Jason Bourne a longtemps été un homme sans patrie, sans passé ni mémoire. Un conditionnement physique et mental d’une extrême brutalité en avait fait une machine à tuer – l’exécuteur le plus implacable de l’histoire de la CIA. L’expérience tourna court et l’Agence décida de le sacrifier.
Laissé pour mort, Jason se réfugie en Italie et entreprend une lente et périlleuse remontée dans le temps à la recherche de son identité. Après l’assassinat de sa compagne, Marie, il retrouve l’instigateur du programme Treadstone qui a fait de lui un assassin et l’a condamné à l’errance. S’estimant vengé par la mort de ce dernier, il n’aspire plus qu’à disparaître et vivre en paix. Tout semble rentré dans l’ordre : Treadstone ne serait plus qu’une page noire ? une de plus – dans l’histoire de l’Agence…
Mais le Département de la Défense lance en grand secret un second programme encore plus sophistiqué : Blackbriar, visant à fabriquer une nouvelle génération de tueurs supérieurement entraînés. Jason est, pour le directeur des opérations spéciales, une menace et une tache à effacer au plus vite. Ordre est donné de le supprimer. La traque recommence, de Moscou à Paris, de Madrid à Londres et Tanger…
L’avis de Fabien
Avec le trépidant La vengeance dans la peau se clôt l’excellente trilogie des aventures cinématographiques de Jason Bourne, l’espion amnésique ex-tueur de la CIA créé par Robert Ludlum et interprété par Matt Damon.
Sorti en 2002 La mémoire dans la peau réalisé par Doug Liman a remporté un succès assez inattendu (un film d’espionnage à l’ancienne, réaliste, grisâtre avec un personnage torturé joué par un acteur pas encore bankable) confirmé par La mort dans la peau deux ans plus tard.
Réalisé par l’anglais Paul Greengrass (Sunday Bloody Sunday, Vol 93), déjà réalisateur du second volet, La vengeance dans la peau répond, après un voyage express autour du monde ponctué par trois scènes d’actions démentes, à beaucoup de questions sur l’identité de Bourne tout en laissant en suspens quelques interrogations (la porte ouverte vers un quatrième volet annoncé récemment en cours d’écriture par Damon).
La réussite de cette trilogie tient tout d’abord à l’écriture de ce personnage d’espion, à des années lumière d’un autre J.B sévèrement amidonné avant que Casino Royale ne corrige le tir, attachant car torturé et duel : jadis un tueur froid et méthodique, désormais un être honnête et compatissant en quête de rédemption et de vérité.
Avant de faire, à New-York où tout a commencé, la pleine lumière sur son passé et ses débuts de tueur pour la CIA , Bourne, en animal traqué dans un monde sans frontière et ultra-surveillé, cavale de Moscou à New-York en passant par Londers et Tanger à la recherche de ses origines.
Greengrass comme dans ses précédents films multiplie les points de vue sur les forces en présence : la quête mouvementé de Bourne chassé / chasseur aux quatres coins du globe et le jeu perfide de pouvoir et de manipulation dans les bureaux de la CIA. De cette course-poursuite mondiale effrénée se dégage un sentiment anxiogène très bien relayé par la réalisation hyper-réaliste de Greengrass : où qu’il se trouve sur la planète Bourne sera traqué par ses anciens employeurs rongés par la paranoïa qui, aidés par un arsenal technologique de surveillance imparable, ont, ou bien plutôt pensent avoir, la réalité sous contrôle (le 11 septembre a démontré la faillibilité du système).
Pour traduire ce sentiment d’urgence et d’insécurité propre au trajet de Bourne Greengrass a repris son procédé de mise en scène fétiche, la caméra à l’épaule. En documentariste la caméra est placé au coeur de l’action pour un effet de réel saisissant et la crédibilité de l’action. La recherche de réalisme se traduit par une action brute et sèche dans les combats rapprochés, des cascades exécutées en live (les plans de crash automobile où la caméra est dans la voiture font très mal). Trois séquences de poursuite monstrueuses avec pour dénominateur commun une action viscérale relayée par un montage nerveux encadrent le film : Londres, gare de Waterloo, sur les toits de Tanger et épisode final à New-York.
La réalisation percutante toujours plus affinée de Greengrass, le jeu rugueux et subtil de Matt Damon ainsi que le scénario ingénieux de Tony Gilroy (la trame de ce troisième opus vient en fait s’insérer, pour l’essentiel, entre l’avant-dernière scène et la dernère scène de La mort dans la peau !) font de ce troisième volet le sommet d’une trilogie passionnante qui a renouvelé, par son parti-pris réaliste et son héros tourmenté loin des actions movies déconnants et invraisemblables pondus à la chaîne par Hollywood, le cinéma d’action et d’espionnage.
La vengeance dans la peau est disponible à l’unité, en coffret trilogie et coffret Jason Bourne-L’intégrale chez Universal.