En pleine prohibition, la ville de Boston est contrôlée par les Mafia Irlandaise et Italienne qui se mènent une lutte sans pitié pour le contrôle du territoire, n’hésitant à éliminer tous ceux qui pourrait leur barrer la route.
Joseph Coughlin, petit malfrat indépendant, refuse catégoriquement de s’inféoder à l’une d’elle, préférant garder sa liberté d’action et de pensée sans trop en mesurer les conséquences. Mais, rattrapé par ses fautes, il va pourtant devoir endosser un rôle dans cette guérilla, sans pour autant oublier les motifs personnels qui l’animent…
Avis de Manu
Autant que son statut d’acteur, parfois malmené, la carrière de Ben Affleck comme metteur en scène n’a pas toujours fait l’unanimité, et ce malgré les qualités inhérentes de ses 3 premiers films. Dans Live by night le jeune réalisateur peine un peu à se détacher des figures tutélaires auxquelles il tente de rendre hommage, et sans pour autant piller le fond de catalogue de ces références. Il faut probablement creuser un peu plus pour entrevoir une certaine sincérité dans son cinéma, à défaut d’y trouver, pour l’instant, la réelle constance d’une patte cinématographique qui ferait peu ou prou de lui un véritable auteur.
Live by night, nouvelle adaptation d’un roman de Dennis Lehanne après Gone baby gone, ressemble tout d’abord parfaitement à son metteur en scène. Ainsi, Ben Affleck retrouve son Boston rural (Gone baby gone donc, mais également The town), sa peinture criminelle urbaine, pour l’inscrire cette fois dans les années 20, la Prohibition en tête de gondole. Il ne faudra pas chercher un sous-texte ici, Live by night semble être son film le moins subtil et le plus faible de sa courte filmographie. L’origine du problème étant l’effet multi-casquettes que s’offre Affleck sur ce film (producteur, scénariste, réalisateur et acteur), le trop plein semble atteint. Non par manque de charisme mais l’acteur imprègne moins l’écran que dans ses derniers films ; alors que Leonardo DiCaprio (également producteur) devait jouer le rôle principal. Majeur défaut qu’on pourrait attribuer au film.
Ben Affleck n’a jamais vraiment cherché à produire un cinéma d’effets et rarement de fond, il serait donc illégitime de le rendre coupable de livrer un film de genre « naïf ». Et si Live by night souffre d’approximations c’est plus en comparaison à ses contemporains qui s’attaquaient au même genre, aux mêmes sujets, que pour la qualité même du film qui, elle, dans une moindre mesure, est bien présente. Décors, costumes, photographie, tout est réuni pour que le film prenne un certain relief. Oui, l’ensemble n’est pas d’une originalité sans faille et manque de ce charisme qui inscrit les films dans les mémoires, mais tout se déroule comme dans un (le) roman et se laisse suivre comme l’odyssée d’un gangster dans les années 20. Et là où le plus grand nombre semble rechercher d’autres ambitions, Ben Affleck semble lui, simplement vouloir se fondre dans un genre plutôt que de faire un film étendard; à ce titre Live by night est plus que regardable et à défaut de rester dans les mémoires s’avère être un divertissement solide, quand les 3 précédents films du réalisateur étaient eux, il est vrai, les films d’un auteur en devenir. On prendra donc son dernier long métrage comme une sortie de route, une échappée légère qui contraint Ben Affleck à faire mieux la prochaine fois. En attendant, Live by night se regarde comme un honnête polar, bien tenu, à défaut d’une immense brillance figurative (trop attendue). C’est déjà ça.