La bataille de Guadalcanal fut une étape clé de la guerre du Pacifique. Marquée par des affrontements d’une violence sans précédent, elle opposa durant de longs mois Japonais et Américains au coeur d’un site paradisiaque, habité par de paisibles tribus mélanésiennes. Des voix s’entrecroisent pour tenter de dire l’horreur de la guerre ; les confidences, les plaintes et les prières se mêlent.
Avis de Fabien
Parmi les copies restaurées de cet été, le chef d’oeuvre de Terrence Malick, La ligne rouge, Ours d’or à Berlin en 1999, fait figure d’évènement.
Film de guerre métaphysique, La ligne rouge est un sommet de l’œuvre de Terrence Malick : la narration lyrique alternant flash-back mélancoliques (images d’amours déçus, de paradis perdu…), séquences au présent sur le quotidien de la guerre et voix-off interrogatives est au service d’une réflexion poétique d’une grande puissance émotionnelle sur la guerre et ses horreurs comme rarement vu au cinéma.
Procédé déjà utilisé dans les précédents films du maître Malick, la voix-off, ici polyphonique, questionne le sens de l’existence, se fait prière au gré d’une aventure humaine où individus et nature semblent souffrir de concert. Ainsi lors de la longue séquence de l’attaque d’une colline, la végétation luxuriante recueille la souffrance des soldats, de hautes herbes envahissant régulièrement le cadre. La violence des conflits contraste avec le cadre paradisiaque dont américains et japonais se disputent l’accès.
L’absurdité de la guerre n’a jamais été dénoncée avec autant d’inspiration artistique; la mise en scène d’une grande précision dans la composition des plans couplée à l’excellence d’un casting où les stars (John Travolta, George Clooney, Sean Penn) et les jeunes pousses (Jim Caviezel, Ben Chaplin, Adrien Brody) sont mis sur un pied d’égalité assurent à cette ligne rouge une place parmi les chefs d’œuvre du genre.