Toby, un jeune réalisateur de pub cynique et désabusé, se retrouve pris au piège des folles illusions d’un vieux cordonnier espagnol convaincu d’être Don Quichotte. Embarqué dans une folle aventure de plus en plus surréaliste, Toby se retrouve confronté aux conséquences tragiques d’un film qu’il a réalisé au temps de sa jeunesse idéaliste: ce film d’étudiant adapté de Cervantès a changé pour toujours les rêves et les espoirs de tout un petit village espagnol. Toby saura-t-il se racheter et retrouver un peu d’humanité? Don Quichotte survivra-t-il à sa folie? Ou l’amour triomphera-t-il de tout?
Film présenté hors compétition au 71ème Festival de Cannes
L’avis de Manu
Enfin, après des années de houle, d’une production sulfureuse et chaotique, le Don Quichotte tant rêvé de Terry Gilliam voit enfin le jour en salles. Maître de son cinéma, fantasque comme rêveur, le cinéaste a depuis des années laissé le spectateur un peu sur sa fin, en dénote ses derniers films Zero Theorem, Tideland, L’imaginarium du Docteur Parnassus (endeuillé de Heath Ledger)… Et dans cette enclave cinématographique L’Homme qui tua Don Quichotte prend des airs de petit plaisir affectif. En effet, difficile de reprocher à Gilliam sa sincérité, et au final son film a les défauts de ses qualités.
Proposition de ce que peut-être le rêve et la création, lecture généreuse, libre mais ampoulée du travail de réalisateur, le film est « tout et trop » à la fois. Il en ressort cependant un charme fou, au montage étrange, boiteux, mais terriblement magnétique dans son ensemble quand Gilliam revêt son habit de metteur en scène pour filmer comme personne ses idées chaotiques, mettre en image le bordel incessant de son cerveau. Un condensé dans tous les sens, trop généreux et qui déborde constamment de l’ensemble de son cinéma sur le plan formel et une proposition maladroite et décousue dans le fond de ce que pourrait être la vie d’un cinéaste et son rôle dans le 7ème art. Peu évident mais terriblement attachant dans le fait que ce film ait enfin pu voir le jour, au dépens de toutes cohérences, du Gilliam pur jus, les années ayant un peu altérées sa condition de réalisateur. On aime ou on déteste.