Lorsque vous prenez le métro le matin, n’avez-vous jamais l’impression de croiser des êtres étranges aux physiques bien singuliers ? Sommes nous vraiment la seule espèce humaine sur Terre, la seule espèce a avoir survécu à des millions d’années d’évolution ?
Le professeur Schneider et son fils partent dans le Lötschental dans les Alpes suisses enquêter sur une découverte scientifique qui pourrait remettre en question toute la filiation de l’espèce humaine. Ils sont accompagnés d’une jeune paléontologue, chouchoute du professeur.
Une famille de touristes (Gildas, sa fille et sa nouvelle femme), venus voir le carnaval du Lötschental et ses fameux Tchagattas, se retrouvent par hasard avec eux.
Le voyage prendra une tournure inattendue..
Sortie en salle le 22 avril.
Avis LeStein :
Dans le paysage cinématographique français ou devrais-je dire européen puisque nous avons une production franco-suisse-luxembourgeoise, Humains est un film atypique. Ce n’est ni un film spécifiquement de genre, ni un film grand public. Il contient les éléments des deux pour en faire un mélange donnant un film « grand genre » ou « film de public »! Soit vous prenez l’histoire comme elle vient sans vraiment pousser la réflexion soit vous pouvez partir dans des théories plus ou moins réalistes.
Humains porte parfaitement son titre. La rencontre avec ce film est brutale, barbare à l’image, comme souvent, de nos rapports entre humains, civilisations ou espèces. Nous sommes, très rapidement, mis dans le vif du sujet ce qui est déconcertant. Et c’est là que tout se joue car si vous accrochez aux premiers plans, vous ne verrez pas le temps passer. Si au contraire, vous n’adhérez pas, dès lors le film deviendra un pur calvaire. D’une part vous passerez à côté d’un film qui est humain, sans grande prétention, qui a pour but de vous livrer une histoire imaginée et d’autre part vous gâcherez la projection à ceux qui sont à fond dans le film. Les remarques, les réflexions du genre « c’est nul », pas crédible » fuserons…Bref, pour le bien de tous, regardez puis donnez votre avis et peut-être il vous fera réfléchir.
Le mystérieux professeur Schneider (Philippe Nahon) embrigade son équipe de paléontologues dans les méandres montagneux de la Suisse afin de rassembler de nouveaux éléments qui pourraient révolutionner le monde scientifique et surtout l’histoire de l’évolution de l’espèce humaine. L’expédition est composée de deux personnes, à savoir son propre fils, Thomas (Lorànt Deutsch) et sa stagiaire efficace, Nadia (Sara Forestier), qui s’avère être aussi l’ex-petite amie de ce dernier. Entre mystère du père, mensonges, manipulations et rancunes des deux tourtereaux, nous avons les bases pour une parfaite réussite de l’expédition, ce qui sera prouvé tout au long du film.
En route, Nadia fait la connaissance d’une famille modèle de notre société actuelle. Gildas (Dominique Pinon) tente tant bien que mal de nouer des liens entre son adolescente de fille, Elodie, et sa nouvelle compagne, Patricia, qui ne semble pas vraiment être appréciée par la jeune. Gildas est donc coincé entre les deux femmes qui mettent à mal son autorité d’homme et de père. Je vous disais, une famille modèle de notre société : une famille éclatée. Si la rencontre se fait naturellement, Elodie, curieuse, cherche à savoir de quoi parle le livre de bord de Nadia qui parle de légendes morbides. Ce n’est pas très rassurant tout ça. Je n’ai jamais eu de scientifique, face à moi, étudiant les derniers rapports indéchiffrables sur l’évolution de l’espèce animale. J’ai assisté, une fois lors d’un voyage, à une discussion entre un pasteur très curieux qui avait entendu une conversation téléphonique d’un autre passager ayant rencontré l’ange de sa vie que Dieu venait de mettre sur sa route ce qui a émoustillé notre pasteur tranquille, même face à une question du genre : Comment le Saint Esprit rentre en relation avec vous? Mais nous nous égarons!
Par de mystérieuses circonstances, tout ce beau monde se retrouve ensemble et vont avoir un accident ensemble. Du fond de leur ravin, perdu dans une forêt inconnue, nous sommes invités mais contraints comme les protagonistes à suivre le côté fantastique et imaginaire du film.
Le film de genre s’empare d’Humains …
Nous pouvons le voir comme un blockbuster où il faut juste suivre les héros dans leurs aventures. Nous avons-là un style spielbergien. Humains nous propose une équipe luttant pour sa propre survie contre une chose mystérieuse. Les dents de la mer n’est guerre plus poussé : une équipe de scientifique combat un requin qui a mystérieusement décidé de s’attaquer aux hommes. Le ton est donné, c’est une histoire de survie avec des bons et des méchants, des perdus, des meneurs qui semblent être résistants mais sans plus. Le tout est de s’en sortir vivant.
Nous ne sommes pas dans un monde parfait où tout le monde vie en paix et quelque soit la finalité de l’histoire, tout le monde y trouve son compte. L’évolution tend vers zéro à l’image du parcours des personnages et des dialogues. Plus le film avance plus nous suivons un recul de l’homme vers l’animal. Les scientifiques, par le biais de Thomas et Nadia, tentent d’avoir un raisonnement rationnel. Ils en arrivent, au final, au même point que notre famille modèle, qu’il faut tuer pour survivre. Il y a une grande ressemblance avec La colline a des yeux version Wes Craven. En fait, Humains c’est une vague ressemblance de beaucoup de films. Les références y sont nombreuses, et souvent pas vraiment voulus, mais pas des moindres : les plans généraux à la Kubrick et son Shining où nous suivons une voiture, vue du ciel, rouler sur une voie sinueuse en pleine forêt ainsi que les plans de la nature plus particulièrement des montagnes qui semblent cacher un terrible secret et je ne parle pas de cette sensation oppréssante que délivre le milieu natruel comme Shining. Les situations à la M. Night Shyamalan vus dans Le Village où l’on se sent traqué sans répit ou comme dans Le roi de la montagne (El Rey de la Montana) réalisé par Gonzalo Lopez-Gallego. Humains prend aussi et surtout, de ses ressemblances, l’univers sonore. La forêt et la nuit lance des appels effrayants, rappelant l’animal. A noter, que cette oppression se passe aussi de journée ce qui est assez rare!
Les jeunes réalisateurs ont visiblement travaillé par couche, cherchant à livrer un réalisme certain surtout au niveau du caractère des personnages. Philippe Nahon, en professeur-paléontologue ressemble à un docteur Frankenstein, tout est bon pour arriver à ses fins. Lorànt Deutsch fait preuve de maturité bien que ce soit assez étrange de le retrouver dans un film comme celui-ci, lui évoluant dans le registre comique. Sara Forestier arrive à faire vivre son personnage de scientifique un peu perdu face à tant de brutalité. La présence de Dominique Pinon donne le cachet au film. Son personnage de père à l’autorité discutée est exceptionnel. Il faut le voir dire à sa fille : « On ne dit pas putain, bordel », alors qu’elle vient de le dire (il va de soi) et pour lâcher, tout naturellement, un grand « merde » de rage quand il voit que le klaxon de la voiture ne fonctionne plus. Le tout dans la même scène. Son personnage suit l’aventure de près car plus on avance dans le mystère plus il devient fou surtout qu’il n’est pas épargné niveau événement.
Dans une pause version Les rivières pourpres où l’on nous donne quelques éléments pour que l’on puisse accrocher à la suite de l’histoire, se livre également un duel de classes : en gros plan, le regard dans le vide (un regard caméra aurait changé l’intonation de la réplique), alors que nos scientifiques font des messes basses et s’en vont, Gildas lâche : « Allez-y, surtout ne nous expliquez pas, on est trop con! », une nouvelle couche sur les différences sociales…
Si Humains part sur de bonnes bases pour le travail d’écriture tant bien au niveau de l’histoire qu’au niveau des personnages, son traitement n’est pas encore parfait. Ce premier film de Pierre-Olivier Thévenin et de Jacques-Olivier Molon, pêche sur le plan de la construction générale du film. Nous voyons bien que les deux réalisateurs veulent toucher un maximum de spectateurs. Il y a de grandes chances pour que le film soit considéré comme une série B au montage un peu spécial délivrant des éléments au mauvais moment discréditant parfois les acteurs qui réussissent à nous retranscrire les peurs éprouvées.
Humains est un film noir où rien n’est beau, tout peut être mensonge. Le professeur en utilise bien un pour monter son équipe, les protagonistes découvre peu à peu des facettes cachées de leur entourage (comme Gildas qui découvre que Patricia fume de l’herbe), par le biais de la jeunesse car la jeunesse ne sait pas mentir (enfin presque). Le mystère se découvre peu à peu pour éclater dans un final d’une brutalité totale dans une confusion bien humaine révélant quelque chose de plus énorme qu’il n’y paraît.