Après quatre années de séparation, Ahmad arrive à Paris depuis Téhéran, à la demande de Marie, son épouse française, pour procéder aux formalités de leur divorce. Lors de son bref séjour, Ahmad découvre la relation conflictuelle que Marie entretient avec sa fille, Lucie. Les efforts d’Ahmad pour tenter d’améliorer cette relation lèveront le voile sur un secret du passé.
Film présenté en compétition officielle au 64ème Festival International de Cannes
Asghar Farhadi s’est fait connaître en France avec le succès critique et public de A propos d’Elly avant que la reconnaissance hexagonale et internationale n’adviennent avec Une séparation.
Définit avec facilité comme des thrillers sociaux ses films parlent avant tout des rapports humains et de leur complexité, de l’incompréhension parfois convenu par des non-dits.
Ce qui se dégage de sa dernière réalisation est évidemment la force d’écriture qui caractérise presque tous ses scénarios. Sous fond de thriller sentimental Asghar Farhadi propulse le spectateur au cœur d’une famille dont les secrets sont uniquement le fruit de silences, d’actes cachés, de peur d’énoncé une vérité.
Dans ce labyrinthe des sentiments et de désaccords le réalisateur mène son récit d’une main de maître. Évidemment ce n’est pas la subtilité de A propos d’Elly mais un travail conséquent se fait ressentir sur les divers chemins sentimentaux que le film dessine. Or ce n’est pas l’unique force d’Asghar Farhadi qui, lors de prouesses visuelles, montre toute la délicatesse qu’il peut avoir pour capter des instants profonds, cruciaux et les magnifier.
Les coups de théâtre sont toujours présents et marquent encore plus le savoir-faire du réalisateur à ce jeu des sentiments, sans jamais tomber dans le cliché ou une certaine lourdeur ; on peut en outre lui reprocher cette répétition dans la manière de faire dans et à chaque film. Ce qui fait la force de son cinéma est ici décuplé jusqu’à l’étouffement. La forme même de son récit, dans de rares moments, arrive à procurer un sentiment de surplus qui n’était pas nécessaire. Ce qui frappait avec justesse dans ses précédentes réalisations mène ici, rarement, à une chape étouffante (presque tous les protagonistes cachent une dépression), on reste cependant admiratif devant sa propension à traduire autant en mots qu’en silence le mal être de ses personnages.
Car Asghar Farhadi dirige ses comédiens avec la minutie et l’intelligence que son scénario demande. Bérénice Béjo s’avère même un choix beaucoup plus judicieux que Marion Cotillard qu’on aurait eu bien du mal à voir d’origine iranienne. Tahar Rahim, Ali Mosaffa, comme les trois enfants, brillent de la même manière dans cette mécanique des sentiments, teintés finalement d’une humanité profonde.
Le passé s’avère être une nouvelle belle réussite qui mêle dans un récit intelligent, beauté, dureté des échanges et qui tente de prouver que les gestes, comme les mots, peuvent avoir des conséquences irrémédiables. Asghar Farhadi ne cherche pas à prouver quoique ce soit, il touche simplement le spectateur, en mêlant suspense, émotion, en tentant d’écrire au présent des réflexions simples pouvant dessiner notre comportement futur.