Troisième opus d’une saga ayant su rallier bon nombre de fans depuis sa création, Mafia 3 est sorti dans les bacs en octobre dernier. Alors que nous avons enfin pu le tester, voici l’occasion de vous partager nos impressions sur ce titre très attendu, mais qui risque malheureusement de diviser.
Dans un univers où le roi incontesté reste GTA, Mafia fait clairement figure d’irréductible. Après deux opus certes imparfaits sur le plan du gameplay, la saga a su malgré tout s’illustrer dans le cœur des joueurs grâce à une ambiance et un scénario de très haut niveau, dignes des fleurons du film mafieux depuis la trilogie du Parrain jusqu’aux meilleurs Scorsese. Et si l’annonce d’un troisième opus se situant dans les années 60 à New Bordeaux (relecture de la Nouvelle-Orléans) avait de quoi intriguer car tranchant radicalement avec les univers des deux précédents opus, il faut bien reconnaitre une chose : côté qualité du scénario, Mafia 3 reste dans la droite lignée de ses prédécesseurs ! Troquant Vito Scaletta (le héros de Mafia 2 qui fait toutefois son retour en tant qu’acolyte) pour Lincoln Clay, un afro-américain fraichement revenu de la guerre du Vietnam et partant en guerre contre la mafia, ce nouvel opus témoigne d’une véritable volonté de renouveler la licence. Adieu l’univers omniprésent des mafieux siciliens, et place à la diversité ! Si évidemment, nos chers italiens répondent toujours à l’appel, ils font jeu égal avec un nouveau panel de personnages d’origines et milieux totalement différents faisant écho à l’époque et au lieu de ce nouvel opus. Et comme tout ce beau monde évolue dans un contexte où la guerre et le racisme sont dans tous les esprits, sans oublier les trahisons et les meurtres inhérents au milieu mafieux, inutile de dire que l’ambiance sera facilement explosive tout au long de l’aventure. Nous n’entrerons pas dans les détails pour ne pas spoiler, mais en tout cas, côté scénario et ambiance, Mafia 3 est une vraie perle.
Toutefois, si le scénario global est excellent, il suffit de quelques heures pour se rendre compte que quelque chose cloche, notamment au niveau des missions de jeu qui se révèlent rapidement assez répétitives. En effet, passé la scène qui fera basculer Lincoln dans sa quête de vengeance, les missions s’articulent rapidement autour du contrôle de la ville de New Bordeaux, divisée en plusieurs quartiers dominés chacun par un lieutenant. De manière générale, il faudra à chaque fois mettre le souk dans les différents trafics du lieutenant, puis vaincre ce dernier avant de donner le contrôle de sa zone à un de vos propres lieutenants. Si la recette fonctionne dans les premiers quartiers, on a rapidement le sentiment de tourner en rond, si bien que le résultat final donne davantage un sentiment de paresse de la part des développeurs. Surtout lorsqu’on se souvient de Mafia 2 qui, sans atteindre la qualité et la variété du solo de GTA V, avait quand même une autre allure.
Mais là où le bât blesse vraiment, c’est au niveau des sensations du gameplay. Les Mafia ont toujours opté pour une approche assez lente et réaliste au niveau de la conduite et des armes, se traduisant manette en main par des voitures assez lourdes à conduire et des armes un peu rigides à l’usage. Alors que l’on espérait que les feedbacks des joueurs de Mafia 2 avaient été entendus, Mafia 3 retombe malheureusement dans les mêmes travers avec des voitures très compliquées à piloter et finissant souvent dans le décor. Le tout avec une physique et une gestion des dégâts assez désastreuse, nous renvoyant des années en arrière. Quant aux armes, leur distance d’effet semble avoir été paramétrée à la serpe, si bien que la plupart des armes demanderont d’être très proches de l’adversaire pour être vraiment efficaces. Ceci dit, ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain, le reste du gameplay restant dans la lignée de ce que les TPS nous ont offert ces dernières années. On appréciera notamment la possibilité de gérer une mission autant en défouraillant à tout-va qu’en la jouant infiltration (possibilité de marquer les ennemis incluse), même si les réactions de l’IA sont souvent à côté de la plaque.
Si Mafia 3 laisse une impression mitigée côté gameplay, l’aspect technique n’est également pas exempt de défauts, toutes proportions gardées. Entendons-nous bien : dans son ensemble, Mafia 3 est franchement agréable à l’œil, notamment sur le plan esthétique avec une New Bordeaux de toute beauté, surtout en termes d’ambiance. Toutefois, le titre ne tient absolument pas la comparaison face à la concurrence actuelle. La modélisation de certains décors, personnages et éléments naturels fait clairement datée, nous renvoyant aux débuts de la new-gen, voire parfois à la fin de l’ère PS3/360 (les nuages qui pixellisent dans le ciel font franchement tâche). Pour une production de ce calibre, inutile de nier que la déception est là sur le plan visuel. Côté sonore en revanche, c’est un sans-faute. Les comédiens au doublage sont très bons (privilégiez la VOST pour plus d’authenticité, mais la VF reste de bonne facture) et les bruitages visent juste. Quant aux musiques, qui font appel à Hendrix, Rolling Stones et consorts, inutile de dire qu’elles parachèvent avec brio l’excellente ambiance du jeu.
Au final, Mafia 3 n’aura pas à rougir des précédents opus au niveau de son ambiance et de son scénario, tous deux de haut niveau. En revanche, le constat est beaucoup plus mitigé concernant les missions, le gameplay et l’aspect technique. Entre répétitivité et approximations, et sans être un mauvais jeu, les aventures de Lincoln Clay n’atteignent pas pour autant le niveau que l’on serait en droit d’attendre d’une production du calibre de Mafia 3.