Un jeune gangster en fuite prend en otage une modeste famille.
L’avis de Fabien
Ecrit entre autres par Donald Trumbo, dernier film joué par John Garfield, Menaces dans la nuit (He ran all the way) de John Berry raconte la fuite désespérée d’un petit malfrat après un braquage, traque qui fait écho à celle du réalisateur et de son équipe, contraints de fuir à l’étranger après ce film, en pleine chasse lancée contre les Américains suspectés d’être communistes.
« Menaces dans la nuit est un film sur le malheur » répétait John Berry quand on l’interrogeait sur son film réalisé en 1951.
L’inéluctabilité d’un destin funeste frappe en effet dès le début du récit le personnage principal qui voit en rêve que tout cela va mal tourner. L’exécution foireuse d’un larcin, la fuite effrénée à travers la ville pour échapper à la police, la prise d’otage dans un appartement familial sont les grandes étapes d’un cycle infernal où le mal engendre le mal et la mort attend en bout de course. Très vite Berry installe ses personnages dans un huis-clos oppressant où la méfiance, la paranoïa, les trahisons, les déceptions s’exercent pour faire monter la tension dramatique.
John Garfield incarne Nick Robey, un homme du peuple devenu gangster qui prend en otage une famille après un braquage raté. En petite frappe au grand coeur, Garfield convainc par un jeu subtil entre brutalité et sensibilité.
Si le déroulement de la prise d’otage est classique dans sa réalisation avec une succession de scènes de confrontations psychologiques entre le voyou et la famille sans histoires, la traque et l’épilogue impressionnent durablement avec une mise en scène implacable digne des plus grands films noirs où l’angoisse et le désespoir sont traduits brillamment par des cadrages, des mouvements de caméra précis et efficaces qu’un montage nerveux met en valeur bien aidé par la composition fiévreuse de Garfield.
Test DVD
Technique
Le master restauré dévoile une image idéalement contrastée et une définition solide. La compression est en outre exemplaire pour de la SD. La piste VO est à privilégier pour son dynamisme comme pour le respect des dialogues.
Bonus
Pour accompagner ce grand film de série noire est proposé tout d’abord Les 10 d’Hollywood, un documentaire réalisé par John Berry pour plaider la cause de dix collègues emprisonnés pour avoir refusé de révéler leur appartenance au parti communiste américain, plaidoyer vibrant qui lui vaudra d’être dénoncé par son commanditaire Edward Dmytryk.
Puis l’éditeur Wild Side a réunis des entretiens passionnants et touchants avec Pierre Rissient et les fils du réalisateur Arny et Dennis Berry qui reviennent sur la vie et la carrière de celui qui terminera sa carrière en France avec Boesman et Lena en 2001 et dont Menaces dans la nuit mérite vraiment d’être découvert ou revu.
Troisième sortie de la collection Classics Confidential, Menaces dans la nuit adjoint au DVD un livre de 80 pages écrit spécialement par Samuel Blumenfeld, critique de cinéma et spécialiste du cinéma américain : une très belle réussite éditoriale.