joue des codes du genre pour mieux manipuler le spectateur qui pensait avoir tout compris. La fragilité d’une intrigue à tiroir aurait pu faire exploser le film en plein vol mais c’est cette même structure labyrinthique qui donne justement un cachet kitsch et savoureux au film.
La mise en scène d’une efficacité sèche et épurée dans les scènes d’actions (qui rappelle parfois le cinéma de Paul Greengrass) sert un personnage totalement inspiré et interprété par Ben Affleck qu’on apprécie de plus en plus dans son ascension cinématographique, ici dans un autre genre de super-héros. Etrange mélange des genres entre des segments dramatiques (plus ou moins réussis au cours du film) et le thriller moderne et vintage à la fois. En résulte un melting-pot très intéressant, tout du moins une proposition nouvelle dans un cinéma qui peine à être de plus en plus original aussi bien qu’inventif. Gavin O’Connor tend à nous faire croire à une once de second degré pour prendre régulièrement un virage sérieux, c’est perturbant et donne à la fois un caché indéniable au film quitte à parfois lui enlever toute once de crédibilité lors de certaines séquences (la plupart avec Anna Kendrick).
Mr Wolff s’apparente tout de même à un film bien plus complexe qu’il ne paraît au premier abord en débutant par un scénario assez malicieux, qui tente de réinventer le vigilante movie, pour aller mixer plusieurs genres apparemment incompatibles, et ce dans les mains d’un cinéaste qu’on tend à apprécier de plus en plus pour ses qualités d’auteur. Intéressante et légère surprise cinématographique de fin d’année.