Eté 1910, Baie de la Slack dans le Nord de la France. De mystérieuses disparitions mettent en émoi la région. L’improbable inspecteur Machin et son sagace Malfoy (mal)mènent l’enquête. Ils se retrouvent bien malgré eux, au cœur d’une étrange et dévorante histoire d’amour entre Ma Loute, fils ainé d’une famille de pêcheurs aux mœurs bien particulières et Billie de la famille Van Peteghem, riches bourgeois lillois décadents.
Film présenté en Compétition au Festival de Cannes 2016
Fort du succès de sa série P’tit Quinquin, le réalisateur du Nord s’essaie à la comédie noire, innervée de burlesque, avec une troupe de stars aux côtés de non professionnels.
Située dans les paysages superbes de la Côte d’Opale, l’histoire de Ma Loute est remplie de personnages extravagants, flics de pacotille, bourgeois fantasques, pêcheurs de moules cannibales que Dumont place dans des situations toujours surprenantes en multipliant les genres d’une scène à l’autre : burlesque (ça gesticule, chute beaucoup), fantaisie (plusieurs personnages en lévitation), mélo (histoire d’impossible à la Roméo & Juliette entre deux ados de milieux différents).
Visuellement un gros travail a été fait sur le cadre pour organiser les chutes et orchestrer le comique, travail sur l’espace amplifié par de nombreux bruitages. Dumont ne lésine pas sur le burlesque débridé avec ses personnages qui n’arrêtent pas de chuter, le couinement qui accompagne les déplacements du personnage de Fabrice Luchini, déchaîné comme Juliette Binoche dans un jeu volontairement outrancier (pleurs de tragédienne exaltée, grimaces génreuses…).
Le film, plein de folie et bizarreries, est conduit sur un rythme survolté qui n’exclut pas les pauses romantiques et poétiques (belles séquences en mer), gonfle, poussé par un souffle comique fait d’extravagances, d’absurde et de burlesque, au risque d’exploser à l’image de l’inspecteur Machin!
Bruno Dumont propose avec Ma Loute un mélange des genres détonant pour un résultat inclassable, assez revigorant dans le paysage de la comédie française.
