Synopsis : Après un week-end comme tant d’autres, Martin Modot et sa famille vont prendre le train en gare de Deauville quand le destin les frappe. Au cours d’un hold-up, trois voyous tirent sur un homme qui riposte. Les voyous s’affolent et tirent aveuglément sur la foule. La femme, la fille et la mère de Martin Modot sont tués. Son père est grièvement blessé. Martin Modot ne vit plus alors que pour retrouver les coupables. Un soir, il est contacté par un certain Miller, président d’une association d’autodéfense, personnage fanatique qui ne parle que de vengeance. Déçu par la police inefficace et malgré son aversion pour ce genre d’association, Martin Modot finira par faire appel à Miller.
Après avoir ravi les amateurs de westerns, ainsi que de l’âge d’or hollywoodien, avec ses collections Hollywood Westerns ainsi que Hollywood Legends, l’éditeur français ESC est de retour avec une toute nouvelle collection dédiée aux polars : Le 36. La collection « Le 36 », en référence au 36 quai des orfèvres, souhaite revenir sur les moments forts du polar français typé années 80. Ainsi, pour l’une des ses premières sorties, l’éditeur français nous propose Légitime Violence de Serge Leroy.
L’article se déroulera en deux parties :
I) La critique de Légitime Violence
II) Les caractéristiques techniques de l’édition Blu-ray
L’avis de Quentin :
I) La critique de Légitime Violence
Au début des années 80, 1982 plus exactement, le spécialiste du polar français Serge Leroy (La Traque) vient clôturer la dernière grande vague du genre avec Légitime Violence. Une oeuvre se voulant orientée politique et dépassant le cadre de l’enquête policière. Il reprend les grands chemins du film de vengeance. Il rappelle le célèbre Un Justicier Dans La Ville. On y suit un homme ayant perdu toute sa famille lors d’une attaque politique. Il va alors se retrouver à la croisée des chemins entre l’institution policière, les associations de justice de rue et sa volonté de vengeance.
L’empreinte politique du film se veut beaucoup moins virulente et tranchée que chez Mocky (Solo), mais pour autant parvient à dénoncer certains excès de pouvoirs dans les sphères les plus hautes de l’Etat. Il faut rappeler que nous sommes à la fin des années 80, et que le cinéma politique et social radical des années 70 est bien derrière. Néanmoins le long-métrage revient sur l’invasion du pouvoir exécutif au sein du pouvoir judiciaire, neutralisant la séparation des pouvoirs. De cette manière, le cinéaste peint une police ripoux ne s’arrêtant pas seulement à ses agents de patrouille mais remontant jusqu’aux dirigeants les plus gradés.
Face à cette institution corrompue, se modèle des associations de rue, réclamant une réelle justice, allant jusqu’à traîner les forces d’état devant les juges ou bien faire avancer le travail de la police. Ils réclament de cette manière une justice populaire. Cette dualité dessine une France divisée entre le peuple et le pouvoir établi, la navette démocratique ayant été totalement été abandonnée. Le film est d’ailleurs plus que jamais d’actualité et n’a rien perdu de son propos.
Légitime Violence permet de réhabiliter certains acteurs français s’étant perdu ces dernières années dans la comédie française potache que cela soit Claude Brasseur (Camping) ou bien Thierry Lhermitte (Les Bronzés 3). On redécouvre avec un plaisir merveilleux la force et l’ardeur du jeu de Brasseur qui ne recule en aucun cas face à la violence. Légitime Violence au-delà d’être un polar de qualité permet aujourd’hui de nous rappeler la rugosité de certains acteurs français.
Le film use également de la présence de Plastic Bertrand, servant à la sortie du film de tremplin promotionnel afin d’attirer le jeune public dans les salles et dynamiser le polar commençant à s’essouffler dans les salles. Lorsque l’on revoit le film de nos jours, la présence du chanteur apporte plutôt une touche kitsch qui saura ravir les amateurs du genre et ouvrira le film à de nouveaux publics à la recherche d’objets filmiques rétro.
Le rythme du film a été parfaitement dosé, laissant son heure et demi défilé en un battement de cils. On se sent immédiatement pris dans le piège institutionnel dans lequel se retrouve Claude Brasseur. Serge Leroy sait à merveille entretenir le suspense et propulser le polar à des sphères bien plus lointaines, pouvant parfois même se vanter d’être précurseur du reconnu Le Fugitif de Andrew Davis, nous offrant de beaux moments de fulgurance sans concessions.
De plus, le réalisateur remarquable dans sa mise en scène fait côtoyer l’avancée des recherches du héros avec une nuit de plus en plus noire et inhospitalière. Le long-métrage nous menant à la fois dans les tripes et les ruelles les plus organiques de la ville, tout en allant de découverte en découverte autour d’un pouvoir rongé et sali par de nombreuses années de corruption.
En soit, Légitime Violence est un très bon polar, un film réussi, pouvant se targuer d’être un des portes étendards du genre. Il a dépassé les années ainsi que son public de niche pour s’offrir à nous telle une gourmandise interdite. Une oeuvre à découvrir ou bien même à redécouvrir avec tout l’intérêt qu’il se doit.
II) Les caractéristiques techniques de l’édition Blu-ray
Image :
Esc nous propose un très beau master haute définition. Le grain de la pellicule a été conservé appuyant le caractère rugueux de l’oeuvre tout en ayant mené un très beau travail autour du piqué, offrant de très belles définitions sur le visage des personnages. La colorimétrie assez sombre se veut parfaitement ajustée au format et donne une nouvelle jeunesse au film. Les contrastes ont également été revus donnant un teint pétrole aux rues, appuyant sur l’analyse d’un pouvoir corrompu, sacrifié.
L’éditeur français nous propose une copie à la hauteur des attentes et nous donne même plus !
Note image : 4,5/5
Son :
Le son également a été superbement mis en avant avec sa piste française DTS-HD 2.0. Dès les premières secondes du film sur des notes de Plastic Bertrand, le film prend son envol et nous offre une belle spatialisation. De plus, l’équilibrage effet sonore et voix est très bien balancé nous permettant de pleinement profiter de l’atmosphère du film ne saturant jamais que cela soit dans les graves ou bien les aigus. Les coups de feu et scènes d’actions sont très bien restitués, on s’y croirait.
Une très belle manière de célébrer le grand retour du polar !
Note Son : 4/5
Suppléments :
Enfin, ESC pour nous parler du film ne nous offre qu’un seul supplément d’une dizaine de minutes avec une interview de Véra Belmont, productrice du film. Elle revient sur le polar et son évolution au cours des années, parlant de l’âge d’or du genre jusqu’à sa dégénérescence actuelle et le format télé. La productrice de 86 ans reviendra sur l’histoire de la production du film et les différents éléments de ce dernier qui avaient retenu son attention à l’époque. Elle explique également de quelle manière a été choisi Claude Brasseur. Un savoureux supplément qui se trouve être un peu court.
Un très bon bonus qui nous laisse sur notre faim, tant nous voulions en savoir sur ce très bon Légitime Violence.
Note suppléments : 2,5/5
Espérons désormais qu’ESC parviendra à remettre au goût du jour le polar, et que ces derniers avec leur collection « Le 86 » connaîtront un succès similaire au regain d’intérêt qu’a su susciter Le Chat Qui Fume pour les giallos. On l’espère grandement !