Fils de magistrat, Hank Palmer, grand avocat, revient dans la petite ville de son enfance, où son père, qu’il n’a pas revu depuis longtemps, est soupçonné de meurtre. Il décide alors de mener l’enquête pour découvrir la vérité et, chemin faisant, renoue avec sa famille avec laquelle il avait pris ses distances …
Avis de Manuel :
Depuis Serial Noceurs nous n’avions plus trop entendu parler de David Dobkin, et ce malgré son activité Outre-Atlantique. Ce dernier tente l’aventure du film dramatique dans ses grandes lignes classiques, et qui plus est au plus proche du film de procès, genre dont le cinéma américain a durant des années imposé ses propres codes, et en est devenu maître.
Sauf que Le Juge n’est pas un film de procès. C’est un simple drame à l’écrin plus télévisuel que cinématographique. Coupable de ce parjure, David Dobkin lui-même.
Heureusement, porté par deux acteurs toujours en grande forme, l’édifice ne s’écroule pas mais reste bancal. Si on ne peut rien reprocher à Robert Duvall, il n’en n’est pas de même pour Robert Downey Jr., en totale roue libre, notamment la première demi-heure ; il fait résonner ses prestations cabotines de Mister Iron Man dans plusieurs séquences, pas insupportable mais mal venu. Question direction d’acteurs on fera donc appel. Mais le principal accusé corrige au moins ça lors des scènes dramatiques et parvient à se sortir de ce faux pas.
La question qu’on peut cependant se poser est comment un réalisateur si bien entouré peut livrer un film à la teneur aussi fade et plutôt longue ? Le Juge s’égare souvent dans de nombreuses scènes inutiles. En effet, entouré du directeur photo de Steven Spielberg, Janusz Kaminski et Thomas Newman comme compositeur (qui illustre les principaux films de Sam Mendes entres autres), David Dobkin, directeur d’acteurs d’un casting efficace de comédiens avertis, ne réussit à aucun moment à emporter par ses choix le spectateur dans un élan dramatique, venu ici, au moins pour succomber à la joie du suspense, sinon d’une tragédie dont les enjeux finaux seraient surprenants.
A l’inverse, ici, rien, tout ou presque transpire la naphtaline, aucune surprise alors qu’on se dirige vers un final convenu, comme une sentence qu’on sentait venir depuis la première accusation. Si le jury ne se trompe pas dans son verdict, le spectateur risque de suivre le même chemin, et de ne trouver que très peu de circonstances atténuantes à ces 2h30 de cinéma parfois dépassé. Reste comme alibi, le plaisir de voir s’affronter Robert Duvall et Robert Downey Jr., et dans ce rôle de faire valoir, la tenue d’ensemble des principaux témoins de cet échec, n’a que peu de poids dans notre verdict. David Dobkin, guilty !