A Rome, à l’aube, quand tout le monde dort, il y a un homme qui ne dort pas. Cet homme s’appelle Giulio Andreotti. Il ne dort pas, car il doit travailler, écrire des livres, mener une vie mondaine et en dernière analyse, prier. Calme, sournois, impénétrable, Andreotti est le pouvoir en Italie depuis quatre décennies. Au début des années quatre-vingt-dix, sans arrogance et sans humilité, immobile et susurrant, ambigu et rassurant, il avance inexorablement vers son septième mandat de Président du Conseil.
30ème festival du cinéma Méditerranéen – Ouverture, hors compétition
L’avis de Fabien
Prix spécial du jury au dernier festival de Cannes, Il Divo est axé sur une figure majeure de la scène politique italienne de ces cinquante dernières années : Giulio Andreotti. Celui qui a été surnommé entre autres le Sphinx ou le Pape noir a été membre du parti de la Démocratie chrétienne, sept fois Président du Conseil, vingt-cinq fois ministre, nommé sénateur à vie en 1991.
Avec une mise en scène très stylisée et percutante, Paolo Sorrentino dresse avec férocité et humour le portrait de ce personnage politique inoxydable qui a défié toutes les tempêtes juridiques, les accusations de corruption et de meurtre sans se soucier de questions éthiques et sans se départir d’un flegme et d’une constance glaçantes. De même la figure d’Andreotti incarne, par cette immunité scandaleuse et universelle, la collusion de l’Etat avec la religion et le crime.