Cinq amis partent passer le week-end dans une cabane perdue au fond des bois. Ils n’ont aucune idée du cauchemar qui les y attend, ni de ce que cache vraiment la cabane dans les bois…
Avis de Manuel Yvernault :
Premier film pour Drew Goddard, provenant de « l’écurie » Joss Whedon , ici au scénario, La cabane dans les bois, tente dans un délicat exercice de style de renouveler le film d’horreur. Essai partiellement réussit, mais qui dans sa course éperdue de copie plutôt que d’hommage, s’écroule bien avant la ligne d’arrivée.
Tout commence assez mollement, un jeu caricatural des comédiennes, une mise en scène flirtant au plus proche de l’esbroufe que du savoir faire. On se dit alors que c’est une manière propre du réalisateur d’inscrire son film dans la catégorie B movie. Seulement, la suite s’avère tout autre et consigne immédiatement le film dans une copie fade des meilleures productions du genre.
Et puis le scénario, dans ses débuts (et plus), procure un côté attachant à l’ouvrage. On s’apercevra très tôt que cela s’arrête hélas à l’idée originale et non au développement même du scénario.
Alors que reste-t-il? cet essai malin de double lecture, qui dans sa suffisance se perd, d’un système hollywoodien en manque d’inspiration et jouant de plus en plus sur « les codes dans les codes dans un film »…on respire.
Naît alors la frustration d’un dernier acte inabouti, aux effets spéciaux très laids à l’heure où le tout numérique livre de sublimes « objets » visuels. Avant, sans rien dévoiler (nous avons découvert le film sans bande-annonce et vierge de tout synopsis), c’est un plaisir léger, non pas de réinventer le genre mais de l’écrire autrement, jouer avec le spectateur qui connaît depuis des années la possibilité de plans après un cut, les années ont en fait (presque) le tour.
Côté casting, rapide détour sur Fran Kranz qui dans son rôle d’ahuri réussit à montrer autre chose, pris comme par surprise. Et le plaisir de jeu du duo Richard Jenkins et Bradley Whitford parfaits dans leur rôle.
La cabane dans les bois fait partie de ce florilège trop récurent d’essais non transformés. Presque usant de se dire que l’idée de départ était « croustillante » et gâchée par une volonté de vouloir plaire dans du politiquement correct. Confirmé par les rares doses d’humour noir et petits clins d’œil bienvenus. Frustrant plus qu’effrayant, surtout quand on se dirige clairement dans un dernier plan proche du guignolesque.
Reste alors les cendres de toute la partie off de « la cabane », offrant au film la seule valeur qu’on peut lui trouver. Là où l’originalité laissait place à une copie bien emballée mais mal accoutrée.
L’avis de Fabien
Pur film de geek, scénarisé par Joss Whedon (Avengers) et Drew Goddard (Cloverfield), La cabane dans les bois avait de quoi intriguer avec son duo de scénaristes dans le vent et son accroche teaser percutante « Vous croyez connaître l’histoire, vous pensez déjà connaître la fin » couplée à une affiche mystérieuse.
Divisé en 3 actes, le récit est clairement un hommage aux films de terreur et d’horreur qui ont nourri la cinéphilie et le travail des deux hommes. Avec ce groupe de jeunes gens partis s’éclater dans une demeure perdue dans les bois, Drew Goddard, pour sa première réalisation, arpente les sentiers balisés du slasher avec ses codes narratifs (succession de disparitions et de meurtres, de la blonde écervelée à l’ intello outisder), ses codes esthétiques (noirs, brumes profonds et inquiétants) avec lesquels il s’amuse. Les références à Raimi, Romero, Roth se multiplient avec jubilation dans ce film malin qui paie tribut à ces maîtres du genre tout en essayant de proposer une alternative au récit classique d’horreur.
La nature de la menace, originale (nous n’en dirons pas plus par respect pour le travail des auteurs), se révèle en deux temps : très vite les scénaristes dévoilent l’identité des traqueurs, bien plus organisés et retors qu’à l’accoutumée!Puis dans le dernier acte est exposé le sens d’une telle entreprise sanguinaire : le film bascule alors dans le fantastique au risque de déséquilibrer les fondations échafaudées méticuleusement dans les deux premiers tiers. Ce virage fantastique s’accompagne malheureusement de scènes grand-guignolesques, d’effets numériques cheap dans ce qui ressemble à un pur fantasme de geek maladroitement plaqué sur une intrigue jusque là surprenante et bien tenue.
Si le dernier tiers tient difficilement la route force est de reconnaitre la tentative bienvenue du duo Whedon/Goddard de renouveler le genre.
Malgré un dernier acte raté sur le plan narratif comme visuel, La cabane dans les bois demeure une proposition cinématographique recommandable, ses auteurs biberonnés aux films d’horreur ayant un discours frais à la fois plein de respect et d’audace sur le genre.
Test DVD
Technique
Dans les limites du support, l’image SD est très convenable vu le nombre de scènes problématiques : le film présente beaucoup de scènes en basse lumière où le piqué est un peu en retrait et les contrastes moins marqués que dans le reste du métrage se déroulant en lumière artificielle ou en extérieurs (les premières minutes). Le grain cinéma présent (tournage en Super 35 mm) n’est nullement une gêne, bien dans l’esprit des classiques du film d’horreur (Evil dead, La Nuit des Morts-Vivants) auquel cette Cabane dans les bois rend hommage.
Les deux pistes Anglais Dolby Digital 5.1, Français Dolby Digital 5.1 offre un bon mixage avec musique, bruitages et voix.
Bonus
Débutons la section bonus, bien agencée, de cette édition DVD Metropolitan, par Les coulisses du tournage (27′)
Ecrit à quatre mains par Joss Whedon et Drew Goddard, des collaborateurs depuis 10 ans, La cabane dans les bois est présenté par son réalisateur comme « une lettre d’amour aux films d’horreur ».
Le réalisateur de ce film, Drew Goddard, révèle dans ce documentaire ses intentions : « Il ne faut pas corrompre un genre mais l’adopter tout en essayant de faire quelque chose de nouveau ». Il ajoute avoir voulu « faire du neuf et faire honneur à ses prédecesseurs ».
Joss Whedon, réalisateur heureux de Avengers, a cumulé deux casquettes sur ce film tourné au Canada : scénariste et réalisateur de seconde équipe. L’homme nous apprend que le tournage de la séquence finale dans un centre d’entrainement aéronautique a été plus difficile à mettre en boîte que tout le reste du film.
Sont ensuite proposés deux modules de making-of :
Maquillage (11′)
La volonté de Drew Goddard pour sa première réalisation était d’utiliser le moins possible d’effets numériques et images de synthèse. Ainsi un gros travail de maquillage et de création d’animatroniques a été effectué, en un temps limité apprend-on.
Les effets visuels (11′)
Les effets numériques ont été utilisés en dernier recours, pour ce qui était irréalisable avec les effets traditionnels. La dernière séquence a notamment mobilisé fonds verts et vidéos de pré-visualisation dans le but de proposer un mélange convaincant entre éléments du monde réel et infographie.
Dans le module La planque secrète, découpé en 2 brèves parties, des visites du plateau vous sont proposés par respectivement l’interprète de Marty, Fran Kranz et Joss Whedon dans La planque de Marty et Mon nom est Joss (5′).
Supplément sympathique, Wonder-con : rencontre avec Joss et Drew (26′) est la rencontre animée entre toute décontraction par un journaliste du L.A Times entre les deux architectes du film et le public.