L’ex-petite amie du détective privé Doc Sportello surgit un beau jour, en lui racontant qu’elle est tombée amoureuse d’un promoteur immobilier milliardaire : elle craint que l’épouse de ce dernier et son amant ne conspirent tous les deux pour faire interner le milliardaire… Mais ce n’est pas si simple…
C’est la toute fin des psychédéliques années 60, et la paranoïa règne en maître. Doc sait bien que, tout comme « trip » ou « démentiel », « amour » est l’un de ces mots galvaudés à force d’être utilisés – sauf que celui-là n’attire que les ennuis.
Avis de Manu
PTA pour les intimes, (donc finalement, peu d’entre nous), Paul Thomas Anderson pour le civil. Il avait surpris le…pardon, son, public (le film n’ayant eu qu’une vraie résonnance auprès des habitués du cinéaste) avec son précédent film The Master. Brillamment exécuté sur le plan formel et dans l’interprétation (Joaquin Phoenix, et feu, Philip Seymour Hoffman) mais très perturbant par son fond.
Anderson s’offre donc un retour, toujours accompagné du troublant Joaquim Phoenix. Si on peut percevoir dans la névrose un trouble émotionnel et affectif, tout en ayant la pleine possession de ses capacités intellectuelles, alors oui, Inherent Vice est clairement un film névrosé mais également psychédélique et schizophrène. Peu avenant, il faut en convenir.
Pour apprécier son dernier film, il faut supporter les enjeux narratifs labyrinthiques, les dialogues haut perchés, tout en aimant se faire prendre par la main et ne pas vraiment comprendre où l’on va et, finalement, d’où on partait vraiment !
Dépeint dans un contexte social et historique que la fin des années 60 a marqué de sa fumée verte, Inherent Vice s’habille des voluptés du polar, du drame comme de la comédie. Le souci, c’est que dans cet amas de fumée, toutes les sensations, couleurs et effets se mélangent dans un grand n’importe quoi. Alors on appréciera, ou pas, mais l’effet est garanti. Sauf que sur près de 2h30 certains ne pourront soutenir la chute vertigineuse et l’effondrement physique, ancrés sur leur fauteuil.
Inherent Vice fait donc plus office d’expérience, voire d’épreuve pour certains, que de délectation cinématographique. En fait le constat est simple, l’œuvre originale (le roman de Thomas Pynchon) est de toutes façons bien trop complexe et, malgré l’art aérien de Paul Thomas Anderson, ce dernier n’y peut rien. Au contraire le réalisateur se (con)fond avec plaisir avec le livre qu’il tente d’adapter. Et ce n’est pas sa délicieuse mise en scène et son excellente photographie (de l’habitué du réalisateur et doué Robert Elswit) qui dépareilleront avec l’univers peint par Pynchon. Mais tout semble être présent, pour une adhésion, au moins esthétique ; jusqu’au casting, avec un Joaquim Phoenix totalement déjanté, comme souvent et le reste d’un ensemble de comédiens hallucinés comme hallucinants dans le jeu.
Il ne faudra pas pour autant chercher à voir une comédie dans ce film (B.A. qui ment un peu sur le ton pour le coup) mais pour qui aime se faire promener/balader dans un grand n’importe quoi paranoïaque et psychédélique, Inherent Vice est le film parfaitement cohérent dans la filmographie tranchée de Paul Thomas Anderson. Finalement inhérent au réalisateur, vicieux comme un auteur génial, plus perché que mégalo. Et à dose mesurée, c’est indéfinissable mais terriblement envoûtant.