Depuis des années, Conrad Lang vit aux crochets de la riche famille Senn. D’abord camarade d’enfance de Thomas, puis gardien de leur maison de vacances à Biarritz, ils l’utilisent comme bon leur semble et lui s’en satisfait.
Mais lorsque son état de santé se dégrade, lorsqu’il se met à raconter à Simone, jeune épouse de l’héritier Senn, des souvenirs d’enfance qui ne collent pas tout à fait à l’histoire officielle de la famille, Elvira, la matriarche, se montre étrangement menacée. Comme si ce vieux fou inoffensif portait en lui les moyens de la détruire.
C’est alors qu’entre Conrad et Simone va naître une amitié étrange, amenant la jeune femme à faire face, pour lui, à une Elvira bien plus dangereuse qu’il n’y paraît.
L’avis de Nikkyta B. :
Dans Je n’ai rien oublié, Bruno Chiche arrive à abolir la traditionnelle facture fade française, pour nous offrir un film aux allures de drame britannique. Sur fond de secret de famille (sujet à la mode), ce film est un prétexte à nous parler de solitude, et absence.
Depardieu, toujours aussi poignant, joue ici le rôle d’un oublié dont l’esprit va tout à coup effacer un présent un peu trop pesant. En revanche, ce qu’il n’oubliera pas c’est le temps où il « existait » dans un milieu aimant, un passé où il « existait » tout simplement. Depardieu est très fort pour interpréter ce genre de rôle où il incarne un gros bêta qui s’avère être celui qui comprend tous les signes avant-coureurs d’un monde dissolu. Malgré tout, le schéma est classique puisque cet homme seul aura pour référence une femme seule, trompée par un mari un peu trop amer et vagabond.
Je n’ai rien oublié est un film sur les laissés pour compte non pas au niveau étatique mais à plus faible échelle, à l’échelle familiale, à l’échelle des cœurs. S’ajoute à cela une grande dame un peu trop absente du cinéma français. Françoise Fabian qui incarne avec brio une doyenne d’une monarchie familiale en faillite.
Comme à son habitude, elle est brillante dans ce rôle d’un cœur froid qui ne cesse de se réchauffer au fil du film.
Je n’ai rien oublié est donc une réussite où le réalisateur a très bien su s’entourer.