A la mort de son oncle, Elizabeth Balljanon, accompagnée de Jack, son fiancé, journaliste, et d’un couple d’amis, se rend dans le sud de la France pour la lecture du testament. Unique héritière, Elizabeth se retrouve propriétaire du château des Balljanon et des terres environnantes. Mais une malédiction ancestrale semble planer sur la famille et, chaque nuit, la jeune femme est en proie à de terribles cauchemars dans lesquels un homme masqué la torture dans les catacombes…
L’avis de Margaux
La bambola di Satana, en français La poupée de Satan, est l’unique réalisation de l’italien Ferruccio Casapinta. Le Chat qui fume nous offre aujourd’hui la possibilité de découvrir ce film disons…assez curieux. Difficile après coup de le ranger dans une catégorie, en particulier celle du giallo. Le film donne l’impression d’aller piocher dans tous ce qui était produit à l’époque dans le cinéma d’exploitation transalpin, et ce pour le meilleur et pour le pire. Rien à voir tout d’abord avec Satan, malgré le titre judicieusement accrocheur, pas de diable ni de possession. En revanche une poupée, oui : Elizabeth, incarnée par Erna Schurer (Nude per l’assassino), est l’héroïne du film, une jeune femme héritière du château de son oncle défunt.
La poupée de Satan navigue donc entre plusieurs eaux. Tout d’abord le film gothique : l’action se déroule en effet dans un immense château, nombre de séquences se passent de nuit, avec éclairs et orages évidemment au rendez-vous. La jeune femme va être en proie à d’horribles cauchemars dans lesquels un bourreau masqué la torture dans les sous-sols, nous ne sommes pas loin de toute l’imagerie gothique des films italiens des années 50/60. Le film se lance en même temps sur la voix du giallo notamment dans l’intrigue et l’utilisation de la machination. La gouvernante semble comploter pour récupérer le château. Un mystérieux personnage aux mains gantées assassine les habitants qui en savent trop. Finalement l’intrigue se clôture sur une pointe d’espionnage où la jeune femme jusqu’alors sans importance se révèle être une espionne sur la piste d’un suspect. Il n’est évidemment pas question d’oublier l’érotisme, la jeune Elizabeth (que l’on devine droguée avant chaque coucher) s’abandonne à ses fantasmes dans de récurrents rêves érotiques. Enfin, avec la malédiction dont il est question dans le château, plane sur le film une dimension presque fantastique. La poupée de Satan sort en 1969, année où le cinéma gothique italien n’est plus vraiment en vogue. Dario Argento sort à ce moment L’Oiseau au plumage de Cristal, grand succès qui va propulser le genre du giallo au sommet des productions d’exploitations italiennes dans les années 70. Le film de Casapinta se trouve donc là, à la croisée des genres. Le cinéaste tente alors de produire une œuvre suivant les tendances et ce parfois aux dépens du résultat final.
Côté mise en scène, ce n’est pas toujours une grande réussite : montage chaotique, raccords parfois inexistants, effets spéciaux parfois douteux comme ce filtre rose en premier plan sur une vue extérieure du château… Heureusement, certains aspects sauvent le film d’un point de vue formel, la photographie par exemple est une belle réussite. On apprend d’ailleurs que Francesco Attenni, directeur de la photographie, est en réalité celui qui a dirigé le film, en tout cas bien plus que Casapinta peu présent sur la technique. La lumière magnifie les décors et donne corps au film. La musique détonante, en rupture parfois avec l’ambiance des images, est intéressante. Du point de vue narratif, là encore, ce n’est pas une grande réussite. A cause des nombreuses directions que prend le film, la cohérence n’est pas vraiment de rigueur. Une autre des curiosités de La poupée de Satan : son générique. Fait de photogrammes du film, il va jusqu’à dévoiler les images de la résolution de l’intrigue ! Bref, tous ces défauts ne sont (étrangement) pas un frein à l’appréciation globale du film. En effet, malgré ses faiblesses, La poupée de Satan est un objet filmique curieux qui mérite qu’on s’y penche. La superbe restauration du Chat qui fume permet tout de même de se rendre compte du travail d’Attenni sur la photographie.
Technique
Le combo Blu-ray/DVD est, une nouvelle fois, un très bel objet. Le visuel du digipack en trois volets est une réussite. Pour l’image, Le Chat qui fume offre un très beau master, la HD met en valeur le travail sur la photographie, les couleurs sont vives et les noirs très intenses.
Le son est plutôt correct avec quelques défauts sur les dialogues mais pas de quoi avoir peur! Le film est disponible en version italienne mono 2.0 DTS.
Bonus
Côté bonus, une interview joliment titré « Satan l’habite » donne la parole à Francis Barbier (DeVilDead.com) qui nous donne ses impressions et nous livre quelques anecdotes sur le film (30′). Il résume d’ailleurs assez bien la situation : un film bancal mais attachant. Le film est également proposé avec la piste sonore isolée des dialogues.