Avant Elvis, Elton John et Madonna, il y a eu Liberace : pianiste virtuose, artiste exubérant, bête de scène et des plateaux télévisés. Liberace affectionnait la démesure et cultivait l’excès, sur scène et hors scène. Un jour de l’été 1977, le bel et jeune Scott Thorson pénétra dans sa loge et, malgré la différence d’âge et de milieu social, les deux hommes entamèrent une liaison secrète qui allait durer cinq ans. ‘Ma Vie avec Liberace’ narre les coulisses de cette relation orageuse, de leur rencontre au Las Vegas Hilton à leur douloureuse rupture publique.
Film présenté en compétition au 66ème Festival International de Cannes
Avis de Fabien :
Le destin du dernier Steven Soderbergh, avant le break annonçé par le réalisateur de Traffic, a ceci de particulier que, refusé par Hollywood car jugé trop gay, il a été produit par la chaîne câblée HBO pour finir en compétition officielle.
Soderbergh, véritable touche-à-tout qui s’est essayé aussi bien à l’expérimental (Schizopolis, 1997) qu’à la s-f avec le remake de Solaris (2002) ou bien plus récemment le film d’action avec Piégée (2011), revient donc à Cannes avec un nouveau biopic, après son Che en 2 parties (2008), Behind the Candelabra (Ma vie avec Liberace).
Sur plusieurs années, Behind the Candelabra raconte l’histoire intime de Liberace (Michael Douglas), pianiste extravagant de Las Vegas à la fin des années 70, son histoire passionnelle avec un jeune adonis (Matt Damon) rencontré après l’un des shows pompiers dont il avait le secret. Assez vite émerge, derrière le décorum chargé du palais du paniste surnommé le Liberace de Bavières pour son admiration pour Louis II, l’étalage de richesse (fringues, bijoux, voitures) et les poses queers, une romance tragique, du fait qu’elle doit être cachée, entre ces deux hommes de génération et de milieu social différents. Le récit repose essentiellement sur des dialogues en intérieur où la mise en scène de Soderbergh se met au service de ses excellents comédiens, Michael Douglas et Matt Damon, inattendus et vraiment très bons dans ces personnages complexes aux nombreuses failles derrière une apparence extravagante.
Si la forme et l’exécution de ce projet courageux n’ont rien d’originaux, l’interprétation surprenante est l’atout majeur de ce biopic singulier qui fait regretter le retrait (provisoire?) de Steven Soderbergh, réalisateur vraiment passionnant quant à son habileté à s’emparer des différents genres hollywoodiens.