Marcel Marx, ex-écrivain et bohème renommé, s’est exilé volontairement dans la ville portuaire du Havre où son métier honorable mais non rémunérateur de cireur de chaussures lui donne le sentiment d’être plus proche du peuple en le servant. Il a fait le deuil de son ambition littéraire et mène une vie satisfaisante dans le triangle constitué par le bistrot du coin, son travail et sa femme Arletty, quand le destin met brusquement sur son chemin un enfant immigré originaire d’Afrique noire.
Quand au même moment, Arletty tombe gravement malade et doit s’aliter, Marcel doit à nouveau combattre le mur froid de l’indifférence humaine avec pour seules armes, son optimisme inné et la solidarité têtue des habitants de son quartier. Il affronte la mécanique aveugle d’un Etat de droit occidental, représenté par l’étau de la police qui se resserre de plus en plus sur le jeune garçon refugié.
Il est temps pour Marcel de cirer ses chaussures et de montrer les dents.
Film présenté en compétition officielle au 64ème Festival International de Cannes
L’avis de Fabien
Le finlandais Aki Kaurismäki qui avait remporté le Grand Prix du Jury en 2002 avec L’homme sans passé a exporté son imaginaire décalé et poétique en France, précisément au Havre pour une savoureuse étude de caractères où nous croisons un commissaire sensible (Jean-Pierre Darroussin), un cireur de chaussures altruiste André Wilms), un enfant immigré originaire d’Afrique noire, un vieux rocker en plein come-back.
Avec ce ton si particulier qui fait tout le sel de sa filmographie, mélange d’absurde festif et de mélancolie teintée de nostalgie se matérialisant par le choix de décors vintage des 70’s, Kaurismaki évoque le sujet des réfugiés clandestins à travers l’histoire d’un homme modeste se prenant de sympathie pour un jeune sans-papier au point d’entrainer tout un quartier dans un geste solidaire qui pourrait lui sauver la vie.
Kaurismaki a voulu proposer avec Le Havre un conte semi-réaliste, le résultat entre réalisme poétique en hommage au cinéma français des années 30 et fable optimiste où les miracles peuvent advenir est très sympathique et attachant.
