Jack est encore sous le coup de la disparition récente de son frère. Alors pourquoi ne pas accepter l’invitation d’Iris, sa meilleure amie, dans son chalet familial afin de passer une semaine seul à méditer sur sa vie ? Mais à son arrivée, Jack trouve la maison déjà occupée par Hannah, la soeur d’Iris, venue y soigner une blessure amoureuse. Après une soirée très arrosée suivie de l’arrivée inopinée d’Iris elle-même, le trio va aller de situations délicates en révélations inattendues…
L’avis de Manu Yvernault :
Lynn Shelton s’est fait connaître avec Humpday (son troisième film); dont le récent remake français, Do not disturb, d’Yvan Attal, n’offrait que peu d’intérêt.
Plus estampillée cinéma d’auteur qu’indépendant, la réalisatrice n’hésite pas une fois de plus à utiliser l’humour pour traiter de sujets graves. Ici le rapport entre frères et soeurs sert ici de catalyseur à son histoire. Afin de surmonter certaines épreuves elle part d’un schéma classique pour emmener ses personnages vers une complexité dramatique.
Comme souvent chez Lynn Shelton le tragique ne doit pas s’inscrire dans le fond de l’histoire malgré la dramaturgie de son scénario. Elle prend alors un chemin bordé d’humour afin de désamorcer la pathos de certaines situations. Ce coup double permet en effet de mettre en scène des situations originales et de leurs offrir dans un même mouvement un traitement plutôt convenu et réaliste.
Ce n’est pourtant pas un film « à gags », l’humour est lié ici à un contexte très particulier. Des situations où tout un chacun ne s’identifiera pas forcément mais où l’intimité et la proximité des personnages permet au moins une implication assez facile du spectateur.
Si l’originalité de son histoire n’est pas l’arme principale du récit, la force d’interprétation des comédiens est quant à elle la proposition intéressante de son long métrage. Basée sur l’improvisation, de nombreuses scènes finissent pas attendrir ou interpeler le spectateur.
Même si Ma meilleure amie, sa soeur et moi s’inscrit gentiment dans le cadre des films d’auteurs à petit budget, le film souffre cependant d’une trop petite ambition de mise en scène afin de tenir le spectateur en haleine sur toute la longueur du métrage.
On voit ainsi plus ce type de réalisation dans un format moyen métrage qui lui aurait permis d’échapper et de trop nombreux instants « à vide ». Reste la prestation des comédiens sous la couverture d’improvisations, et la direction d’acteur d’une réalisatrice qui tend à donner à son film l’intention qu’elle désire, humaine et simple.
Ma meilleure amie, sa soeur et moi s’avère finalement être une « gentille » comédie proche de l’intention cachée d’un Cassavetes pour la forme, sans le talent et avec un ton bien différent.
Reste cette agréable sensation d’un film différent et non formaté, qui contre les films que les studios larguent bien trop souvent en cette période estivale. Un instant joyeux porté par des comédiens à leur place, ni plus, ni moins.