Pour sa première réalisation, l’écrivain Frédéric Beigbeder adapte son propre roman L’amour dure trois ans pour une romcom qui ne manque ni de panache ni de peps.
Dès l’ouverture Beigbeder multiplie les bonnes idées de mise en scène pour dynamiser le récit commun d’une inespérée rencontre amoureuse (un romancier cynique et quelque peu dépressif s’éprend, alors qu’il ne croyait plus à l’amour, d’une jeune femme solaire) : incrustation de mémos à l’écran, dialogues face caméra, fausses interviews des personnages principaux, variations sur le thème du rendez-vous amoureux dans une même scène…De plus la mise en abîme du livre L’amour dure trois ans est source d’une auto-dérisionassez efficace de la part de l’auteur-réalisateurqui marrie avec générosité et efficacité réflexions existentielles à la Woody Allen, comique de situationempruntant autant à Judd Apatow qu’à Billy Wilder.
Beigbeder place ses dialogues affûtés entre maximes cyniques et déclarations romantiques dans la bouche de Gaspard Proust, convaincant alter-ego de l’écrivain qui a rédigé ce texte en période de divorce. Face au comédien de stand-up, en léger déficit de charisme il faut bien le reconnaître face à ses collègues, Louise Bourgoin rayonne; pétillante, on imagine sans mal que Marc Marronnier renonce à ses théories désespérées sur l’amour pour tenter l’aventure avec elle. Décidément bien entouré, Proust peut compter sur Joey Starr, Jonathan Lambert, Frédérique Bel, Valérie Lemercier, Nicolas Bedos ou encore surprise Bernard Menez pour relancer la machine comique quand celle-ci mollit dans le dernier tiers.
Mais Beigbeder aligne de nombreuses situations amusantes et interventions savoureuses de personnages secondaires pour maintenir dynamisme et pétillanceà son film jusqu’à sa conclusion romantique sur une composition de Michel Legrand où le personnage principal qui avoue fondre en larmes devant Peau d’âne y est terrassé à nouveau, contre toute attente, par le sentiment amoureux.
L’amour dure trois ans est une comédie enlevée et réjouissante pleine d’auto-dérision où la qualité d’écriture (des dialogues littéraires qui claquent) va de pair avec une mise en scène tonique mettant en valeur son beau casting.
Test blu-ray
Le transfert est impeccable avec des couleurs éclatantes, un piqué pointu révélant de nombreux détails.
La piste sonore DTS-HD Master Audio 5.1 offre une bonne spatialisation.
Bonus
Cette édition blu-ray avec DVD du film inclus est proposée par FPE.
Débutons la section bonus par une série d’interviews, assez courtes et d’intérêt limité exceptée celle plus intéressante de Beigbeder.
Louise Bourgoin (5′) s’exprime sur son personnage, son travail avec Beigbeder, l’art de l’improvisation et la vision de l’amour de son réalisateur. Gaspard Proust (3′)évoque lui aussi sa collaboration avecBeigbeder et donne sa définiton du romantisme. Dans son entretien Frédéric Beigbeder (8′) parle du processus d’adaptation de son propre texte (« être son propre traître »), son amour des comédies américaines avec Peter Sellers et Cary Grant, son expérience de la pub où il a pris goût à l’ambiance des tournages. Il y avoue avoir voulu « faire un film élégant et marrant ». Enfin Beigbeder donne sa définition du romantisme qui, à la base, n’est « pas quelque chose d’optimiste ».
12 scènes coupées commentées par le réalisateur (18′) sont ensuite proposées. Dans l’ensemble il s’agit de bonne scènes mettant en valeur les seconds rôles, Jonathan Lambert, Frédérique Bel et…Marc Lévy, finalement au générique de fin !
Le bonus le plus amusant est la parodie de l’émission « Le cercle » avec Beigbederdans un jeu d’auto-dérision vraiment réussi.
Puis une série de courtes featurettes finissent de remplir la galette :
L’amour dure trois ans, vraiment ???, sorte de micro-trottoir où membres de l’équipe technique, figurants s’expriment sur cette grande question, Les potes (2′) ou le plaisir de tourner avec des amis selon Beigbeder et aperçu de l’avant-première (5′) parisienne au Grand rex le 07 janvier 2012.