Esc est de retour en ce début juin pour nous proposer un tout nouveau master du légendaire film de Mark DiSalle et David Worth : Kickboxer. Le film fait parti des premiers efforts musculeux de la star belge Jean-Claude Van Damme à la fin des années 80. Kickboxer devint rapidement une saga suivie de plus ou moins prêt par JCVD. Elle fut un succès retentissant à l’époque des vidéo-clubs et durant l’âge d’or de la VHS, devenant un chef de fil dans le cinéma d’arts martiaux. Depuis 2016, la licence connaît un nouveau départ avec Kickboxer : Vengeance puis plus récemment, Kickboxer : L’Héritage.
Nous reviendrons au cours de cet article sur le premier film de la licence avec le Kickboxer de 1988, suivi de l’analyse des caractéristiques techniques de l’édition Blu-ray du film.
L’avis de Quentin :
I) La critique de Kickboxer
Kickboxer est un film singulier dans le cinéma d’arts martiaux qui fait rage au cours des années 80. La seule existence de ce film permet d’expliquer la montée de JCVD au cinéma et son intronisation dans le panthéon du film d’arts martiaux. Il incarne la synthèse entre ce cinéma de genre allant des années 70 aux années 80 et participe à une adroite mixité entre les films asiatiques et hollywoodiens. Il permet de réconcilier les adorateurs de Bruce Lee aux inconditionnels de Sylvester Stallone, d’unir les gimmicks de Jackie Chan à la radicalité de Arnold Schwarzenneger.
Bien que fondamentalement porte étendard d’une culture américaine, hollywoodienne, Kickboxer est sans cesse volontaire lorsqu’il s’agit de rendre hommage aux fondateurs du genre que sont les productions asiatiques telles que celles de Lo Wei (La Fureur de Vaincre) ou encore Yuen Woo-Ping (Le Maître Chinois). On assiste de la sorte à un choc des cultures sportives avec d’un côté le Kickboxing et de l’autre la Muay Thai.
On arrive dans une approche dualiste de la discipline,mais également une critique politique, un reflet de l’amer bilan américain lors de la guerre du Vietnam. Nos héros américains, désirent ainsi se rendre en Thaïlande pour asseoir leur titre de champion du monde et affronter le champion de boxe local Tong Po. Néanmoins, la toute puissance de l’oncle Sam va se retrouver au tapis dès les premiers instants d’affrontement de la même manière que la campagne américaine au Vietnam qui s’avéra bien difficile et presque impossible pour la première puissance militaire mondiale au cours des années 70.
On y suivra le parcours initiatique d’un jeune karatéka voulant venger son frère, paralysé suite à un combat contre un champion de boxe thaïlandaise. Il va alors suivre les entraînements d’un ermite, pour apprendre la Muay Thai. On pense alors à de nombreux films de la Shaw Brothers avec ce professeur d’arts martiaux, vivant seul dans les montagnes. L’image de cet enseignement ancestral a traversé le cinéma du début du genre asiatique jusqu’au Kill Bill volume 2 de Quentin Tarantino avec le désormais célèbre Pai Mei.
Le film recèle de nombreuses scènes d’action permettant d’analyser les moindres gestes et techniques qui seront délivrées par JCVD. Les chorégraphies sont claires et permettent pour les amateurs d’arts martiaux de profiter d’une vraie fluidité lors des scènes d’affrontements. C’est d’ailleurs une des raisons de se réjouir de la ressortie de Kickboxer, il nous fait oublier nos piètres films d’actions modernes ne cessant de couper les plans et ne permettant plus réellement de voir l’action de manière détaillée. C’est un véritable petit bonheur de voir notre champion belge exceller dans la moindre de ses techniques et nous offrir de temps en temps un grand écart, marque de fabrique de la star.
Le point faible du film réside certainement dans son déroulement scénaristique ainsi que dans ses dialogues. Tout arrive de manière providentielle sans avoir presque aucune explication. Cependant, c’est peut être ce qui fait l’identité de ce film et plus largement du cinéma de Van Damme. Nous sommes venus pour l’action et nous en avons, le scénario ne servant qu’à amener les scènes de combats. Ce déroulé narratif apporte trente ans plus tard une véritable touche kitsch 80’s, inimitable aujourd’hui, renforcé par une bande-son mémorable. Un vrai plaisir coupable dont nous pouvons nous délecter lorsque bon nous semble. Une tranche d’une décennie folle où l’amusement et l’impulsion permettaient de créer des films tels que Kickboxer et des groupes tel que Mötley Crue.
Kickboxer est peut-être une des synthèses les plus concluantes du cinéma d’arts martiaux 70/80, reprenant les codes qui ont fait le succès du genre autant aux Etats-Unis qu’en Asie, pour délivrer un hommage plaisant ainsi qu’une dérision inhérente au cinéma de Jean Claude Van Damme. Un véritable bonheur de redécouvrir cet incontournable de la filmographie de l’acteur belge dans de telles conditions.
II) Les caractéristiques techniques de l’édition Blu-ray
Image :
Après de nombreuses éditions assez inégales, ESC arrive pour nous proposer le master le plus percutant et performant qui puisse exister à ce jour. L’image est nette, le piqué a été travaillé de manière intelligente nous faisant profiter des merveilleux paysages thaïlandais avec une belle profondeur. Seul reproche, l’image se fait un peu pâle durant certaines scènes, faute à un lissage intensif tendant à faire perdre le moindre grain à la photographie donnant par moment une atmosphère surréaliste au film. Néanmoins, il reste la meilleure condition pour découvrir ou revoir Kickboxer à l’heure actuelle.
Note Image : 3,5/5
Son :
L’éditeur parisien nous propose deux pistes sonores :
- Une version originale Dts-HD 5.1 : La VO offre une spatialisation qui a été réajustée de manière postérieure au film. Ce master est plaisant mais sonne parfois creux, n’ayant pas été pensé pour couvrir cinq sorties indépendantes. Néanmoins l’équilibrage entre les effets sonores et la voix sont respectés et offrent un beau spectacle.
- Une version française Dts-HD 2.0 : La version française, quant à elle, nous surprend avec sa sortie 2.0 d’origine parvenant parfaitement à nous plonger dans les meilleures conditions pour voir le film et intégrer totalement ce dernier. Cependant, comme souvent, la voix couvre une partie des effets sonores mais ne boudons pas notre plaisir face à cette VF légendaire pour bon nombre de cinéphiles.
Note Son : 3,5/5
Suppléments :
ESC pour terminer son édition Haute Définition de Kickboxer nous propose quatre suppléments pour mieux cerner le film. Quatre bonus venant d’horizons différents et pourtant fondamentaux pour comprendre le phénomène Van Damme :
- Un entretien avec Jean Claude Van Damme : JCVD revient sur les premières années de sa carrière. Filmé dans une salle de sport, l’acteur belge prend du temps pour nous parler de son enfance, son premier film, et nous offre un long moment pour expliquer l’importance de Bloodsport dans sa filmographie, un véritable tremplin. Enfin il comparera Bloodsport et Kickboxer sur leur approche de la discipline que sont les arts martiaux, puis nous parlera de manière très brève de The Tower, son prochain film qu’il réalisera et interprétera. Néanmoins, la prise son du bonus n’est de très bonne qualité.. Mais quel bonheur d’entendre le grand JCVD.
- Un premier entretien avec Eric Zeïtoun : Le spécialiste en Muay Thaï revient sur les techniques de combat utilisées dans le film et va les décomposer pour donner une leçon aux spectateurs du film. Cette interview est particulièrement pertinente et intéressante, faisant passer les spectateurs d’un rôle passif à une position active.
- Un second entretien avec Eric Zeïtoun : Le spécialiste en Muay Thaï revient cette fois ci sur la succes story qu’aura été Kickboxer autant dans le milieu sportif que touristique pour la Thaïlande. Il parlera également de ses différentes rencontres avec Van Damme, nous donnera quelques petites anecdotes amusantes. Zeïtoun plein de bonnes volontés ne cessent de vouloir montrer tout l’amour qu’il porte au film et aux répercussions incroyables qu’a eu ce dernier. Cependant, il se perd parfois dans ses explications et en devient légèrement brouillon. Une belle initiative qu’ a pris ESC, en ne faisant pas uniquement parler des professionnels du septième art mais aussi des fans et spécialistes des arts martiaux.
- Un entretien avec Hélène Merrick : L’éditeur parisien part à la rencontre de « La Fille de Starfix », critique de cinéma reconnue et amie de JCVD. Elle revient durant une vingtaine de minutes sur son amitié avec l’acteur et nous racontera de nombreux souvenirs et anecdotes. Un supplément touchant nous donnant l’impression d’avoir vécu une tranche de la vie de l’acteur belge.
Note Suppléments : 3,5/5