Test Blu-ray par Quentin :
C’est dans le catalogue de ESC distribution que nous irons piocher, sortir de terre un monument du cinéma d’horreur avec la remasterisation des trois premiers Hellraiser chez nos amis de ESC. Une saga bien connue des fans du cinéma de genre, qui cependant au fil des années n’a cessé de sombrer dans l’oubli au grand dam des nouvelles générati[signoff1]ons. Hellraiser disparaissant dans l’ombre de ses partenaires de décennie blockbusterisés tels que Vendredi 13, Freddy, Halloween ou encore Chucky.
Quelle joie donc à l’annonce de ESC distribution de ramener cette licence charnière sur le sol français dans des conditions optimales. Après une réédition fantastique de la saga Phantasm, l’an dernier, nous avions hâte de découvrir ce coffret pour le moins fourni de la légende Hellraiser.
Notre article se découpera en quatre parties distinctes :
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La critique de Hellraiser I
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La critique de Hellraiser II : Les écorchés
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La critique de Hellraiser III
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L’analyse des caractéristiques du coffret Blu-ray comprenant la critique du documentaire Léviathan.
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La critique de Hellraiser I : Le Pacte de Clive Barker
En 1986, Clive Barker, maître de l’horreur moderne sous toutes ses formes, roman, cinéma, bande dessinée, conçoit une nouvelle œuvre, un nouveau monde, une nouvelle mythologie, à travers son roman The Hellbound Heart.
L’année suivante, en 1987, il prend la décision de porter cette histoire dans les salles obscures afin de faire découvrir au plus grand nombre la créature nichant dans ses fantasmes, son imaginaire.
Hellraiser : Le Pacte, nous prend alors totalement au dépourvu en posant de nouvelles bases, de nouvelles réflexions au sein d’un cinéma d’horreur croulant sous les slashers (Chucky, Halloween ou encore Freddy). Barker nous impose une nouvelle figure de proue du cinéma de genre un nouveau personnage charismatique avec Pinhead et ses sbires : les cénobites.
Et c’est là le point fort de l’œuvre.
Tout d’abord, le rythme du film ne nous propulse pas dans l’univers, imaginé par Barker, de manière immédiate. Nous assistons à un changement progressif d’un quotidien ordinaire vers l’horreur la plus totale. Nous suivons les aventures de Franck, un homme avide d’expériences à la fois sexuelles et occultes s’échappant d’un monde où la souffrance devient synonyme de plaisir.
Les révélations sur cet univers se font de manière si pointilleuse et millimétrée que nous nous retrouvons à en demander toujours plus. Comme si ce voyage empli de tourments allait nous ouvrir les portes du plaisir le plus profond pour tout aficionados du cinéma d’horreur : le frisson, la peur.
Le film installe son propos au sein d’une famille qui semble ne rien avoir à se reprocher, qui cependant, une fois passé le palier de la maison, se trouve être rongé par le chagrin, le mensonge, la rancune, la jalousie, la haine. Clive Barker instaure un sous-texte biblique à son œuvre de terreur. Il fait s’inviter la déviance, la démence au cœur de cette famille en jouant sur les différents concepts que sont l’orgueil, la gourmandise, la luxure, la colère ou bien encore l’envie.
Le rythme lent et progressif du film lui donne un effet Maelstrom, une danse sans fin, un tourbillon qui emporte tout sur son passage au cœur d’une sinistre poésie. Le long-métrage est composé à la manière d’un crescendo. Chaque plan allant de plus en plus vers l’acceptation de l’abject jusqu’à l’apparition de Pinhead et de ses sbires : les cénobites, laissant le film se terminer dans le chaos le plus total.
La bande son réalisée, par Christopher Young, invite le spectateur à ne plus être seulement voyeur de ce spectacle macabre mais acteur mystique.
Clive Barker nous livre avec ce premier opus une véritable fable du cinéma d’horreur, une vision, une idée nouvelle de ce que devra désormais être la terreur sur grand écran.
Un chef d’oeuvre SM, baroque et macabre du cinéma de genre.
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Hellraiser II : Les écorchés
L’année suivante, en 1988, face au succès retentissant du premier volet, une suite est immédiatement mise en chantier. On y retrouve une grande partie du casting des premières aventures cénobites.
Le poste de compositeur est toujours occupé par Christopher Young alors que le maître d’œuvre, Clive Barker, commence à quitter le navire de sa propre création. Il n’est ici ni réalisateur, ni scénariste. Il remplit seulement le rôle de producteur.
Il s’agit d’une suite directe décidant d’explorer le mythe des cénobites ainsi que l’antichambre du plaisir au travers de l’affliction: le Léviathan.
Le long-métrage change totalement de ton, laissant le suspense et la tension à la crasse et la débauche.
Désormais, Pinhead et ses confrères tout de cuir vêtu ne viendront pas nous rendre visite dans notre monde. Il s’agit bien du contraire, nous allons enfin découvrir d’où s’est échappé l’oncle Franck, cet endroit si redouté, où ne règne que sévices et résignations.
Tout d’abord, nous ne pouvons que rester bouche bée face à cet univers qui s’ouvre à nous, ainsi qu’à l’absence d’images de synthèse. Ce côté « fait main » apporté par les décors est une vraie plu-valu pour le film.
Cependant, malgré toute l’envie que le spectateur pourrait éprouver à vouloir découvrir la demeure de notre bourreau préféré et de ses espaces de jeux, le film est à plusieurs reprises confus, indigeste.
A trop vouloir nous en donner à voir, le film en devient trop dense et difficile de lecture.
C’est regrettable car l’œuvre semble regorger de détails, de symboles, tous plus passionnants les uns que les autres.
Le purgatoire servant de terrain d’amusement pour Pinhead aurait pu être traité de manière beaucoup moins surréaliste.
Cette approche le desservant totalement de sa volonté première étant de venir chercher le spectateur et le plonger au cœur de la terreur
Cependant on ne peut pas rester insensible face à toute cette bonne volonté de créer un mythe, une légende autour de nouvelles références. Seulement aurait-il fallu prendre plus de temps ? Un temps consacré à mieux installer les bases de toutes ces nouvelles références ?
Pour les plus téméraires, il ne faudra pas passer à côté du documentaire Léviathan, disponible dans le coffret Hellraiser, ainsi qu’individuellement, revenant sur les nombreuses clés de lecture de cette œuvre singulière. Le documentaire étant d’autant plus percutant pour ce second volet d’Hellraiser qui ouvre un véritable champ de possibilités faisant parfois penser aux premières heures de Lynch.
Hellraiser II : Les écorchés, reste néanmoins, une petite réussite, un OVNI du cinéma de genre nous montrant que l’imaginaire peut parfois être étendu, et que tout est encore possible, la création dans l’horreur n’a pas de limite. Nous pouvons remercier ce second volet de nous le rappeler. Espérons seulement que les nouvelles générations de réalisateurs s’en rappelleront !
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Hellraiser III
Hellraiser III sorti en 1992, coupe net avec les deux précédents films. On ne retrouve qu’un personnage commun au diptyque originel.
Il est certainement l’opus le moins complexe de la trilogie, ainsi que le moins travaillé en rebondissements scénaristiques.
La quasi-totalité de la mythologie mise en place par le second épisode est balayée au profit d’une action plus directe, d’un rythme de mise en scène beaucoup plus proche d’un slasher mystique plutôt que d’une épouvante gore sado-machiste.
C’est ici tout le paradoxe du film. Il sacrifice le côté atmosphérique des premiers films pour nous offrir un film bourré de crimes, d’hémoglobine, d’humour mais avant tout d’action non stop.
On retrouve les codes qui ont fait le succès du cinéma d’horreur des années 90.
L’humour est de rigueur et comment pouvons-nous les en blâmer, les suites des grandes licences ont déjà vécu cette transformation qui leur a apporté une intronisation auprès du grand public, avec Freddy, Chucky ou encore les premiers films de Peter Jackson.
Cependant, Hellraiser est elle une saga pouvant prétendre à s’engager dans un virage humoristique ?
Voici toute la difficulté dans laquelle nous met le film, à la fois rafraîchissant et facile d’accès, nous nous retrouvons devant un carnaval de tous les excès allant jusqu’aux cénobites cracheur de compact discs. L’humour parfois trop lourd du métrage de Anthony Hickox lui porte préjudice emmenant la saga du statut de référence du cinéma de genre jusqu’aux confins du bis de mauvais goût.
Alors oubliez tout ce que vous avez pu apprendre lors des deux premières œuvres, posez vos pieds sur la table, sortez le popcorn et acceptez le grotesque. Il s’agit de l’unique porte de sortie honorable pour ce Hellraiser III, lui permettant de partir avec les honneurs et le plaisir coupable d’avoir participé à une des plus grandes mascarades horrifiques des trente dernières années.
Un petit plaisir coupable de mauvais goût, profitez bien !
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L’analyse du coffret Bluray
Image :
Hellraiser : Le Pacte bénéficie d’une très belle restauration faisant oublier les affres de sorties DVD antérieures avec un nouveau master 2k de qualité. Ce master rend hommage à la profondeur et la finesse de l’imagerie Clive Barker. La colorimétrie fait également un bon en avant faisant oublier le film terne que beaucoup avaient pu découvrir en vidéo par le passé. Reste néanmoins un grain présent qui pourra plaire à certains comme gêner d’autres.
Hellraiser : Le Pacte a une nouvelle jeunesse pour notre plus grand bonheur. Il s’agit certainement de la plus grande réussite de ce coffret réunissant la trilogie culte.
Note image Hellraiser Le Pacte : 4,5/5
Hellraiser II : Les écorchés, offre une restauration 2k inédite sur le territoire français. Quel plaisir de découvrir la version intégrale de ce second volet dans de telles conditions techniques. A l’exception de certaines scènes supplémentaires pour bénéficier de la version longue qui n’ont, quant à elle, pas pu être restaurées.
Néanmoins, ce second film se fait voler la vedette niveau restauration par son aîné.
Le grain est plus présent que sur le master de Hellraiser : Le Pacte et la luminosité n’est pas uniforme sur la totalité du visionnage.
Cependant Hellraiser II : Les écorchés, chez ESC a tout des très bonnes restaurations en blu-ray actuelles. Chapeau bas !
Note image Hellraiser II : Les écorchés : 4/5
Hellraiser III, quant à lui est un peu le vilain petit canard du coffret. L’image y est ici la meilleure que nous ayons pu accueillir sur le sol français, mais également la meilleure disponible à ce jour.
Cependant, la luminosité n’y est pas assez mise en avant, ce qui empêche parfois une fine définition des détails pouvant apparaître à l’écran.
Mais ne gâchons pas notre plaisir car cette édition blu-ray honnête sera certainement la meilleure que vous pourrez dégoter durant la prochaine décennie.
Note image Hellraiser III : 3/5
Son :
ESC distribution nous propose des pistes 5.1 DTS HD Master Audio pour les deux premiers Hellraiser pour le moins réussie. La spatialisation y est de bonne facture.
Nous pourrons cependant noter la présence d’un grain sur certaines séquences tout autant sur Hellraiser I et II.
Le premier film affirme encore sa domination qualitative sur les voix et une meilleure utilisation de l’enceinte centrale.
Note Son Hellraiser : Le Pacte : 4/5
Note Son Hellraiser II : 3,5/5
En ce qui concerne la sonorisation proposée pour le troisième volet, nous ne pouvons bénéficier que d’une piste DTS HD Master Audio Stereo. Ce format apportant alors beaucoup moins de profondeur au film.
Le visionnage de ce coffret s’étant échelonné en une journée pour les trois films, nous pouvons ressentir une vraie baisse qualitative dans le traitement son et image de ce troisième film qui reste néanmoins honorable.
Note Son Hellraiser III : 2,5/5
Les suppléments :
Le coffret proposé par ESC Distribution est une véritable mine d’or en bonus et suppléments.
Tout d’abord, ils nous présentent des bonus assez fournis sur chacun des bluray.
On pourra ainsi trouver des documents passionnants tel que le commentaire audio de Clive Barker sur le premier Hellraiser, des interviews de l’équipe du film ainsi que des acteurs permettant de replacer et comprendre cette saga culte.
Voici l’intégralité des suppléments présentés sur chaque blu-rays de ce coffret, accrochez vous ce n’est que l’amuse-bouche :
Les suppléments de Hellraiser : Le Pacte :
Entretien croisé autour de Hellraiser – Le Pacte avec Thomas Aïdan et Julien Maury (réalisateur de A l’intérieur) (16 min)
Hellraiser : Resurrection (24 min)
- Ashley Laurence : une actrice en enfer (12 min)
- Andrew Robinson : M. Cotton, je présume ? (16 min)
- Christopher Young : un compositeur d’enfer (19 min)
- Interviews d’époque de l’équipe du film (9 min)
- Commentaire audio de Clive Barker (sous-titré français)
- Interview de l’acteur Andrew Robinson : Mr Cotton I presume (2MN)
- Interview de l’actrice Clare Higgins (2 MN)
- Making-of (5 MN)
- Trailer TV – TV Spot – Clips (17 MN)
Les suppléments de Hellraiser II : Les écorchés :
- Entretien croisé autour de Hellraiser II – Les Écorchés avec Guy Astic et Thomas Aïdan (20 min)
- Hellraiser II : Les Écorchés – perdus dans le labyrinthe (17 min)
- Kenneth Cranham : le docteur est là (13 min)
- Les Cénobites : la patrouille des damnés (22 min)
- Interview du réalisateur Tony Randel (14 min)
- Interviews et documents promotionnels d’époque (31 min)
- Commentaire audio de Tony Randel (réalisateur) et Peter Atkins (scénariste) sous-titré français
Les suppléments de Hellraiser 3 :
- Entretien autour de Hellraiser III par Guy Astic (17 min)
- Clive Baker : le pouvoir de l’imaginaire, l’imaginaire au pouvoir (24 min)
- Interviews et documents promotionnels d’époque (30 min)
Mais au-delà de cette quantité et qualité pharaonique de suppléments, néanmoins plus timide sur le blu ray de Hellraiser 3, ESC distribution nous invite à la découverte du documentaire Léviathan avec un quatrième blu-ray dans son imposante édition d’Hellraiser.
Léviathan :
Ce documentaire revient sur la création des deux premiers opus de la saga Hellraiser, elle recoupe une vingtaine de témoignages avec la présence des réalisateurs, des acteurs, des techniciens ou bien même du producteur.
Un documentaire permettant de mieux cerner cet univers gothique complexe, pouvant être soumis à de nombreuses interprétations.
Un document à la fois fascinant et excitant. Tout y est abordé avec une approche minutieuse et précise. Après un visionnage de cet ordre, Hellraiser n’aura plus de secrets pour vous.
A moins, que le dernier gardien des secrets, de cette boîte mystérieuse ne soit Clive Barker, lui-même, n’apparaissant pas sur le documentaire à notre grande tristesse.
La présence d’un tel document de plus de 3h30 est tout simplement exceptionnelle et il s’agira alors de saluer le travail qui a été mis en place par ESC distribution pour nous servir une telle édition sur le sol français.
Les suppléments du documentaire Léviathan :
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Le Maître des jouets : dans la boîte avec Simon Sayce (13 min)
Léviathan nous propose également un court retour d’une trentaine de minutes sur le troisième volet de la saga, permettant à la fois de comprendre, excuser , le film mais également de revenir sur les conditions de sa création.
Pour conclure ESC distribution a frappé un grand coup avec cette édition remasterisée de la trilogie la plus originale et inventive du cinéma d’horreur. Une édition historique pour un triptyque qui l’est tout autant.