22 Novembre 1963 : John F. Kennedy, 35ème président des États-Unis, vient d’être assassiné à Dallas. Confrontée à la violence de son deuil, sa veuve, Jacqueline Bouvier Kennedy, First Lady admirée pour son élégance et sa culture, tente d’en surmonter le traumatisme, décidée à mettre en lumière l’héritage politique du président et à célébrer l’homme qu’il fut.
Avis de Manu
En un mois (hasard du calendrier des sorties) Pablo Larrain nous livre deux films d’une teneur totalement différente mais qui sous bien des aspects confirment un auteur en pleine émergence. Premier film « américain », après Neruda (sortie début janvier), Jackie s’avère le biopic le plus intéressant réalisé récemment, pas tout à fait le plus accessible, mais d’une subtilité peu évidente qui procure un étrange sentiment d’avoir découvert à la fois et paradoxalement, un film relativement anxiogène (la musique y contribue pour beaucoup) et étrangement très attirant.
Magnétique en effet, avant tout par le jeu inouï de Natalie Portman, tant son mimétisme, son attitude et jeu vocal sont identiques à l’ex Première dame des Etats-Unis. L’illusion semble parfaite tant le travail effectué par la comédienne, comme celui des maquilleurs, ont su jouer de leur talent. L’ensemble associé à la mise en scène de Pablo Larrain, et les séquences télévisuelles d’époque du White House tour, reprises à l’identique, sont étonnantes. Mises en parallèle du documentaire d’époque, ces séquences soulignent à quel point l’authenticité des faits importent au réalisateur (l’exact opposé de ce qu’était Neruda).
Pablo Larrain intègre dans son film tout un aspect artistique à même d’immerger au mieux le spectateur dans le « off » d’un fait majeur de l’Histoire des Etats-Unis, bien aidé par le scénario de Noah Oppenheim, l’accent est alors mis sur l’unique point de vue de Jackie Kennedy avec comme fil conducteur son interview donnée après la mort du Président. Par des effets réduits à leur minimum (raccords parfaits avec documents d’époques, choix judicieux de décors filmés), un tournage en 16mm renvoyant au grain des documents d’époque et un montage très intelligent (Sebastian Sepulveda à suivre), Jackie s’habille non seulement d’un aspect visuel très intéressant mais également, et surtout, d’une mise en scène subtile, maline et qui sait et veut prendre son temps pour coller au mieux à son histoire. Evidemment, Darren Aronofsky à la production (et un moment envisagé pour réaliser le film) n’est pas étranger à cette direction prise par la mise en scène mais Pablo Larrain met clairement sa patte cinématographique au cœur du film.
L’accent ayant été mis sur la véracité des faits, on retrouve ainsi un casting étonnant de ressemblances, comme de mimétismes, une réalisation à même de faire ressentir les vibrations d’une époque ainsi que la complexité de devoir gérer cet attentat qui a bouleversé l’Amérique. On sent alors toute la complexité et la diplomatie in et off qui a dû être mise en place à l’époque et ce à travers le portrait d’une femme, accent majeur du film, qui vient envelopper et nous narrer le décor méconnu d’un fait historique. Si Jackie ne peut forcément plaire à la majorité, film gris, froid, peu divertissant, où seul l’espoir naît des dialogues et du profil de certains personnages, il est avant tout et surtout l’écrin parfait pour Natalie Portman, évidemment nommée aux Oscars cette année.
Brillant, Jackie reste avant tout le film étendard pour une comédienne.