Arletty se rend à Point Dune, une petite ville côtière, dans l’espoir de retrouver son père, un célèbre artiste peintre.
Arrivée sur place, elle découvre un monde étrange : une épidémie de cannibalisme sévit dans la région. Elle rencontre alors un trio de jeunes gens qui prétendent vouloir retrouver le « Messie du mal » responsable de cette contamination…
L’avis d’Alex :
Artus Films a l’excellente idée avec sa nouvelle salve de sorties DVD (incluant aussi Le spectre du professeur Hichcock et Climax – voir news) de nous faire découvrir un film plutôt coté Outre-Atlantique, mais totalement inédit chez nous : Messiah of Evil (également connu sous le titre Dead People)…
Il s’agit d’un film horrifique à tout petit budget, mais qui ne manque absolument pas de qualités : une ambiance cauchemardesque à souhait s’inscrit ainsi pendant toute la durée du métrage, et ce dès l’ouverture qui nous montre le meurtre brutal -et saignant- d’un homme (le futur réalisateur de 48 Heures Walter Hill !) par une curieuse adolescente, puis la présentation de l’héroïne qui nous assène en voix off de bien sombres avertissements (« ils vont venir vous prendre, un par un, et personne ne vous entendra hurler ! ») lors d’un long monologue s’achevant sur des hurlements…
Messiah of Evil est une œuvre résolument étrange, comme la très intrigante demeure du père d’Arletty, maison dont les murs sont presque entièrement recouverts de fresques modernes représentant escalators et silhouettes d’hommes en costumes qui ne manquent pas d’inquiéter dans la pénombre… La présence de cet intérieur singulier (dépeignant une vie citadine en opposition totale au « nulle part » que parait être Point Dune) est un atout de poids apporté à l’ambiance si particulière du film. Car, passé ses murs, on ne trouve que peur et désolation, que ce soit dans une ville désertée ou encore sur un bord de mer d’où émergent des feux de plage où se rassemblent des individus qui ne semblent plus humains…
Les habitants de ce lieu semblent en effet dénués de paroles et sont portés par un appétit quelque peu… vorace !
Si l’action du film se déroule sur un rythme relativement lent, cela vaut aux éclairs de violence d’être aussi surprenants que tétanisants : les séquences-chocs ne manquent pas, du personnage entièrement brûlé vif à la (géniale) séquence dans le cinéma qui se remplit peu à peu d’ « infectés » autour de la pauvre victime…
Souvent comparé au séminal Carnival of souls pour le côté « cauchemar éveillé » (il s’agissait là aussi d’un film US indépendant au budget microscopique, mis en scène par l’inconnu Herk Harvey en 1962 et faisant aujourd’hui l’objet d’un culte de la part de la communauté fantasticophile), Messiah of Evil renvoie également à deux films qui viendront plus tard : Zombie (Dawn of the Dead, 1978) de George Romero par le biais d’une scène cannibale dans un supermarché (oui, carrément !), et surtout l’excellent -et toujours inédit en DVD en France- Réincarnations (Dead and Buried, 1981) de Gary Sherman qui reprend clairement une partie de la trame du film de Huyck & Katz…
Mari et femme, Willard Huyck & Gloria Katz se sont surtout fait connaître pour leurs travaux pour George Lucas : ils ont en effet écrit les scénarii d’American Graffiti, d’Indiana Jones et le temple maudit, mais aussi du « terrible » (ce fut un effroyable bide pour le papa de Star Wars) Howard the Duck mis en image par Huyck himself…
Notons que si Katz n’est pas créditée au poste de co-réalisatrice au générique de Messiah of Evil, elle est citée de façon informelle selon de nombreuses sources (Alain Petit la mentionne également dans les bonus du DVD).
Si le casting du film ne regorge évidemment pas de noms immensément célèbres, on notera toutefois la présence de Marianna Hill dans le rôle principal (actrice vue dans Le Parrain II ou L’homme des hautes plaines d’Eastwood), de Anitra Ford (admirée en « reine » dans le délirant L’invasion des femmes abeilles -qui éliminent les mâles lors de leurs rapports sexuels !- et en prisonnière sexy aux côtés de Pam Grier dans le WIP The Big Bird Cage), ou encore du vétéran Elisha Cook Jr. (plus de 200 films et séries à son actif dont Le Faucon maltais, Le grand sommeil, L’ultime razzia, Pat Garret et Billy le Kid…)
En résumé, Messiah of Evil est une petite perle noire du cinéma d’exploitation, un film « atmosphérique » certes, mais néanmoins fascinant et inquiétant, à l’image de cet albinos dévorant un rat à pleine bouche…
FICHE TECHNIQUE DVD :
DVD 9 – PAL – Zone 2
Langue : anglais
Sous-titres (optionnels) : français
Format image : 2.35 cinémascope original respecté – 16/9 compatible 4/3
Film déconseillé aux moins de 12 ans
Suppléments :
– « Le messie du mal », analyse du film par Alain Petit, spécialiste du cinéma Bis
– Court métrage Maximiliani ultima nox de Thierry Lopez
– Bandes annonces catalogue Artus Films
Éditeur : Artus Films